Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
V

Violette VERDY, [GUILLERM Nelly, dite ] (née en 1933). (suite)

Enfant prodige, elle se fait remarquer dès 1945 auprès de Petit qui lui confie en 1953 le rôle de la Fiancée dans le *Loup. Plus connue aux États-Unis qu'en Europe, elle incarne aux yeux des américains la danseuse typiquement française. Son charme piquant, sa vivacité et sa musicalité séduisent G. *Balanchine, qui crée à son attention Tchaïkovski-Pas de deux (1960), la Source (1968) et Sonatine (1975). Elle danse tout le répertoire du chorégraphe, participant à la création d'Episode (1959), Liebeslieder Waltzer (1960), A Midsummer Night's Dream (1962), *Jewels (1967) et *Pulcinella (1972). Elle fait aussi prévaloir son style précis et délicat dans les ballets de J. *Robbins (*Dances at a Gathering, 1969 ;*In the Night, 1970 ; A Beethoven Pas de Deux, 1973).

NL, GP

Bibliographie. V. Huckenpahler, Ballerina : A Biography of Violette Verdy, éditeur, New York, 1978.

Konstanze VERNON, [ndn Herzfeld K. ] (née en 1939).

Danseuse, pédagogue et directrice de ballet allemande.

Elle étudie avec T. *Gsovska et rejoint l'Opéra de *Berlin Ouest en 1954, où elle devient soliste en 1956. Elle est ensuite première soliste à l'Opéra de *Munich (1963-1981), où elle connaît un grand succès avec son partenaire Heinz Bosl dans les grands classiques comme *Giselle ou dans *Onéguine de J. *Cranko, et sait convaincre en interprétant des œuvres modernes telles que Die *Folterungen der Beatrice Cenci de G. *Bohner. En 1978, elle crée la fondation Heinz-Bosl, où elle se révèle excellente pédagogue. Elle prend ensuite la direction du ballet de l'Opéra de Munich (1989-1998), qu'elle parvient à hisser au meilleur rang, dans les répertoires tant classique que moderne et contemporain.

BvJ

docteur Louis-Désiré VERON (1798-1867) .

Directeur de l'Opéra de *Paris de 1831 à 1835.

Médecin peu passionné par son métier, il commence sa fortune en 1826 lorsqu'il s'associe de manière très féconde avec un pharmacien : il conçoit pour ses produits des publicités dont Balzac s'inspire pour son roman César Birotteau (1838). Apprécié et appuyé par les milieux intellectuels depuis qu'il a fondé la Revue de Paris en 1829, doté d'un sens précoce des réalités économiques et de l'utilisation de la presse à des fins de promotion, il devient un efficace gestionnaire privé de l'Opéra de Paris, car il a compris que la société a changé et qu'il faut adapter le théâtre à la bourgeoisie triomphante. Il redore la salle et, ayant jugé de tout l'intérêt que représente une troupe de jolies filles, il rajeunit le corps de ballet qu'il confie à Ph. *Taglioni et J. *Coralli. Le hasard des projets le sert : *Robert le Diable (1831) puis la *Sylphide (1832) sont des succès. Pendant quatre ans, il emploie la stratégie du Boulevard, pratique le culte de l'événement et le « star system » en invitant des ballerines étrangères à prix d'or, M. *Taglioni, F. *Elssler. Sous sa direction, l'Opéra de Paris connaît une de ses périodes les plus brillantes.

SJM

Bibliographie. L.-D. Véron, Mémoires d'un bourgeois de Paris, 1854.

François VERRET (né en 1955).

Danseur et chorégraphe français.

Architecte de formation, il découvre la danse en 1975 avec K. *Saporta chez qui il est aussi interprète. Il poursuit sa formation auprès de S. *Buirge et J. *Patarozzi, tout en commençant ses recherches avec divers partenaires. Après avoir rejoint un an H. *Yano et E. *Wolliaston, il fonde son propre groupe en 1979. Primé à Bagnolet en 1980, il prend très vite ses distances avec les circuits institutionnels de productions et de diffusion pour développer, en marge, des collaborations avec divers artistes : comédiens (Daniel Emilfork, Daniel Koenigsberg, Alain Rigout), musiciens (G. *Tazartes, Fred Frith, J.-P. *Drouet), danseurs (B. *Montet, Anne Koren, J.-Ch. *Paré, F. *Lattuada, Marco Berrettini, M. *Monnier), plasticiens (S. *Goury, Claudine Brahem), éclairagistes (R. *Nicolas). En 1994, il s'installe dans la banlieue parisienne et ouvre son propre lieu, Les Laboratoires d'Aubervilliers.

Attaché à l'idée de « chorégraphier le réel », il privilégie l'expérimentation, le processus, les parcours, plutôt que la représentation. Très tôt ses créations mettent à mal la société du spectacle (la Chute de la maison de carton, 1986) ; certaines sont issues d'ateliers menés dans les prisons (le Vent de sa course, 1991) ou les quartiers défavorisés (Où commencer ?, 1992) ; Nous sommes des vaincus (1994) résulte de son engagement pour Sarajevo. Il explore la valeur du travail et la mémoire dans Memento (1997), l'énigme humaine dans Rapport pour une académie (1996) et *Kaspar Konzert (1998). Si son travail interroge l'espace public et témoigne d'un fort souci éthique, sa poétique proche de l'univers de Kafka, le porte à concevoir des spectacles aux rouages complexes où corps et machines sont la proie des plus grands dérèglements. Métaphoriques, insolites, ses pièces jouent sur le fil de la dérision et réinterrogent la relation au public.

IF

Autres chorégraphies. *Tabula rasa (1980) ; In illo tempore (1981, *GRCOP) ; Fin de parcours (1982) ; la Latérale de Charlie (1983, *CNDC) ; Illusions comiques (1985) ; La (1986, *GRCOP) ; Det Kommer, Det Kommer (1987, *Ballet Cullberg) ; Quel est le secret ? (1987) ; l'Horloge en folie (1988) ; L et eux la nuit (1988) ; Faustus (1990).
Filmographie. Censures (1992) ; Le Fresnoy (1992) ; Quartier nord (1993).

Gianni Versace (1946-1997).

Couturier et costumier italien.

Il se fait connaître en tant que styliste en 1972 et crée ses premiers costumes à la *Scala pour la Légende de *Joseph (1982, chor. J. *Russillo) puis Lieb und Leid (1983, chor. Russillo). Son style associant élégance raffinée et agressivité, surtout basé sur la transgression des conventions de l'habillement masculin, séduit M. *Béjart qui le sollicite pour la création des costumes de plusieurs de ses ballets dont Dionysos (1984), Malraux ou la Métamorphose des dieux (1986), Souvenir de Leningrad (1987), Chaka (1989), la Mort subite (1991). Il enregistre avec sensibilité certaines caractéristiques de l'imaginaire de la fin du XXe siècle dominé par les mass médias : violence, rapidité, sadisme sont convertis en un style visant à idéaliser la jeunesse dans sa vigueur physique et sa masculinité, vision qui ouvre naturellement sur une collaboration avec W. *Forsythe en 1991 pour Hermann Schermann et Snap Woven Effort.