Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
D

Pierre DROULERS (né en 1951 ).

Danseur et chorégraphe franco-belge.

Issu de la première génération de *Mudra, il complète son apprentissage auprès du metteur en scène polonais Jerzy Grotowski, puis à New York, où sa rencontre avec S. *Paxton se révèle décisive.

De retour à Bruxelles, il crée Désert (1976), pièce qui mêle danseurs et acteurs non professionnels, improvise avec le musicien S. *Lacy (Hedges, 1979), travaille avec Sherryl Sutton, actrice de B. *Wilson, s'affirmant comme pionnier d'une nouvelle danse ouverte aux expérimentations, au sein d'une scène belge dominée par les ballets de M. *Béjart.

Il interprète deux pièces de M. A. *De Mey (Face à face) et d'A.-T. *De Keersmaeker (*Ottone, Ottone), avant de revenir à la chorégraphie, dans des spectacles où un humour fin le dispute à un travail plus plastique sur la transformation de l'espace (De l'air et du vent, 1997). Sans s'être jamais enfermé dans un style, il trouve d'une pièce à l'autre, autour d'un rigoureux travail de compagnie, de singulières articulations qui composent des flux dynamiques.

JMA

Autres chorégraphies. Dispersion (1977) ; Tips (1981) ; la Jetée (1983) ; Midi-minuit (1985) ; Comme si on était leurs petits poucets (1991) ; Jamais de l'abîme (1993) ; Mountain/Fountain (1995) ; Multum in parvo (1998).

Conrad DRZEWIECKI (né en 1926).

Danseur, chorégraphe, pédagogue et directeur de compagnie polonais.

Il se forme notamment auprès de L. *Woïtzikowski et fait ses débuts à Cracovie en 1946. Engagé au ballet de l'Opéra de Poznán en 1947, il fera l'essentiel de sa carrière d'abord comme danseur (1950-1956) puis comme chorégraphe et directeur de la compagnie (1963-1973). Entre-temps, il danse au *San Carlo (1956-1957), puis dans différentes compagnies en France (1958-1963) tout en se perfectionnant auprès de L. *Egorova, S. *Peretti, V. *Gsovski et J. *Andrews. En 1973, il fonde à Poznán le Théâtre polonais de la danse qu'il dirige. Pédagogue confirmé, il enseigne à l'École d'État de Poznán ainsi qu'à l'étranger, notamment à la *Juilliard School en 1972. Il chorégraphie pour de nombreuses compagnies dont le Ballet national des *Pays-Bas, l'Opéra de *Berlin, la *Scala et le Théâtre national de *Prague.

Interprète de *caractère talentueux, particulièrement dans les rôles grotesques, durant son séjour en France il danse notamment des œuvres de D. *Lichine, W. *Dollar, S. *Lifar, G. *Skibine, R. *Petit, abordant ainsi différents styles qu'il contribuera en tant que chorégraphe à introduire en Pologne.

PLM

Chorégraphies. La *Valse (1964) ; Rhapsody in blue (1964) ; Tempus Jazz '67 (1967) ; Sonate pour deux pianos et percussions (1972, mus. *Bartók) ; les *Biches (1973) ; Épitaphe pour Don Juan (1980) ; Chants immémoriaux (1982).

Nacho DUATO (né en 1957).

Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie espagnol.

Il suit une formation tardive et éclectique à la *Rambert School, à *Mudra et à New York, où il est l'élève de L. *Falco et de l'Alvin *Ailey American Dance Center. Engagé à vingt-trois ans au *Ballet Cullberg, il est remarqué par J. *Kylián. Celui-ci le fait venir un an plus tard au *Nederlands Dans Theater, où il danse dans de nombreuses créations, dont Histoire du soldat (1986), et développe sa sensibilité pudique, son extrême musicalité, son intense rayonnement qui sont distingués en 1987 par le Gouden Dansprij [Prix d'or de la danse]. Ouvert à l'école *classique comme aux recherches et préoccupations contemporaines, épris avant tout de mouvement fluide, de libre parcours, recherchant l'âme plutôt que la cérébralité, Duato fait ses débuts de chorégraphe en 1983 avec Jardi Tancat (1erprix du Concours de *Cologne), bientôt suivi d'une douzaine d'œuvres, dont Arenal (1988), réglées pour le Nederlands Dans Theater, où il devient chorégraphe résident auprès de Kylián et H. *Van Manen en 1988. Ses ballets entrent au répertoire du Ballet Cullberg, du Ballet de *Francfort, du Ballet *Gulbenkian, des *Grands Ballets canadiens. En 1990, il se voit confier la direction artistique de la Compagnie nationale de danse d'*Espagne, auquel il va vite conférer une identité stylistique latine alliant maîtrise et créativité. À partir de ses bases classiques, il s'ouvre d'une part au folklore espagnol, de l'autre aux courants contemporains, et il exalte de façon originale l'expression gestuelle dans des œuvres puissantes telles Duende (1991) ou Self (1997), usant d'une langue fluide, exigeante, empreinte d'humanisme, de spiritualité.

MFC

Autres chorégraphies. Converge (1985) ; Dreams of Ether (1986) ; Rassemblement (1990) ; Coming Together (1991) ; Mediterrania (1992) ; Ecos (1994) ; Roméo et Juliette (1998).

Odile DUBOC (née en 1941).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue française.

Elle étudie la danse classique dès l'enfance à Aix-en-Provence, puis s'oriente vers le modern *jazz. En 1974, elle ouvre dans cette ville une école qui devient par la suite les Ateliers de la danse. En 1983, elle fonde avec F. *Michel la compagnie Contre-jour, basée à Paris. Depuis 1990, elle codirige avec celle-ci le *CCN de Belfort.

La période aixoise constitue pour O. Duboc une période de gestation. Au fil des rencontres et de ses recherches personnelles, son style s'éloigne du modern jazz et prend une orientation clairement contemporaine. Elle explore attentivement l'univers de la rue et de la ville, où elle trouve les ruptures d'espace, les atmosphères sonores et les situations insolites qui, au-delà d'une série d'événements chorégraphiques qu'elle crée en extérieur, vont nourrir l'ensemble de son travail. Émaillant ses chorégraphies de gestes *quotidiens, elle développe une danse basée sur une « *musicalité intérieure » qui se refuse au spectaculaire de la performance et s'attache à décentraliser l'espace par des combinaisons complexes qui démultiplient les points de vue - recherche particulièrement aboutie dans *Insurrection (1989). Avec la complicité constante de Michel, qui signe les lumières de toutes ses pièces, elle aborde, depuis 1990, des dispositifs scénographiques plus complexes, tels Projet de la matière (1994, scén. Yves Le Jeune, cost. D. *Fabrègue), véritable confrontation chorégraphique entre les corps et les matériaux, ou Comédie (1998, scén. Le Jeune, cost. Fabrègue), hommage subtil et enjoué à l'univers de la *comédie musicale. Associant constamment l'enseignement à son travail de création, elle propose une approche de l'espace qui n'est pas sans évoquer celle de M. *Cunningham, de même que sa recherche d'une fluidité du mouvement la rapproche de T. *Brown, ce, bien qu'elle n'ait jamais étudié avec eux.