Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
B

Buck and Bubbles,

Washington Ford Lee (1903-1955)et Sublett John (1902-19? ?), dits. Duo de danseurs américains.

Enfants, ils créent le numéro Buck and Bubbles, dans lequel l'un joue du piano et l'autre chante. Après qu'ils y ont introduit les *claquettes, leur duo va connaître un énorme succès. Ils se produisent dans les George White Scandals de 1920, les *Ziegfeld Follies de 1921, Laugh Time (1943), Carmen Jones (1944) ; Bubbles crée le rôle de Sportin' Life dans *Porgy and Bess (1935). Extrêmement populaires dans le circuit du *vaudeville noir, ils constituent l'une des attractions les plus appréciées de l'Apollo Theatre (cœur du fameux *TOBA). Une version simplifiée et plus courte de leur prestation est reprise dans des films (Cabin in the Sky, 1943, MGM ; A Song Is Born, 1948, RKO).

Leur style, qualifié de " free and easy ", se caractérise par la lassitude décontractée. Entre chaque accompagnement musical, la danse nonchalante de Buck n'a d'égale que la décontraction de Bubbles, qui aborde les pas les plus difficiles en explosant soudain à vitesse redoublée. Ses rythmes, rapides et complexes, viennent en contrepoint d'un accompagnement musical qui se veut somnambulique et comique. Bubbles est également considéré comme le créateur d'un nouveau style appelé "rhythm tap " ou " heel and toe ", qui combine le Lancashire *clog au *buck dancing, en accentuant les temps faibles de façon inhabituelle par un jeu de talons et de pointes (cramp rolls).

ESe

Budapest (Ballet national de l'Opéra de).

Compagnie hongroise attachée au Théâtre national de Budapest.

Dès la fin du XVIIIe siècle, les théâtres des châteaux des Esterházy accueillent les compagnies de J. G. *Noverre et S. *Viganò venues de Vienne, mais ce n'est qu'en 1839 qu'est montée la première production hongroise au Théâtre national, ouvert en 1837. La principale attraction à l'époque reste toutefois la venue de F. *Elssler, F. *Cerrito, L. *Grahn et M. *Taglioni. Dans les années 1850 se révèle Emilia Aranyváry, la plus grande ballerine hongroise du XIXe siècle, tandis que la compagnie, transférée en 1884 à l'Opéra lors de son ouverture, reste dominée par les maîtres de ballet italiens, de Federico Campilli (1847-1887) à N. *Guerra (1902-1915).

Au début du XXe siècle, le théâtre accueille les *Ballets Russes de *Diaghilev (1912 et 1927) et présente la première du *Prince de bois (1917) dans une production d'Otto Zöbisch. Après la période 1915-1935, dominée par Ede Brada et son fils Reszó, une ouverture sur la danse *libre se manifeste avec A. von *Milloss, qui crée quatre ballets, tandis que J. *Cieplinski prolonge la tradition diaghilevienne et que G. *Harangozó donne naissance à un style national original. À la même époque, alors que se distinguent sur scène Karola Szalay, Melinda Ottrubay et Ilona Vera, F. *Nádasi ouvre son école qui contribuera à l'amélioration technique des danseurs hongrois.

La seconde moitié du XXe siècle se caractérise par quatre périodes. Tout d'abord, Harangozó monte son *Mandarin merveilleux (1945) et de nombreux ballets légers (Salade, 1945 ; Promenade concert, 1948, mus. J. *Strauss), tandis que J. *Charrat présente Jeu de cartes (1948) et Ernö Vashegyi, jeune chorgéraphe hongrois, sa version du *Prince de bois (1952) et Chant de Bihari (1954). À partir de 1950, les classiques du XXe siècle, dont *Casse-noisette et les grands ballets dramatiques soviétiques tel *Flammes de Paris, dominent la scène ; la fondation de l'Institut national de ballet en 1950 (qui deviendra l'Académie de danse en 1983) permet la diffusion de la méthode *Vaganova. En 1968 s'ouvre la période L. *Seregi : à côté de ses grands ballets sont programmés des chorégraphes venus de l'Ouest, tels M. *Béjart (1973), H. *Lander pour une soirée danoise (1980), H. *Van Manen pour une soirée néerlandaise (1982), ainsi que le Ballet national de *Cuba (1981). À partir des années 1990, la compagnie s'ouvre aux jeunes chorégraphes hongrois : Lilla Pártay (Anna Karénine, 1991), Gábor Keveházi (Cristoforo, 1992), tandis que G. *Balanchine entre au répertoire (Serenade, 1995). Depuis 1994, l'opéra accueille tous les deux ans le Concours international de ballet R. *Noureev.

GD

Bernard BUFFET (né en 1928).

Peintre français.

Lié à la figuration, marqué par la fin de la Seconde Guerre mondiale et par la philosophie existentialiste, il développe un style « misérabiliste » livrant une vision pessimiste du monde, aux couleurs éteintes, ponctuées de sévères lignes noires verticales. Dans les années 1960, des couleurs crues apparaissent en violente réaction avec des noirs profonds, mais ses peintures restent habitées d'un sentiment de désespoir. Dans ses rares réalisations pour la scène se distinguent les costumes et le décor d'intérieur aux lignes strictes et anguleuses qu'il signe pour la Chambre (1955, R. *Petit), ballet au réalisme sombre sur un livret de Georges Simenon.

PC

Autres collaborations. R. Petit (Patron, 1959, opérette) ; *Lifar (le Grand Cirque, 1969 ; Istar, repr. 1969).

Susan BUIRGE (née en 1940).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine.

Elle aborde la danse dès l'enfance et découvre la danse moderne à l'université de Minnesota. En 1962, une bourse lui permet d'étudier avec J. *Limón, M. *Graham, L. *Horst à la *Julliard School of Music, où elle crée sa première pièce Trilogy (1962) et rencontre A. *Nikolais dont elle rejoint la compagnie (1963-1967), dansant également pour M. *Louis. Dès 1965, elle enseigne au *Henry Street Playhouse et par la suite au National of Deaf et à la New York University. En 1970, elle s'installe en France et fonde à Paris le Danse Theatre Experience qui deviendra en 1975 le Susan Buirge Project. Ses talents de pédagogues font très vite de son studio et de ses ateliers, notamment au Festival d'Aix-en-Provence dont elle est un temps conseillère artistique, des espaces de rencontre et d'expérimentation qui marqueront toute une génération de danseurs et chorégraphes. En 1990, son solo Grand Exil signe ses adieux à la scène. Elle se consacre alors à la recherche, à la chorégraphie et à l'écriture, quittant l'Europe pour se nourrir d'autres traditions (Éthiopie, Grèce, Taïwan, Syrie, Inde, Japon). Premier chorégraphe élu commissaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) en 1991, directrice artistique du Centre européen pour la chorégraphie (abbaye des Prémontrés) en 1992, elle est aussi le premier chorégraphe résident à la villa Kujoyama, Institut granco-japonais du Kansai à Kyoto (1992-1993). Le Japon devient ensuite sa nouvelle terre d'accueil où elle commence une collaboration avec des danseurs et musiciens japonais, laquelle donne naissance au groupe Ma To Ma.