Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Alexandre GLAZOUNOV (1865-1936).

Compositeur russe.

Né à Saint-Pétersbourg, il ne fréquente aucun conservatoire, et acquiert en quelques mois, grâce à N. *Rimski-Korsakov, les techniques nécessaires à un compositeur. Précoce et doué, il fait jouer ses premières œuvres à l'âge de dix-sept ans, et les dirige bientôt, tant en Russie qu'à l'étranger. Ami de P. *Tchaïkovski, il devient une figure importante dans la vie musicale russe ; en 1899 il est professeur de composition au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, dont il prend la direction à partir de 1905. Il abandonne ce poste en 1928 et, au terme de tournées en Europe et aux États-Unis, s'installe à Paris où il finit sa vie. Souvent brillante et rythmée, la musique de Glazounov demeure toutefois assez proche d'un certain académisme, restant à mi-chemin entre A. *Borodine, Rimski-Korsakov, Tchaïkovski et les compositeurs officiels.

C'est au faîte de sa veine créatrice qu'il compose ses trois ballets créés par M. *Petipa (*Raymonda, 1898 ; les Ruses d'amour, 1900 ; les *Saisons, 1900). Si les Ruses d'amour ne connaît que peu de reprises hormis celle de L. *Chiriaeff (1955), la partition des Saisons reste un choix régulier des chorégraphes qui abordent ce thème. C'est surtout Raymonda qui permet à la musique de Glazounov de s'inscrire durablement au répertoire : partition colorée, narrative et très caractérisée, dans la lignée des grands ballets symphoniques russes, laissant au chorégraphe la plus grande liberté, elle sera régulièrement reprise dans son intégralité, mais aussi en fragments notamment par G. *Balanchine (Pas de dix, 1955 ; Raymonda Variations, 1961 ; Cortège hongrois, 1973) ou encore J. *Cranko (Pas de deux, 1965). Très vite, les chorégraphes abordent aussi ses œuvres orchestrales, poèmes symphoniques et symphonies : *Salomé (1908, M. *Fokine ; 1922, Leontiev), Stenka Razine (1915, Fokine ; 1918, A. *Gorski), Ve Symphonie (1916, Gorski). Glazounov est également l'auteur de l'orchestration des pièces pour piano de F. *Chopin réunies pour les *Sylphides (1909, Fokine).

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Sur musique de Glazounov. A. *Bolm (Falling Leaves, 1917) ; J. *Börlin (Derviches, 1920) ; Balanchine (Spanish Dance, 1923) ; M. *Mordkin (Dionysus, 1938) ; B. *Nijinska (Snegourotchka, 1942) ; F. *Ahston (Birthday Offering, 1956) ; P. *Darrell (le Jardin enchanté, 1958) ; Cranko (Hommage au Bolchoï, 1964) ; T. *Tharp (Once Upon a Time, 1983).

Reinhold M. Gliere,ou [Glière R. M. ] (1875-1956).

Compositeur russe d'origine belge.

Ses études au Conservatoire de Moscou (où il enseignera à partir de 1902) forment son style, sous l'influence d'A. *Borodine et de N. *Rimski-Korsakov. Après la Révolution, il s'engage dans l'étude des musiques de la Russie orientale. Il est notamment l'auteur du célèbre *Pavot rouge (1927, V. *Tikhomirov), où le lyrisme s'unit à une certaine épaisseur épique et monumentale, et du Chevalier de bronze (1949, R. *Zakharov).

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Mikhaïl GLINKA (1804-1857).

Compositeur russe.

En contact avec la musique dès l'enfance, il s'établit à Saint-Pétersbourg en 1822, où il continue à étudier et à expérimenter d'une façon très indépendante. De 1830 à 1833, il voyage en Italie, où il rencontre F. *Mendelssohn, H. *Berlioz, G. *Donizetti, Vincenzo Bellini et analyse de près l'opéra italien. Rentré en Russie, en passant par Vienne et Berlin, il s'emploie à fonder une tradition d'opéra russe : Ivan Soussanine (1836, aussi intitulé Une vie pour le Tsar) puis Rouslan et Ludmilla (1842), dont les danses sont réglées par A. *Titus, lui valent d'être acclamé comme compositeur russe le plus important de l'époque. Sa musique, caractérisée par un fort accent épique, d'un goût tout populaire pour la mélodie et d'une intense et riche orchestration, influence tous les compositeurs russes qui suivront, de P. *Tchaïkosvki à N. *Rimski-Korsakov et I. *Stravinski. Cette veine russe domine l'utilisation que les chorégraphes feront de ses musiques dont aucune n'est écrite pour la danse à l'exception de quelques pages de ses opéras telle que la Valse fantaisie (1906, M. *Fokine ; 1938, K. *Lester ; 1943, K. *Goleizovski ; 1953, G. *Balanchine ; 1956, Y. *Grigorovitch) extraite de Russlan et Ludmilla.

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Sur la musique de Glinka. Fokine (le Rêve, 1915 ; Jota aragonesa, 1916) ; A. *Gorski (Scènes espagnoles, 1918) ; L. *Yakobson (Conférence de désarmement, 1932) ; Balanchine (Mazurka d'Une vie pour le tsar; 1950 ; Glinkiana, 1967) ; J. *Kudelka (Ouverture russe, 1989).

Adam Glouchkovski (1793 - entre 1868 et 1870).

Danseur, chorégraphe et pédagogue russe.

Après des études à l'École théâtrale de *Saint-Pétersbourg où il est l'élève préféré de C.-L. *Didelot, il danse au *Bolchoï de Saint-Pétersbourg (1808-11) puis, comme premier danseur, à Moscou (1812-1831) surtout dans les ballets de son maître. Il dirige jusqu'en 1839 la compagnie du théâtre Petrovski (devenu *Bolchoï de Moscou en 1825) et son école. Dans les années 1810, il compose de nombreux divertissement dits « patriotiques » qui intègrent des danses populaires russes, contribuant ainsi au développement du ballet en tant que genre national en Russie. Il crée également des ballets mélodramatiques comme la Mort de Roger, le terrible chef des brigands de la forêt de Bohême ou la Preuve de l'innocence de son malheureux fils Victor (1816), des ballets sur des sujets d'A. *Pouchkine (Rouslan et Ludmila ou l'Anéantissement de Tchernomor, le méchant magicien (1821) et le Châle noir ou l'Infidélité punie (1831), et reprend à Moscou quatorze ballets de Didelot dont *Flore et Zéphire (1817) et le *Prisonnier du Caucase (1827).

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Bibliographie. A. Glouchkovski, les Mémoires d'un maître de ballet, Éd. Iskoussstvo, Leningrad-Moscou, 1940.

Christoph Willibald GLUCK (1714-1787).

Compositeur allemand.

Le mystère couvre ses premiers études musicales, désapprouvées par sa famille, mais on sait qu'en 1731 il est inscrit à la faculté de logique de l'université de Prague et qu'ensuite, au service du prince Lobkowitz, il part pour Vienne où il rencontre le prince Melzi. En 1737, celui-ci l'emmène à Milan où il a la possibilité d'étudier avec le symphoniste Gianbattista Sammartini et où, familiarisé avec l'opéra italien, il fait représenter avec succès ses premiers œuvres dramatiques à partir de 1741. Pendant un séjour à Londres de 1745 à 1746, il rencontre G. F. *Haendel. Après des longs voyages dans toute l'Europe, en 1752 il s'établit à Vienne où il est nommé maître de chapelle de la cour. Avec la collaboration de Giacomo Durazzo, directeur général des spectacles de la cour, du librettiste Ranieri de Calzabigi, il développe son projet de réforme de l'opéra : *Don Juan ou le Festin de pierre, ballet de 1761 considéré comme le manifeste du *ballet pantomime dont G. *Angiolini signe le livret et la chorégraphie, et l'opéra *Orphée et Eurydice (1767) sont les premières étapes du nouveau style, suivies de plusieurs ballets avec G. Angiolini (dont Cythère assiégée, 1762 ; *Alexandre et Roxane, 1765 ; *Sémiramis, 1765), et des opéras Alceste (1767), Paride e Elena (1770), Iphigenie en Aulide (1774). Le ballet assume une importance centrale dans la réforme de Gluck : il n'est plus un simple *divertissement, mais devient une action expressive, une partie fondamentale de l'œuvre, ce qui suppose une collaboration plus étroite entre le compositeur et le chorégraphe. Les succès de ce nouveau style provoque très vite la réaction des partisans de l'opéra italien, guidés par Niccolò Piccinni : ainsi naît une querelle qui va enflammer le monde musical pour longtemps.