Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
B

(Ballet de l'Opéra national allemand de) Berlin (suite)

Le début du XXe siècle est marqué par l'opposition entre les « modernes » et les partisans de la tradition. Après le passage de H. *Kröller à la direction (1921-1922), M. *Terpis (1923-1930) réussit à imposer la danse *expressionniste sur la scène de l'Opéra avec H. *Kreutzberg comme danseur soliste. En revanche, R. *Laban (1930-1934) ne parvient pas à concilier renouveau et tradition, et la troupe doit se disperser. Directrice du ballet de 1934 à 1945, Lizzie Maudrik doit se soumettre aux consignes du régime national-socialiste.

Après la partition de la ville, l'opéra se retrouve dans le secteur est de Berlin. Sous la direction de T. *Gsovska (1945-1950), le ballet acquiert alors une renommée internationale grâce à une synthèse réussie entre ballet classique et danse expressionniste. La première conférence de la danse en République démocratique allemande (1953) ayant encouragé le développement d'une danse réaliste sur le modèle soviétique, c'est dans cet esprit que Lilo Gruber met en scène, entre 1955 et 1969, Neue Odyssee (mus. ? ? ? ? ? Bruns), le *Lac des cygnes, *Roméo et Juliette et *Giselle. Son successeur, Claus Schulz (1969-1972), entame un rapprochement avec les représentants de la danse de l'Ouest, ouverture qui se confirme avec l'introduction par Egon Bischoff (1973-1990) de chorégraphies de G. *Balanchine, puis de Youri Vamos et W. *Forsythe. Au cours de cette période s'illustrent comme solistes Eleonore Vesco, Gert Reinholm, Steffi Scherzer, Claus Schulz, Oliver Matz.

En 1993, M. *Béjart devient conseiller artistique et principal chorégraphe invité, et M. *Denard directeur du ballet. À côté des œuvres classiques qui sont remontées, la compagnie aborde des créations de Béjart (*Schéhérazade, 1994 ; le Concours, 1997) ou de R. *Petit (Oto Dix ou Éros et la Mort, 1993), tandis que figurent au programme de la saison 1998-1999 des chorégraphies de Mark Baldwin, P. *Martins, Forsythe et David Sutherland.

UE

(Ballet de l'Opéra-Comique de Berlin) Berlin

Compagnie allemande attachée au Komischen Oper de Berlin-Est.

Fondée en 1966 par T. *Schilling, la compagnie s'inscrit dans la tradition du théâtre musical réaliste de Walter Felsenstein. En 1993, Jan Linkens (responsable artistique et chorégraphe) et Mark Jonkers (directeur) succèdent à Schilling. S'appuyant sur le fort potentiel artistique des danseurs et tirant parti de la coopération de chorégraphes invités, ils s'attachent à développer la danse comme forme d'expression autonome, Linkens signant régulièrement des créations (Nuevas Cruzes, 1995 ; Sonnenkönig- Eine Reise, 1996 ; Takt , 1997).

UE

Irving BERLIN, [Balin Israel, dit ] (1888-1989).

Compositeur américain d'origine russe.

Arrivé aux États-Unis en 1893, il débute dans un café de New York comme serveur-chanteur. Autodidacte, il compose un grand nombre de chansons, de comédies musicales dont Watch Your Step (1914, avec V. et I. *Castle), Ziegfeld Follies (1918-1920), *Annie Get Your Gun (1946, H. *Tamiris) Call Me Madam (1949, J. *Robbins) et des musiques pour le cinéma, notamment pour trois film avec le couple F. *Astaire-G. *Rogers (*Top Hat, 1935 ; *Follow the Fleet, 1936 ; Carefree, 1938). Le swing de ses compositions, mêlant lyrisme et ironie, constitue un des piliers du répertoire de la musique populaire américaine.

AM

Hector Berlioz (1803-1869) .

Compositeur français.

Il étudie au Conservatoire de Paris avec Luigi Cherubini, après avoir interrompu ses études de médecine. Il se fait remarquer du milieu musical par sa personnalité et un travail de composition hardi. Prix de Rome en 1830, il suscite l'admiration de F. *Liszt et de Niccolo Paganini, qui le soutient financièrement. Il mène une double carrière de compositeur et de journaliste, ce qui aide à la diffusion de son œuvre. Remportant de grands succès à l'étranger, il ne parvient pas à imposer ses opéras en France. Par sa maîtrise des possibilités instrumentales, il est considéré comme le « créateur de l'orchestre moderne ».

Hormis son opéra les Troyens (1863), qui comporte des séquences dansées, il ne compose pas pour la danse. Son nom est toutefois associé au répertoire chorégraphique par son orchestration du *Spectre de la rose de C. M. von *Weber et par les nombreuses œuvres créées sur ses musiques, en particulier sur sa *Symphonie fantastique, qui permettra à L. *Massine d'affirmer son concept de « ballet symphonique » mais aussi sur son *Roméo et Juliette et sur ses partitions consacrées au thème de *Faust. La diversité de son œuvre se retrouve dans celle des chorégraphes qui s'en inspireront au XXe siècle.

NC

Sur la musique de Berlioz. *Fuller (Danse des sylphes, 1899) ; *Robbins (Pas de trois, 1947) ; Léonide Massine (Harold en Italie, 1954) ; *Béjart (Chaussons rouges, 1954) ; *Petit (Palais de Chaillot, 1962) ; *Rainer (We Shall Run, 1963) ; *Butler (l'Enfance du Christ, 1964) ; *Waring (Salute, 1967) ; J. *Carter (The Unknown Island, 1969) ; *Bortoluzzi (les Nuits d'été, 1978) ; *Spoerli (Childe Harold, 1981) ; *Dantzig (Sans armes citoyens !, 1987) ; *Hynd (The Hunchback of *Notre-Dame, 1988) ; *Scholz (Rot und Schwarz, 1989).

Eugène BERMAN (1899-1972) .

Décorateur américain.

Né à Saint-Pétersbourg, après un passage en France dans les années 1930, il s'établit en 1937 aux États-Unis et travaille exclusivement pour des troupes de ballet néoclassiques. Son œuvre, inspirée par le *surréalisme, contribue au renouveau de la scène américaine en inventant un monde plein de mystères, suggestif, abstrait, structuré par des perspectives linéaires et architecturales à l'italienne. Se faisant peintre et architecte, il crée ainsi pour Roma (1955, G. *Balanchine) des paysages d'une Italie imaginaire.

VR

Autres scénographies. *Ashton (Devil's Holiday, 1939) ; Balanchine (Concerto Barocco, 1941 ; Danses concertantes, 1944; *Giselle, 1946; Ballet Impérial, 1950; *Pulcinella, 1972, avec *Robbins) ; D. *Tudor (*Roméo et Juliette, 1943)

Manuel BERNARD (né en 1952).

Éclairagiste français.

Après une formation d'électrotechnicien, il crée ses premières lumières au théâtre avec Roger Planchon. Après avoir collaboré avec F. *Blaska, de 1982 à 1992 il éclaire les spectacles de J.-C. *Gallotta, et en deux occasions, ceux de D. *Bagouet. Il travaille ensuite avec M. A. *De Mey et M. *Kelemenis, entre autres. Ses lumières sont souvent d'une grande discrétion, comme s'il cherchait à saisir l'intensité native du visible. Pour lui, la lumière doit être tout sauf démonstrative, comme une musique accompagnant le mouvement. Elle doit aussi faire naître les espaces invoqués par la danse, agissant comme une source de révélation dont la nature, avec ses contrastes infinis, serait le secret modèle.

CD