Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
C

Ludmilla CHIRIAEFF, [ndn. OTZUP L. ] (1924-1996). (suite)

Réputée pour ses qualités de danseuse de *caractère et l'efficacité de ses chorégraphies, elle se dédie avant tout à faire aimer le ballet par le grand public : elle crée des programmes qui mêlent délibérément les genres, associant par exemple une pièce illustrant l'histoire de la danse (les Clowns, 1955), un ballet inspiré du folklore québecois (Suite canadienne, 1957) et un pas de deux du *Lac des cygnes. Tout en dirigeant sa compagnie et en soutenant les talents de B. *MacDonald ou F. *Nault, notament, elle développe son école, l'Académie des Grands Ballets Canadiens. En 1975, elle quitte sa compagnie pour créer une série d'écoles : en onze ans elle parvient à mettre sur pied un système de formation pré-professionelle en ballet pour élèves de 9 à 19 ans, subentionnée par l'État. Elle dirige ces écoles jusqu'à sa retraite en 1992. Sujet de nombreux articles et films de télévision, Chiriaeff écrit abondamment sur son rôle dans la danse canadienne.

LHB

Rosalia CHLADEK (1905-1995).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue autrichienne.

Née en Moravie, elle suit, dès seize ans, l'enseignement pluridisciplinaire dispensé à la Neue Schule *Hellerau. Rapidement, elle y rejoint le groupe de danse dirigé par V. *Kratina ainsi que l'équipe pédagogique. Dès son premier engagement, à Bâle (1928-1930), comme chorégraphe et professeur, elle pose les bases de sa méthode pédagogique. Rappelée à Vienne, elle se voit confier la direction de l'école *Hellerau-Laxenburg (1930-1938), puis la responsabilité de la danse au Conservatoire (1942-1952) et à l'Académie de musique et des arts dramatiques (1952-1970). Parallèlement à ses activités pédagogiques, elle développe une carrière de danseuse *libre soliste (dès 1924) et de chorégraphe, signant plus de 150 œuvres, dont 70 solos, qu'elle fait tourner dans toute l'Europe jusqu'en Indonésie et à New York.

Interprète hors pair (2eprix au Concours de Varsovie en 1933), elle possède un registre d'expression et des qualités physiques exceptionnelles. Ses solos sont bien souvent déclinés en cycles. Celui des marches dansées, débuté en 1925 par la Heroischer Marsch, se clôt en 1936 par *Totengeleite. Composés autour de thèmes divers (Suite im alten Stil, 1925 ; Elemente-Zyklus et Rythmen-Zyklus, 1930), ils illustrent aussi la vie de personnages mythiques ou religieux (Marienleben, 1934 ; Sancta Trinitas, 1954). À la fin de sa vie, elle en transmettra quelques-uns à de jeunes interprètes : en 1985, Afro-Amerikanische Lyrik (1951) et Luzifer (Erzengel-Suite, 1938) ; en 1986, Jeanne d'Arc (1934) ; en 1988, Slawischer Tanz (1923), Intrade (1930), Michael (Erzengel-Suite), Die Kameliendame (1943) ; en 1990, Narcissus (Mythologische-Suite, 1936).

Composée pour le groupe de Hellerau, sa Gläserne Suite obtient, en 1932, le 2eprix de chorégraphie au concours des Archives internationales de la danse de Paris (le 1errevenant à la *Table verte de K. *Jooss). En 1936, elle crée Österreichische Suite à la salle Pleyel (Paris) et en 1940 Höfische Suite, dans laquelle danse la jeune D. *Hoyer, aux *Meisterwerkstätten für Tanz de Berlin. À maintes reprises, elle est appelée en tant que chorégraphe ou metteur en scène dans des festivals de théâtre en Italie (1933-1952) ou à celui de Salzbourg (Jerdermann, 1947), ainsi qu'à l'Opéra de *Vienne (Orpheus und Eurydike, 1940) et à celui de Salzbourg (Julius Cäsar, 1959). Elle travaille aussi pour le cinéma, et la télévision.

Sa méthode éducative, dénommée " System Chladek ", est née d'une interrogation : " comment former le corps pour en faire un instrument riche de possibilités, qui soit à même de concrétiser le besoin d'expression en dehors de tout style d'école ? ". Les principes de son travail reposent sur les lois universelles qui régissent le mouvement. En fonction de l'état de tension du corps (" actif ", " passif ", ou " neutre "), en relation à la gravité, le mouvement est déterminé par son point de départ, l'énergie déployée, sa direction, son amplitude et sa durée. L'originalité de son approche pédagogique réside dans le fait qu'elle est basée sur la non-imitation et qu'elle met l'élève dès le départ en situation de prise de conscience et d'étude réflexive. Parmi ses élèves figurent F. *Lüdin, Zora Semberova (professeur de J. *Kylián) ainsi qu'Hélène Carlut, professeur de F. *Dupuy. Hébergés par la ville de Strasbourg de 1972 à 1993, les stages d'été préparant au diplôme d'études complémentaires de l'Internationale Gesellschaft Rosalia Chladek (IGRC) sont, depuis 1994, organisés à Vienne.

Simplicité, rigueur et *musicalité hors du commun font d'elle une des figures les plus marquantes de l'*Ausdruckstanz d'Europe centrale. Son triple talent, profondément ancré dans la danse européenne, lui vaut de nombreuses récompenses officielles dans son pays ainsi qu'en Italie.

CF-MIB

Bibliographie. R. Chladek, " Éducation par le mouvement et la danse expressive " in Actes des rencontres européennes " Activités physiques vers l'harmonie de l'Être ", Danse ma joie, Meudon-Bellevue, 1989 ; G. Alexander et Dr H. Groll (sous la dir. de), Tänzerin, Choregraphin, Pädagogin Rosalia Chladek, ÖBV Pädagogischer Verlag, Vienne, 1995 (4e éd.).
Filmographie. Rosalia Chladek Momente aus ihren Gestaltungen (1988, réal. Eva Stanzl, Televisfilm, Vienne) ; Aus meinen Leben (1996, réal. Eva Stanzl, Televisfilm, Vienne).

Ming CHO LEE (né en 1930).

Scénographe américain.

Né à Shangaï, il arrive aux Etats-Unis en 1949. Diplômé de l'Occidental College (Los Angeles) en 1953, il devient l'assistant de J. *Mielziner pendant cinq ans. Il débute en réalisant des costumes à *Broadway. Scénographe du New York Shakespeare Festival de John Papp de 1961 à 1973, il collabore parallèlement avec B. *Aronson. Entre 1962 (A Look at Lightning) et 1986 (Tangled Night), il conçoit à plusieurs reprises des décors pour M. *Graham. C'est le caractère mobile de ses décors, parfois réduits à des éléments sculptés squelettiques, qui attire la chorégraphe : ils intensifient la scène sans l'occuper indûment ; ils relêvent de l'action dramatique plus qu'ils ne la fixent. Cho Lee maintient, farouchement, une dimension empirique dans son travail, liée à l'idée que toute scène est "ouverte", hantée par un vide que le décor conjure un temps, presque miraculeusement.