Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
P

Ruth PAGE (1899-1991). (suite)

MK

Bibliographie. R. Page, Page by Page, éditeur, Brooklyn, 1978 ; Class : Notes on Dance Classes Around the World, éditeur, Princeton, 1984.

Virpi PAHKINEN (née en 1956).

Danseuse et chorégraphe finlandaise.

Formée au Collège de danse de l'université de Stockholm (1989-1992), elle étudie aussi le piano au Conservatoire d'Helsinki, où elle noue des relations suivies avec les compositeurs nordiques d'avant-garde. Remarquée à Stockholm en 1993 pour Sinensis, pièce de sa composition dans laquelle elle danse elle-même, elle fait aussi sensation au Théâtre dramatique royal de Stockholm dans des mises en scène d'Ingmar Bergman et Donyia Feuer, collaborateur de ce dernier pour la chorégraphie. Personnalité captivante, danseuse originale et intense, elle signe des chorégraphies pleines de magie touchant à l'ésotérisme qui lui valent de tourner très vite au-delà des pays nordiques (Paris, Londres, Mexico, Canada, Australie). Elle fonde sa propre compagnie en 1998 à Stockholm.

BH

Autres chorégraphies. Iridium (1995, Kuopio, Finlande) ; Isisar & Ooh (1996, Montréal) ; Salamandres (1998, Riga).

Nam June PAIK (né en 1932).

Compositeur et vidéaste coréen.

Il étudie l'histoire de l'art à Tokyo, l'esthétique et la musicologie à Munich, et suit des cours avec K. *Stockhausen et W. Fortner. Après avoir travaillé au Studio de musique électronique de Cologne (1958-1961), période durant laquelle il rencontre J. *Cage, il s'installe à New York. Il participe alors activement au groupe Fluxus, réalisant de nombreuses *performances et *happenings, dont Moving Theater Nr. 1 (1962) et Opera Sextronique (1967), et signe en 1965 pour M. *Cunningham une scénographie à base de perches disséminées réagissant aux bruits et mouvements des danseurs (Variations V). En 1973, il réalise Global Grove, sa première création vidéo majeure. Auprès de John Godfrey pour la chaîne de télévision WNET, il invente un « vidéo-art-musique-danse » qui abonde de procédés techniques sophistiqués faisant date. Abolition du réel par le biais de danseurs de disco surdimentionnés et d'incrustations multiples, voyage dans l'absurde, évocation des happenings du Living Theatre, déclarations de Cage, danses du Nigeria : tout se mêle et tout s'emmêle dans ce genre qui le suivra durant sa carrière.

Paik trouve en Cunningham le prototype de l'"homme-oiseau" échappant totalement à la pesanteur qui hante ses productions, et dans sa gestuelle et son univers une source puissante d'inspiration : lui faisant survoler les chutes du Niagara dans Global Grove, sans aucune incrustation sous les pieds, il lui réserve un nid de vide où à chaque pas il ressuscite dans l'image électronique. La compagnie de Cunningham l'invite comme compositeur pour ses *events. En retour, Paik propose à Cunningham de réaliser pour le WNET/TV Lab un projet vidéo dans un espace extrêmement petit, le studio. Merce and Marcel (1978) est un portrait chorégraphique mythique, drôle et inventif où la danse de Cunningham est au premier plan, démultipliée, incrustée, faite de chassés-croisés et de balayage électronique. En 1984, Paik conçoit et coordonne une émission de télévision en liaison par satellite entre Paris et New York, où il réinvite Cage et Cunningham, pour un exercice de style : extravagance en direct, chère au réalisateur, réitérée avec Transpacific Duet (1988).

Le regard de Paik sur la danse est irrévérencieux, hybride, ingénieux ; il bouleverse l'espace physique et le champ des perceptions. Animation de couleurs et de formes, polarisations, multiplication des corps, fragmentations du mouvement caractérisent son écriture iconoclaste. Il ne cesse de surprendre par l'élégance de ses montages (collages d'images, de moniteurs vidéo, de pays) et par la constance d'une obsession : comment le moins peut devenir plus.

GC, PLM

Filmographie. Play It Again, Nam - Un portrait de Nam June Paik (1990, réal. J.-P. Fargier).

Emma PALLADINO (1860-1922).

Danseuse italienne.

Elle étudie à la *Scala avec G. *Casati puis tourne aux États-Unis et travaille à Londres au Covent Garden (1897). Remarquée pour sa virtuosité à Moscou, Saint-Pétersbourg, Paris, Rome, Naples, Munich, elle acquiert la célébrité surtout hors d'Italie. Elle paraît une dernière fois sur scène en 1899.

ATes

Antonietta PALLERINI (1790-1870).

Danseuse et mime italienne.

Fille du danseur et pédagogue Filippo Pallerini et de la chanteuse Rosa Fedeli, elle débute à Venise en 1803, puis se rend à Milan. À partir de 1813, elle est à la *Scala où elle travaille avec les principaux représentants du style chorégraphique italien : elle devient l'interprète de prédilection de S. *Viganò et la plus grande figure du genre *coreodramma. Elle se produit en outre à Naples, Turin et, en 1833, au King's Theatre de Londres. Elle quitte la scène au début des années 1840.

CC

Antonio PALLERINI (1819-1892).

Danseur et chorégraphe italien.

Primo ballerino serio, il interprète des ballets d'A. *Cortesi et D. *Ronzani. Créateur de divertissements enlevés pour les grands opéras, il est un chorégraphe attentif à l'air du temps. Ses ballets vont du genre historique à l'exotisme, du pathétique au fantastique.

CC

Chor. Ariella o Il fiore dell'Arno (1862, *Scala) ; Attea (1863, ibid.) ; Nyssa et Sahib (1867, Teatro Apollo de Rome) ; La Grotta di Adelberga (id.).

Gret PALUCCA (1902-1993).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue allemande.

Après avoir étudié avec M. *Wigman et H. *Kröller, elle ouvre son école à Dresde, en 1925, tout en poursuivant sa carrière en soliste, débutée en 1923 et qui fera sa renommée. Dotée d'un merveilleux talent pour le *saut, elle crée des danses joyeuses, pleines d'insouciance et de légèreté. Malgré des antécédents familiaux juifs, elle est peu inquiétée par le régime nazi et participe à toutes les activités de la danse qu'il promeut. En 1936, elle danse un solo-valse lors de l'ouverture des Jeux Olympiques de Berlin, puis assume l'enseignement de la Masterclass à la Deutsche Tanzhochschule, nouvellement fondée. Son école de Dresde est toutefois fermée en 1939. Après la guerre, elle reprend ses tournées de solos pendant cinq ans et parvient à faire reconnaître son école « victime du fascisme ». Très combative, elle réussit à s'adapter au régime communiste et à faire de cette école, reconstruite grâce à des subventions, le dernier rempart de la danse moderne en Allemagne de l'Est et la rare institution du pays ayant une notoriété à l'étranger, notamment à l'Ouest.