Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
E

Vicente ESCUDERO (1885-1980).

Danseur espagnol.

Né à Valladolid, où il débute à l'âge de treize ans, il s'expatrie en 1908 au Portugal, puis à Paris, où il présente, salle Gaveau, son premier récital de danses espagnoles (1922).

Donnant au flamenco un caractère viril, il se produit le plus souvent avec Carmen García, mais aussi avec la *Argentina et Pastora Imperio. En 1926, sur la recommandation de M. de *Falla, il crée à Paris sa version de l'Amour sorcier. Rénovateur du flameco, opposé aux abus de maniérisme, il est le premier à danser la seguiriya, en 1940. Sa réputation internationale se construit lors de tournées en Argentine et aux États-Unis, dans les années 1930, puis dans toute l'Europe, de 1940 à 1969. Artiste complet, figure centrale de la danse espagnole du XXe siècle, il consigne ses pensées dans deux ouvrages essentiels, Mi baile (1947) et Decalogo del baile flamenco (1957).

JMA

Escuela bolera.

École classique de danse espagnole (XVIIIe-XXe s.).

Pratiquée en chaussons (les zapatillas), à la différence du *flamenco, elle se distingue par le port de costumes spécifiques, par l'utilisation des castagnettes et par des formes particulières de pas (proches de la petite *batterie classique), de « jeux de bras » (braceo) et de danses (variantes de *boléro, *jaleo, panaderos et *seguidillas). Elle apparaît en 1780, quand les *seguidillas boleras triomphent sur les scènes espagnoles dans un contexte puriste de réaction aux *écoles italienne et française, qui se traduit par la publication, sur quelques années, de plusieurs traités. À partir de 1830, la *cachucha, le boléro, le jaleo de Xérès et le olé de Cadix franchissent les frontières espagnoles : M. *Camprubí, D. *Serral, Petra Cámara, Manuela Perea et Pepita de Oliva se produisent en Europe, tandis que F. *Elssler, F. *Cerrito, A. *Bournonville, A. *Saint-Léon et M. *Petipa s'intéressent à ce répertoire. En Espagne, la danse boléra se maintient dans les académies, au *Liceo, au *Teatro Real de Madrid ainsi que dans les cafes-cantantes jusqu'à ce que l'apogée du *flamenco entraîne son déclin. Au tournant du XXe siècle, période de décadence, la tradition de l'escuela bolera est conservée par quelques maîtres, parmi lesquels Coronas (Carlos Pérez Carillo), Francisco Miralles, Paula Pamies et la famille *Pericet, qui la transmettent aux créateurs de ce siècle, permettant à la *Argentina, *Antonio, J. *Magriñá ou *Mariemma de créer à nouveau des chorégraphies de style boléro. L'escuela bolera fait partie, depuis, de l'enseignement officiel de la danse espagnole.

BMdF

Bibliographie. F. A. Florencio [J. Fernández de Rojas, dit], Crotalogía [...], Imprenta Real, Madrid, 1792 ; Don Preciso [J. A. Iza Zamacola, dit], Colección de las mejores coplas [...], Madrid, 1802 ; J. J. Rodríguez Calderón, La Bolerología [...], Zacarías Poulson, Philadelphie, 1807 ; A. Cairón, Compendio de las principales reglas de baile [...], Impreta Repullés, Madrid, 1820 ; J. Otero, Tratado de bailes [...], Sevilla, 1912 (éd. fac-sim. Asociación Manuel Pareja Obregón, Madrid, 1987) ; T. Borrull, La Danza española, E. Meseguer, Barcelone, 1954 ; coll., Encuentro Internacional « La Escuela bolera », INAEM, Madrid, 1992 ; J. Suárez-Pajares et X. M. Carreira, « The Origins of the Bolero School », in Studies in Dance History, IV, n° 1, 1993 ; G. Martínez Cabrejas [Mariemma], Mis caminos a través de la danza. Tratado de danza española, Fundación Autor, Madrid 1997.

Noa ESHKOL ( née en 1924).

Danseuse, chorégraphe, directrice de compagnie et auteur israélienne.

Elle se forme d'abord auprès du musicien et pianiste Frank Peleg et de la danseuse Tehila Reussler. Elle se produit et chorégraphie pour le théâtre et pour des festivités dans les kibboutz (Memorial Day, 1954, kibboutz Lochamey Haghetaot). Ses études à Londres (1946-1948) auprès de S. *Leeder la conduisent à développer son propre système de *notation qui permet de composer, d'analyser et de transcrire divers styles de mouvements et qu'elle décrit en 1958 dans un premier ouvrage sur la notation, The Dance Notation Eshkol-Wachman. Dès 1954, elle fonde la Chamber Dance Company, qui se consacre à la recherche, à l'écriture et à la représentation de ses danses en Israël et à l'étranger. De 1972 à 1978, elle enseigne la notation à l'université de Tel-Aviv. Directrice de la Société de notation du mouvement, elle est l'auteur de nombreux ouvrages : Classical Ballet (1968), The Golden Jackal (1969), The Handbook (1971), The Yemenite Dance (1971).

GA

Autres chorégraphies. Right Angled Curves (1975) ; Rubalyat (1975) ; Suites for Dance (1975) ; Angles and Angels (1990).

Espagne (Compagnie nationale de danse d').

Compagnie basée à Madrid, fondée en 1979 sous le nom de Ballet Nacional Clásico.

Elle est dirigée par V. *Ullate jusqu'en 1983. Puis le ministère de la Culture en confie la direction - ainsi que celle du *Ballet Nacional Español - à M. de *Avila. La compagnie s'ouvre alors à des œuvres de G. *Balanchine et A. *Tudor. Après le départ d'Avila, M. *Plissetskaïa est invitée en 1987 à la tête de la compagnie qui devient Ballet del Teatro Lírico Nacional avec Ray Barra comme directeur adjoint. En 1990, N. *Duato leur succède et la compagnie prend le nom de Compañía Nacional de Danza. Avec un répertoire comportant de nombreuses créations de N. Duato et des œuvres de H. *Van Manen, R. *Oller, J. *Kylián, W. *Forsythe, M. *Ek, la compagnie gagne un vaste public international et s'implante solidement dans la vie culturelle espagnole.

GM

Espinosa.

Famille de danseurs d'origine espagnole.

Léon Espinosa (1825-1903) débute à Paris en 1845, danse aux États-Unis en 1850-1852 et en 1856, puis à Moscou, d'abord dans divers établissements, puis au *Bolchoï (1868-1871) où il tient avec un énorme succès des rôles comiques dans les ballets de M. *Petipa dont le Roi Candaule et *Don Quichotte, et compose des danses et des divertissements. Dans les années 1890, il travaille à l'*Alhambra de Londres. Son fils Édouard Espinosa (1871-1950), qui travaille également à l'Alhambra ainsi qu'à l'Empire, est l'un des fondateurs de la Royal Academy of dancing et de la British Ballet Organisation dont Édouard Espinosa-Kelland (1906-1991), fils du précédent, en est devenu le président en 1950.

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