Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
R

Jacqueline ROBINSON (née en1922).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue française.

Née à Londres d'un père britannique et d'une mère française, elle étudie le piano à Paris, puis l'histoire de l'art à Dublin. Elle y découvre la danse avec une disciple de M. *Wigman. Elle ira plus tard à Berlin travailler avec cette dernière et à Paris avec J. *Andrews.

Après avoir fondé une première école en Grande-Bretagne, elle s'installe à Paris en 1949, danse et chorégraphie avec Mila Cirul, Jacqueline Levant (disciple de L. *Schild), K. *Waehner (le Seuil, 1956). Elle ouvre en 1955 l'Atelier de la Danse, école de danse moderne et centre de rencontres artistiques (Francisco Semprun, Basil Rakoczi). Elle crée près de 200 solos et pièces de groupe et forme par ses cours et dans ses compagnies successives un grand nombre de danseurs. Très motivée par la musique, wigmanienne dans son style, elle est attentive aux suggestions du climat musical autant qu'aux ethnies et aux rites (Chant rituel, 1953 ; Cantique pour la terre, 1959). De Rites (1967, remonté en 1986 pour la Biennale de Lyon), Daniel *Dobbels a noté " la respiration de l'air, le battement argentin de l'eau, la couleur sourde et dévorante du feu ". Auteur de livres nombreux, souvent didactiques (l'Aventure de la danse moderne en France, Éd. Bougé, Paris, 1990), elle a traduit des textes de Wigman, D. *Humphrey, J. *Martin.

LB

Roc in Lichen.

Compagnie française fondée en 1987 par les chorégraphes Laura de Nercy (née en 1955) et Bruno Dizien (né en 1952).

Après une formation et un parcours principalement contemporains (S. *Buirge, C. *Carlson, F. *Verret, J. *Bouvier-R. *Obadia, pour elle ; M. *Marin, J. *Patarozzi, M. *Tompkins, P. *Goss et Jean Gaudin, pour lui), ils s'engagent dans un travail original d'exploration de la verticale à partir des techniques de l'escalade et signent un premier duo marquant (le Creux poplité, 1987), suivi de plusieurs pièces. Déplaçant les repères visuels, peaufinant leur univers gestuel, ils ouvrent d'autres dimensions par des plongées dans le vide, des nuages étirés au sol ou diverses surfaces aux perspectives dénaturées. Ce concept de « danse-escalade », sera ensuite repris par d'autres chorégraphes.

IF

Autres chorégraphies. Rosalinine (1988) ; Grenadier Weaver (1989) ; Saint Kildo (1994) ; Un peu perdu sur l'éléphant (1996).

Juan Antonio RODEA (1943-1990).

Danseur américain d'origine mexicaine.

Il fait ses débuts en 1963 avec X. *Francis. Très talentueux, il explore avec succès la danse classique, contemporaine et folklorique. Il s'installe à New York en 1966, et se perfectionne à l'*ABT. Se considérant comme un danseur " libre ", il ne se laisse enfermer dans aucun style et danse pour A. *Sokolow, G. *Contreras, A. *Ailey, J. *Limón et le *Nederlands Dans Theater. Proche de L. *Falco, il collabore avec lui pendant 17 ans, contribuant à la fondation de sa compagnie et au développement de son style, et participant à la création d'œuvres qui se distinguent par leur caractère humoristique et leur sens du quotidien.

IC

Richard RODGERS (1902-1979).

Compositeur américain.

Il apprend le piano en autodidacte dès l'âge de six ans. Bien qu'il étudie à l'université Columbia et à l'Institute of Musical Art, c'est surtout la rencontre avec le parolier L. *Hart qui détermine sa vocation : ensemble, ils créent plus de quatorze *comédies musicales, avant de rejoindre Hollywood (1930), où ils composent notamment pour Love Me Tonight (1932, réal. R. *Mamoulian, avec Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald). Faute de succès, il retournent à New York et s'investissent dans des projets de plus en plus ambitieux qui révolutionnent le théâtre musical. À la mort de Hart, en 1943, Rodgers s'associe avec O. *Hammerstein 2. Auteur de mélodies simples et raffinées, Rodgers reste l'un des compositeurs les plus prolifiques et diversifiés de *Broadway.

Parmi ses œuvres, certaines vont marquer l'évolution de la comédie musicale, tant par les chorégraphes qui y sont associés que par l'écho qu'elles trouveront à travers les adaptations cinématographiques qui en seront faites. G. *Balanchine participe ainsi de manière déterminante à *On Your Toes (1936 : film, 1939) en concevant le ballet Slaughter on Tenth Avenue, devenu un morceau d'anthologie, avant de signer les chorégraphies de Babes in Arms (1937 : film, 1939, réal. B. *Berkeley), I Married an Angel (1938) et The Boys from Syracuse (1938). Après R. *Alton, auteur des danses de *Pal Joey (1939 : film, 1957, réal. G. *Sidney) et par la suite de Me and Juliet (1953), A. *De Mille contribue au succès du nouveau tandem Rodgers-Hammerstein avec *Oklahoma ! (1943), couronné du prix Pulitzer en 1944, cette première collaboration étant suivie de *Carousel (1945 : film, 1956, réal. H. King) et Allegro (1947). Enfin, c'est J. *Robbins qui chorégraphiera The King and I (1951 : film 1956, réal. W. Lang).

BT, PLM

Rod RODGERS (né en 1938).

Danseur et chorégraphe américain.

Né à Detroit et fils d'artistes de cabaret, il commence à se produire dans les mêmes circuits commerciaux. Il s'installe à New York en 1962, où il se forme auprès de Mary Anthony, H. *Holm et E. *Hawkins, avant d'intégrer la compagnie de ce dernier. Intéressé par les espaces non conventionnels, il dirige aussi, pendant les années 1960, l'association Mobilization for Youth, qui offre des spectacles aux enfants, et crée l'Association of Black Choreographers. En 1966, il fonde la Rod Rodgers Dance Company, qui interprète ses créations et celles de chorégraphes invités.

Rodgers penche vers l'abstraction et le mouvement pur plutôt que vers un contenu narratif, et exprime de manière indirecte des préoccupations humanitaires dans des compositions formelles abstraites. Sa première œuvre, Percussion Suite (1965), qui fait intervenir des danseurs s'accompagnant aux percussions, est suivie de plusieurs pièces du même genre, notamment *Tangents (1968) et Rhythm Ritual (1972). Selon lui, la danse *moderne peut s'inspirer de cultures extra-occidentales sans avoir recours aux décors et aux contextes stéréotypés emprunte aux traditions africaines de danse rituelle avec des bâtons. En outre, dans Don't Tell Me Who I Am (rééd. in The Vision of Modern Dance, sous la dir. de J. Brown, Princeton Books, 1979), un essai écrit pendant le mouvement des Civil Rights, il conteste le mythe selon lequel seuls certains secteurs prévisibles peuvent convenir aux Afro-Américains :« Chacune de mes danses est née de mon expérience de noir américain. Chaque mouvement exploré fait partie de mon propre héritage personnel ». Il aborde ainsi divers styles : l'hommage aux personnages historiques noirs, tel King... the Dream (1968), créé une semaine après l'assassinat du dirigeant des Civil Rights, le solo dramatique (Soft Days, 1970, mus. Keith Jarrett) ou l'utilisation de diapositives d'art abstrait (Dances in Projected Space, 1970).

TDF

Autres chorégraphies. Box (1972) ; Visions... of a New Blackness (1976).