Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
A

Mia ARBATOVA (1910-1990). (suite)

GA

Chorégraphies. À la liberté (1948) ; Commérage (1949) ; Hommage à Chopin (1951) ; la Fille de Jephté (1951) ; Marins hébreux (1951) ; le Chant de Kineret (1955) ; Chant israélien (1955).

Thoinot ARBEAU [Jehan TABOUROTdit,] (1519-1595).

Ecclésiastique français.

Après des études à Poitiers et à Blois, il devient chanoine à Langres où il publie, en 1588, l'Orchésographie et traicté en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre et practiquer l'honnête exercice des danses (rééd. 1589 et en fac simile avec préface et commentaire, Paris, 1888, reprise en 1969 par Forni, Bologne ; dernière en date, Paris, Klincksieck, 1995). Dans cet ouvrage didactique, l'auteur aborde la danse sous son aspect social puisque, selon lui, elle " est nécessaire pour bien ordonner une société ". Après une partie réservée aux généralités et à la " danse guerrière ", il traite de la " danse récréative " au *bal en y insérant des remarques précieuses tant sur la musique de danse et son interprétation que sur les mœurs et les usages du temps. Les danses de la Renaissance -divers *branles, *allemande, *gavotte, *canarie, *courante, *gaillarde, *morisque, *pavane, *volte, *bouffons ou matachins- et même antérieures tels la *basse danse et le *tourdion, sont étudiées en détail. Leur analyse selon une triple approche conjuguant la langue, l'image et la musique, constitue une des premières tentatives méthodiques de *notation du mouvement. Témoignage exceptionnel par sa richesse et ses précisions, c'est aussi un ouvrage d'un auteur de 69 ans qui, ayant pratiqué la danse dans sa jeunesse, recourt à sa mémoire pour compiler et faire coexister variétés géographiques ainsi qu'usages synchroniques et diachroniques de ce répertoire. À ce titre, l'Orchésographie, souvent utilisée comme source et référence pour l'étude et la reconstitution des danses de la Renaissance, requiert un esprit critique dont aucune réédition n'a fait preuve jusqu'à présent se contentant de reproductions en fac simile.

ERou

Antonius ARENA [ARÈNES Antoine, dit] (v. 1500-v. 1544).

Juriste et poète français.

Il étudie le droit à l'université d'Avignon, d'où il est originaire, et sert dans l'armée française en Italie en 1527 avant de devenir juge ordinaire à Saint-Rémy-de-Provence. Il est l'auteur de Ad suos compagnones studiantes... [À ses compagnons étudiants...] Rédigé en langage macaronique provençal (mélange de latins classique et vulgaire, d'occitan provençal et de français latinisé), cet ouvrage en vers, à caractère parodique, consacré en grande partie à la danse, est remanié plusieurs fois entre 1520 et 1530 (rééd. bilingue partielle ; trad. et commentaires Y. Guilcher, Atelier de la danse populaire, Maisons-Alfort, 1990).

Arena y traite principalement des *basses danses “ communes ” et, plus succintement, des *branles simple et double, mentionnant quelques autres danses dont la *pavane, la *gaillarde, le *tourdion, la *courante et la *morisque. Outre des précisions techniques, il apporte un témoignage précieux sur les usages de l'époque à travers les recommandations qu'il fait, souvent avec un humour gaillard, quant à la manière de danser. Antérieur de plus d'un demi-siècle à l'Orchésographie (1588) de T. *Arbeau, cet ouvrage en constitue un complément important pour comprendre la pratique de la danse en France à la Renaissance dans les milieux cultivés.

PLM

Anton ARENSKI (1861-1906).

Compositeur russe.

Élevé dans une famille de musiciens, il entre très tôt au conservatoire de Saint-Pétersbourg pour étudier avec N. *Rimski-Korsakov. Enseignant au conservatoire de Moscou, il devient en 1894 directeur de la chapelle impériale de Saint-Pétersbourg. En 1901, il commence une brillante carrière comme pianiste et chef d'orchestre qui l'amène partout en Russie et à l'étranger. Malgré son apprentissage avec Rimski-Korsakov, sa musique montre plutôt une dette à l'égard de P. *Tchaïkovski, dont elle emprunte l'élan lyrique et la richesse mélodique des thèmes. Elle a inspiré de nombreux chorégraphes, surtout pour des ballets à sujet exotique : M. *Fokine (Danse assyrienne, 1907 ; Cléopâtre, une nuit d'Égypte, 1908 ; la Danse du Siam , 1910), A. *Gorski (*Salammbô, 1910), B. *Kniaseff (Au pied des pyramides, 1924 ; Suite égyptienne, 1926 ; Devant le sphynx , 1930), N. de *Valois (Daughter of Eve, 1927 ; les Muses, 1962).

SZ

ARGENTINA [MERCÉ Y LUQUE Antonia, dite la] (1890- 1936).

Danseuse et chorégraphe espagnole.

Née à Buenos Aires, ce qui lui inspirra son nom de scène, elle grandit en Espagne dans un milieu artistique : sa mère est première danseuse au *Teatro Real de Madrid, son père maître de ballet. Membre du corps de ballet du Teatro Real dès neuf ans, elle en devient première danseuse à onze ans. Elle se signale à Paris dès 1910, dans une “ espagnolade ” au Moulin Rouge. Elle se produit sur des scènes de music-hall et, en 1929, forme sa compagnie (Ballets espagnols d'Argentina) qui regroupe des danseurs de l'Opéra de *Paris et des solistes espagnols, dont V. *Escudero, Fraquillo, la Quica, la Josalito.

Intriguée par la technique des castagnettes, attirée par une génération de compositeurs tels E. *Granados, I. *Albéniz, M. de *Falla, elle compose ses premières danses sur certaines de leurs musiques, tout en incluant dans ses programmes des danses régionales et de la tradition de l'*escuela bolera. Sa plus fameuse création reste l'*Amour sorcier (1925) qu'elle remontera à Buenos Aires en 1933. Grande rénovatrice de la danse espagnole qu'elle exportera dans le monde entier, elle dégage dans ses récitals en solo une intensité et un charisme devenus légendaires au point qu'une association, les Amis d'Argentina, perpétue sa mémoire. En 1977, K. *Ôno lui dédie son vibrant *Hommage à la Argentina.

JMA

Bibliographie. A. Levinson, la Argentina, essai sur la danse espagnole, éditeur, Paris, 1928 ; S. éditeur,F. Cordelier, la Vie brève de la Argentina, éditeur, Paris, 1936 ; Antonia Mercé “ la Argentina ” : Homenaje en su centenario, 1890-1990, éditeur, Madrid, 1990.

ARGENTINITA (la) [LÓPEZ Encarnación, dite] (1895-1945).

Danseuse et chorégraphe espagnole.

Née en Argentine et de cinq ans plus jeune que la *Argentina (d'où son nom de scène), elle est la sœur de D. *López. Dès ses premiers récitals, elle introduit des bailes *flamencos parmi les danses de l'*escuela bolera. En 1932, elle fonde avec F. *García Lorca le Ballet de Madrid, et crée des œuvres sur des thèmes folkloriques et sur des compositions de M. de *Falla, M *Ravel et E *Granados. En 1943, elle présente au Metropolitan de New York El Café de Chinitas sur un poème de F. García Lorca et dans des décors de S. *Dalí.

JMA