Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Marie Sallé (v. 1707-1756). (suite)

Surnommée « la Vestale », en raison de la pureté de ses mœurs, c'est une danseuse dont le style gracieux, modeste et très expressif contraste avec celui de sa rivale M. -A. *Camargo. J. G. *Noverre loue sa danse ciselée qui évite le clinquant et dont la finesse rivalise avec la légèreté. Novatrice, elle imagine d'interpréter les *Caractères de la danse avec A. *Laval en costume de ville et sans masque, accessoire porté alors par tout danseur en scène.

Cependant ses tentatives réformatrices sont peu comprises en France. Elle les poursuit à Londres où sa sensibilité dramatique est très appréciée, y créant plusieurs *ballets pantomimes dont *Pygmalion et Bacchus et *Ariane en 1734. Elle réussit à imposer quelques-unes de ses idées dans ses réalisations à l'ARM (*entrée des Fleurs dans les *Indes galantes, 1735 ; entrée turque de l'*Europe galante, 1736 ; entrée d'Églé dans les *Fêtes d'Hébé ou les Talents lyriques, 1739) que Noverre cite comme exemples de *ballet d'action. Amie du comédien et auteur britannique David Garrick et de G. F. *Haendel (qui compose pour elle Terpsichore, prologue de son opéra Il Pastor fido, 1734), admirée de Voltaire, elle s'impose, à la fois interprète et chorégraphe, comme l'une des figures marquantes de la danse au XVIIIe siècle.

NL

Bibliographie. E. Dacier, Une danseuse de l'Opéra sous Louis XV, Mlle Sallé, Paris, 1909.

Guglielmina SALVIONI, ou [S. Guglielma ] (1842-?).

Danseuse italienne.

Elle étudie avec Augusto *Hus à l'École de danse de la *Scala, dont elle sort élève " émérite " en 1857. Elle danse à l'Opéra de *Paris (1864-1867), dans des créations d'A. *Saint-Léon, dont la *Source (1866) et dans la reprise du Poisson d'or (1867). Elle devient première danseuse au Hofoper de *Vienne (1870-1873) après avoir créé le rôle de Mirra dans Sardanapal (1869) de P. *Taglioni au théâtre Haus am Ring.

NSca

Leonard SALZEDO (né en 1921).

Compositeur britannique d'origine portugaise.

De 1940 à 1944, il étudie le violon et la composition au Royal Conservatory of Music de Londres. Après que M. *Rambert lui commande la musique de The Fugitive (A. *Howard, 1944), il se consacre presque exclusivement au ballet. Pour les *Ballets Rambert, il collabore avec N. *Morrice (The Travellers, 1963 ; Realms of Choice, 1965 ; Hazard, 1967 ; The Empty Suite/Percussion Concerto, 1970) et J. *Carter (Living Image, 1951 ; Witch Boy, 1956 ; Agrionia, 1964).

BT

Galina SAMSOVA (née en 1937).

Danseuse et directrice de compagnie russe.

Elle se forme et danse à Kiev, avant d'intégrer le Ballet national du *Canada (1961-1964) et l'*English National Ballet (1964-1973). Elle fonde et codirige avec son deuxième mari, A. *Prokovski, le New London Ballet (1973-1977). Invitée à se produire dans le monde entier, elle devient principal dancer et professeur au *Royal Ballet (1980-1990), puis directrice du *Scottish Ballet en 1990. Ne possédant ni la finesse de traits ni la perfection de jambes souvent considérées comme essentielles chez une prima ballerina, elle donne pourtant l'impression, dans les rôles classiques, d'une beauté radieuse. Peu de ses contemporaines peuvent rivaliser avec sa maîtrise et son sens dramatique dans des ballets tels que Pythoness Ascendant (1973, New London Ballet), qu'elle crée pour J. *Carter et où elle tient seule la scène pendant vingt minutes. Répétitrice et pédagogue respectée, elle remonte aussi de nombreux grands classiques.

JS, LK

(Ballet du Théâtre -) San Carlo.

Compagnie attachée au Teatro San Carlo de Naples.

Inauguré en 1737, à l'occasion de la fête de Charles de Bourbon (d'où son nom), le San Carlo joue un rôle fondamental dans l'histoire de la danse. Dès sa fondation, il dispose d'une compagnie de danse dont le premier directeur est Francesco Aquilanti secondé par sa femme Chiara. Le XVIIIe siècle est dominé par des productions du genre grotesque typiquement italien, caractérisé par une technique virtuose et dont les principaux représentants sont F. Sabioni (I quattro elementi, 1740) et Gaetano Grossatesta (Ezio, 1748 ; Demofonte, 1750). Ce dernier rachète ensuite le théâtre (1753) et y engage des disciples de l'école viennoise : Francesca et Giuseppe Salomoni, O. *Viganò. Leurs ballets-pantomime grotesques, tel Le Convive de pierre ou *Don Juan Tenorio (1769) de Viganò, introduisent au San Carlo la réforme du *ballet d'action alors en cours dans les grands théâtres européens : Ch. *Lepicq engagé par Grossatesta en 1772, obtient ainsi un grand succès en remontant des ballets de son maître J-G. *Noverre dont *Adèle de Ponthieu (1774) et Didon abandonnée (1781). Les chorégraphes napolitains, plus proches des thèses de Noverre que de celles de G. *Angiolini, privilégient alors le genre de la pantomime tragique comme en témoignent Vologeso re dei Parti (1787) de S. *Gallet, *Romeo et Juliette (1799) de G. Ronsi ou les oeuvres de D. Lefevre et G. *Gioja.

Sous la domination napoléonienne de Naples (1806-1816), le San Carlo est l'objet d'un processus de "francisation" qui tend à rapprocher son identité de celle de l'Opéra de *Paris. C'est ainsi qu'est créée en 1812 l'école de ballet, la première du genre en Italie, mise en place par L. *Henry : elle comporte deux niveaux d'étude (formation de base et perfectionnement) et sa direction est confiée d'abord à P. *Hus, puis à L. Henry et S. *Taglioni qui cumulent cette fonction avec celle de chorégraphe. A la même époque, le San Carlo présente des créations de S. Viganò (Clotilde, principessa di Salerno, 1815), L. *Duport, A. *Vestris ainsi que de G. Gioja, alors au faîte de sa carrière, qui contribue à l'ouverture de l'Ecole de mimique du théâtre en 1825, tandis que font leur débuts sur scène les élèves de l'école appelés à briller dans les ballets *romantiques : P. Samengo, A. *Guerra, F. *Cerrito.

La mort de G. Gioja (1826) puis celle de L. Henry (1836), le départ à l'étranger d'A. Guerra et de F. Cerrito ainsi que la fermeture des écoles du théâtre (1840) marquent cependant le début d'un inexorable déclin qui se prolongera jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Durant cette période, seul S. *Taglioni maintient une veine créative avec ses ballets historico-romantiques tels I promessi sposi (1836) et Marco Visconti (1841), tandis qu'un sursaut a lieu lors de la brève réouverture de l'Ecole de ballet dans les années 1860-1870 et avec les productions de L. *Manzotti (*Excelsior, 1882). Au début du XXe siècle, l'activité chorégraphique se résume à un ballet par saison, généralement sans grande originalité, telles les productions de Julia Sedova (La foresta incantata, date) et d'A. *Milloss (Aeneas, 1937).