Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
P

Jules Perrot (1810-1892). (suite)

Dès ses premières réalisations, il s'impose comme un chorégraphe inventif (Das Stelldichein, 1836). Sauf rares exceptions, il est lui-même l'auteur du livret de ses ballets et produit des œuvres profondément marquées par le romantisme. Gnomes (Der Kobold, 1838), créatures diaboliques (*Alma ou la Fille de feu ; *Faust, 1848), esprits de toutes sortes (*Ondine ou la Naïade, *Éoline ou la Dryade) hantent ses réalisations. Pittoresque et dépaysement sont au cœur de ses créations qui transportent les spectateurs dans le Paris médiéval (la *Esméralda ; Odetta o la Clemenza di Carlo VI, 1847), en Italie (*Catarina ou la Fille du bandit), dans l'Inde des Moghols (Lalla Rookh or the Rose of Lahore, 1846), en Norvège (Kaya ou l'Amour vengé, 1845), en Europe centrale (Gazelda ou les Tsiganes, 1853), sur la Méditerranée orientale (le *Corsaire). De son passage aux Boulevards, il garde le goût pour les effets de mise en scène et l'utilisation d'une machinerie sophistiquée. Longtemps associé à C. *Pugni, dont les partitions soutiennent son travail, il cherche à rendre lisible l'action, alternant scènes de foule et d'intimité et supprimant, si possible, tout entracte. Attentif à chaque personnage, de premier comme de second plan, il tente de lier du mieux possible la danse et la *pantomime afin d'apporter plus d'intensité à l'intrigue qui progresse de façon continue. Dans les ballets d'action comme dans les ballets-divertissements non narratifs (le *Pas de quatre, le Jugement de *Pâris ; les *Éléments, 1847 ; les Quatre *Saisons, 1848), il déploie son sens de la composition chorégraphique aussi bien dans les variations et les pas de deux, que dans les grands mouvements d'ensemble du corps de ballet. Par la variété de ses expériences et de ses collaborations, il s'impose comme l'une des plus grandes figures du ballet européen au XIXe siècle.

NL

Bibliographie. I. Guest, Jules Perrot, Master of the Romantic Ballet, Dance Books Ltd., Londres, 1984.

Suzanne Perrotet (1889-1983).

Danseuse et pédagogue suisse.

Diplômée de l'École *Jaques-Dalcroze de Genève (1909), de 1910 à 1912 elle suit ce dernier à Dresde et à *Hellerau, où elle a pour élèves M. *Rambert et M. *Wigman. En 1913, elle rencontre R. *Laban, à *Ascona, avec qui elle vit et travaille jusqu'en 1917. Elle se produit avec les *dadaïstes et accompagne au piano Wigman au théâtre Pfauenbühne. Dès 1920, elle dirige sa propre école à Zurich, où M. *Terpis et T. *Schoop sont ses élèves. À partir de 1945, elle enseigne à Zurich dans le département des sports (ETH) et à l'école du spectacle. Membre fondateur du Syndicat professionnel suisse pour la gymnastique et la danse, elle reste une des figures emblématiques de l'*Ausdruckstanz en Suisse.

MF

Bibliographie. G. J. Wolfensberger, Suzanne Perrotet, Ein Bewegtes Leben, éditeur, Berne, 1989.

Louis Luc Loiseau de Persius (1769-1819).

Violoniste, compositeur et chef d'orchestre français.

Personnage éclectique de la vie musicale française, sa carrière se déroule surtout à l'Opéra de *Paris, où il est chef d'orchestre et directeur artistique. Il compose des musiques pour les ballets de L. J. *Milon (le Retour d'Ulysse, 1807 ; *Nina ou la Folle par amour, 1813 ; l'Épreuve villageoise, 1815 ; Clari ou la Promesse de mariage, 1820) et J.-P. *Aumer (l'Honneur des femmes, 1816 ; le Sommeil enchanté, 1818).

SZ

Kurt PETERS (né en 1915)

Danseur, maître de ballet, pédagogue, critique et historien de la danse allemand.

Élève de Mariska Rudolph et d'Alexandra Fedorova-Fokine, il s'oriente vers l'enseignement dès 1945. Il est maître de conférence et codirecteur de l'Institut de danse théâtrale (Bühnentanz) à Cologne, éditeur de la revue Das Tanzarchiv, fondateur et directeur de la collection et de la bibliothèque internationale de la danse du même nom. Il est aussi le président de la Society of Friends of Dance Art et de The Work Circle for the Preservation and Research of the German Folk Dance. Ses nombreuses publications et son engagement en faveur de la danse lui valent, en 1984, le Deutschen Tanzpreis.

EL

Bibliographie. K. Peters, Probleme des Theatertanzes, Balletschule und Tanztheater, 1958 ; Lexikon der Klassischen Tanztechnik, 1961 ; Lola Rogge - eine Insel der musischen Tanzkultur, 1964 ; Kinetographisches Lexikon der Klassischen Tanztechnik, 1965 ; 10 Jahre Internationale Sommer Akademie, 1966 ; Ballett im Hessischen Staatstheater Wiesbaden, 1968.

Michael PETERS (1948-1994) .

Danseur, chorégraphe, metteur en scène américain.

Après avoir étudié la danse à New York , il débute à la télévision italienne en 1966, assiste Lester Wilson en Allemagne sur la production de Jesus Christ Superstar, puis retourne aux États-Unis signer sa première chorégraphie pour la chanteuse Donna Summer. Après avoir dansé brièvement dans les compagnies d'A. *Ailey et de T. *Beatty, il se produit dans des comédies musicales de *Broadway, dont Purlie (1970, chor. L. *Johnson), The Wiz (1974, Johnson) et Raisin (1973, *MacKayle). Il connaît le succès en 1981 en cosignant la chorégraphie de *Dream Girls avec M. *Bennett ; en 1983, sa collaboration vidéo novatrice avec M. *Jackson lui vaut de nombreuses récompenses. Sa carrière s'oriente alors vers la mise en scène télévisée et les vidéos musicales (clips).

Concevant la chorégraphie comme un outil narratif, il s'oppose à l'idée de la danse pour la danse : celle-ci doit véhiculer une émotion ou raconter une histoire. Dans les années 1980, son travail de vidéaste renouvelle la façon de filmer la danse et lui vaut le surnom de « Balanchine de MTV ».

ESe

Lucien Petipa (1815-1898).

Danseur, chorégraphe et pédagogue français.

Fils de Jean-AntoinePetipa(1787-1855), danseur et *maître de ballet, et frère aîné de Marius *Petipa, il est formé par son père au Conservatoire de la Danse de Bruxelles. Enfant, il débute dans les ballets montés par son père au théâtre de la Monnaie. Soliste au Grand Théâtre de Bordeaux de 1835 à 1839, il fait ensuite carrière comme premier sujet à l'Opéra de *Paris jusqu'en 1862. Maître de ballet en second, il monte *Sacountala (1858) avant d'être nommé premier maître de ballet en 1860. Non rétabli à la suite d'un accident de chasse, il est renvoyé en 1868. Il se rend à Bruxelles où il dirige le Conservatoire de la danse (1872-1875) puis enseigne le maintien et la danse au Conservatoire royal de musique (1875-1878). En 1882, l'Opéra de Paris fait appel à lui pour créer sa dernière œuvre, Namouna (mus. E. *Lalo).