Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
H

Anna HALPRIN, ou [H. Ann ] (née en 1920). (suite)

Sa recherche met en place des outils de production du mouvement et de composition qui travaillent à affranchir le corps des modèles de la *modern dance au profit d'une approche sensorielle et relationnelle. Dans Five-Legged Stool (1962), elle opère une première rupture en introduisant le principe des *tasks [tâches] : les danseurs ont pour consigne des actions *quotidiennes simples (porter des objets, nettoyer, verser, etc.). Tout en se dégageant de la norme du mouvement « dansé », les tasks font apparaître le processus chorégraphique, lui-même déterminé par l'*aléatoire de la durée et de la spatialisation de l'action. Avec Exposizione, réponse à une commande de L. *Berio (1963), elle déplace la danse partout à l'intérieur et hors du théâtre. Elle investit des galeries, des lieux extérieurs (parking, chantier, plage). S'attaquant à toutes les conventions de la scène et du spectacle, elle permute les rôles entre danseurs, musiciens, plasticiens ; *Parades and Changes attaque le tabou de la nudité. Parfois violentes, les réactions du public face à ces formes iconoclastes servent de matériaux à un nouveau cycle sollicitant la participation active du public. City Dance (1976-1977) réunit le SFDW et plusieurs centaines d'habitants de San Francisco sur une partition qui se déploie à travers la ville. Avec Ceremony of Us (1969), le SFDW devient l'une des premières compagnies multiethniques, après quoi le gouvernement lui coupe les subventions. Elle présente New Time Shuffle (1970) dans les prisons. À la suite d'un cancer, elle fonde le Tamalpa Institute (1978), où elle propose un enseignement appelé « Life / Art Process » [processus vie / art] à partir de techniques somatiques, de danse, de visualisation et d'autoportrait. Là encore son travail excède la danse, et c'est avec des visées thérapeutiques qu'elle poursuit son œuvre. Inspirée par les danses des Indiens Pomo, elle refuse désormais l'idée de spectacle et présente des rituels qui incluent de larges groupes, dont *Circle the Earth (1986) est le plus emblématique.

Son œuvre vise une négation radicale des valeurs esthétiques existantes, notamment en abandonnant tout rapport mimétique du danseur au chorégraphe. Elle élabore un corps autonome, explorant chaque articulation ou segment à rebours de toute logique anatomique. Son travail d'atelier met l'accent sur les dimensions organiques du corps, le poids, la respiration profonde, la voix. Jouant des situations d'urgence, des tasks et de l'improvisation, elle recherche un corps tendu d'émotions en accord avec un monde en expansion. Son travail s'inscrit également de façon déterminante dans la nature, tandis que son engagement lui fait rencontrer les questions politiques des minorités. Son parcours peut s'envisager comme le trait d'union entre une certaine vision utopiste des avant-gardes historiques et une conception « an-héroïque » du corps. Anna Halprin a reçu de nombreux prix, dont le S. H. Scripps Award pour l'ensemble de son œuvre à l'*American Dance Festival (1997).

ABu

Autres chorégraphies. Rites of Women (1959) ; Birds of America (1960) ; April 1962 Event (1962) ; Visage (1963) ; Procession (1964) ; Apartment 6 (1965) ; The Bath (1967) ; Myths (1967-1968) ; Lunch (1968) ; Look (1968) ; Event in Chapel (1969) ; Initiations and Transformations (1971) ; Ritual and Celebration (1977) ; Male and Female Rituals (1978) ; Arcosanti Alive (1978) ; Celebration of Life (1979) ; Search for Living Myths and Rituals through Dance and Environment (1980) ; In and On the Mountain (1981) ; Return to the Mountain (1983) ; The Planetary Dance (1987) ; Carry Me Home (1990).
Bibliographie. A. Halprin, Moving towards Life, Five Decades of Transformational Dance, Wesleyan Univ. Press, 1995.
Filmographie. The Bed (réal. James Broughton, 1963) ; Four in the Afternoon (réal. J. Broughton, 1963) ; Pow (KPIX-TV, 1968) ; Right On (KQED-TV, 1969) ; Ann : A Portrait (réal. Connie Besson, 1971) ; The Bust (KQED-TV, 1971) ; How Sweet It Is (réal. Lawrence Halprin, 1975).

Prénom HALSTON (né en DATE).

Costumier américain.

Il signe la plupart des costumes de M. *Graham de Lucifer (1975) à Night Chant (1988). Entre épure et illustration, ses costumes accompagnent les thèmes chorégraphiques tout autant qu'ils épousent le corps des danseurs selon le "patron" établit par Graham. C'est en effet elle-même, qui jusque dans les années 1970, crée ou conçoit en accord avec Edithe Gylfond les costumes de la compagnie. Ce patron grahamien est particulièrement marqué pour les robes : buste serré et cintré, dessinant étroitement la poitrine et s'évasant souplement vers le bas, de sorte que le haut expose bras et visage mais maintienne une dignité d'expression que rien ne doit altérer, tandis que l'ampleur du bas permet de larges extensions, une mobilité du bassin et une fluidité du travail des jambes que la robe voile et révèle en même temps. Cette dualité sera immortalisée dans les photographies de Barbara Morgan.

DD

Hambourg (Ballet de l'Opéra de).

Compagnie allemande basée au Hamburgischen Staatsoper.

Dès son ouverture en 1678, l'Opéra de Hambourg présente de nombreux ballets français joués par des compagnies étrangères et souvent adaptés pour l'occasion (notamment par l'intervention du décorateur Johann Oswald Harms). En 1769, Friedrich Ludwig Schröder essaie de constituer une compagnie au Ackermannsches Komödienhaus, mais il faut attendre 1838 pour que Hambourg dispose d'une troupe permanente qui se produit alors aux côtés de M. *Taglioni, C. *Grisi, L. *Grahn et surtout de F. *Elssler.

Jusque dans les années 1950, seul les maîtres de ballet K. *Lanner (1855-1865) et Helga Schwedlund (1932-1955) créeront des œuvres notoires. Toutefois, dans les années 1920, Hambourg devient parallèlement un centre de l'*Ausdruckstanz, avec la création des Hamburger *Bewegungschöre Rudolf von *Laban (1922), dirigée par la suite par L. *Rogge, qui créera des chorégraphies de masse pendant la période nazie. Après la Seconde Guerre mondiale, le ballet est dominé par le style *néoclassique, notamment avec l'accueil de productions de G. *Balanchine et du *NYCB dans les années 1960.