Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Meg STUART (née en 1965).

Danseuse et chorégraphe américaine.

Née à La Nouvelle-Orléans, elle étudie la danse à New York et fait partie, de 1986 à 1992, de la compagnie de Randy Warshaw. Elle crée ses premières pièces en Europe à partir de 1989, et fonde la compagnie Damaged Goods, à Bruxelles, en 1994.

Avec Disfigure Study (1991), elle donne le ton d'une « danse du désastre » qu'elle profile dans un désenchantement de lignes brisées, un espace chorégraphique du repli corporel et une architecture du mouvement fondée sur la déstructuration et la dissociation. Elle propose dans plusieurs villes européennes le projet Crash Landing (1995-1998), basé sur la rencontre improvisée d'artistes de différentes disciplines. Elle crée des pièces pour le Ballet de l'Opéra de *Berlin (1994) et pour M. *Baryshnikov (1997), mais c'est surtout l'acuité de ses rapprochements avec les arts plastiques qui singularise sa recherche. D'une « installation-danse » au musée de Gand (1994) à des collaborations avec le vidéaste Gary Hill pour Splayed Mind Out (1997), puis avec la plasticienne Ann Hamilton pour Apetite (1998), elle explore la voie d'un corps fragmenté, fissuré.

JMA

Autres chorégraphies. No Longer Readymade (1993) ; No One is Watching (1995) ; Insert Skin (1996-1997).

(Ballet de) Stuttgart.

Compagnie allemande basée au Würtemberg Staattheater.

Ses origines remontent aux fêtes données à la cour de Wurtemberg dès 1609. C'est à Jacques Courcelles, maître de ballet à la cour de 1684 à 1709, spécialisé dans le ballet chanté, que la compagnie doit ses premières heures de gloire. Celle-ci est encore renforcée par l'arrivée comme maître de ballet de J. G. *Noverre (fin 1759-janv. 1767), dont l'œuvre réformatrice (*Médée et Jason, les Danaïdes, etc.) et les écrits font converger sur Stuttgart le regard de l'Europe entière. À partir de 1766, le nombre de danseurs de la compagnie, alors dirigée par Louis Dauvigny, est rigoureusement réduit pour des raisons d'économies. En 1771, une première tentative est cependant faite pour créer une école qui fonctionnera jusqu'en 1794. Le ballet connaît une nouvelle période faste avec l'arrivée, en 1824, de Ph. *Taglioni, comme maître de ballet, et de sa fille Marie Taglioni, comme ballerine, pour une période de 4 ans. C'est là que Ph. Taglioni crée *Jocko ou le Singe du Brésil (1826), qui tournera dans toute l'Europe. Par la suite ne séjournent que des compagnies invitées à la cour et le théâtre n'héberge que les quelques danseurs engagés pour les opéras.

Au début du XXe siècle, de nombreux chorégraphes se succèdent à la tête du ballet (notamment Lina Gerzer dans les années 1930), mais il faut attendre l'arrivée de N. *Beriozoff, en 1958, pour que le ballet reprenne vie : ses productions classiques sont à l'origine du succès mondial que connaîtra la compagnie sous la direction de J. *Cranko (1961-1973). Celui-ci s'emploie à améliorer le niveau technique de la troupe, effort bientôt couronné de succès par des tournées toujours plus nombreuses à travers le monde. Figurent alors parmi les principaux danseurs M. *Haydée, Ray Barra, Ana Cardus, B. *Keil, E. *Madsen, R. *Cragun et H. *Clauss. Le répertoire de Cranko est composé de grands ballets classiques, mais aussi d'œuvres comme *Roméo et Juliette, *Onéguine et la Mégère apprivoisée ou de ballets plus courts créés pour la compagnie par des chorégraphes invités, tels K. *MacMillan ou P. *Wright. Les longues tournées à l'étranger conduisent, en 1970, à la création du Noverre Ballett qui se produit essentiellement à l'occasion des représentations d'opéras, jusqu'à sa réintégration au sein de la compagnie principale, en 1973. Travaillant également au développement de l'École (qui devient un internat en 1971), Cranko trouve un ferme soutien dans la Noverre-Gesellschaft [Société Noverre], fondée en 1958 avec pour objectif d'aider de jeunes chorégraphes, parmi lesquels Ashley Killar, Gray Veredon, J. *Neumeier et J. *Kylián. Après la mort de Cranko, c'est G. *Tetley qui prend la direction du ballet (1974-1976), puis M. Haydée (1976-1996), secondée par DXXX Graefele et Alan Beale. En 1996, Reid Anderson, soliste de la compagnie depuis 17 ans, lui succède.

SJ

Bibliographie. G. Kilian, Stuttgarter Ballett, Weingarten, 1991.

Bart STUYF (né en 1944).

Danseur et chorégraphe néerlandais.

Il étudie la danse classique et fait ses débuts au *Scapino Ballet (1962-1964), puis rejoint la compagnie de son frère K. *Stuyf (1965-1967). Il se perfectionne ensuite à la Martha *Graham School (1967-1969). De retour à Amsterdam, il fonde la compagnie Multimedia, rebaptisée par la suite Bewegingsgroep.

Il développe un travail mêlant danse et arts plastiques qui évoque R. *Wilson et A. *Nikolaïs, bien qu'il n'ait jamais travaillé avec eux. Basées sur un mouvement non expressif, athlétique, voire acrobatique, ses chorégraphies font souvent appel à des dispositifs scénographiques expérimentaux : disques tournants sur lesquels évoluent les danseurs et qui entraînent des variations cycliques de distance entre ceux-ci (Endless, 1974), immenses miroirs rotatifs transformant la scène en kaléidoscope (Spiegels, 1978), paroi qui fond et se répand sur le sol (Grey, 1980).

PLM

Autres chorégraphies. Reuzenturbine [Turbine géante] (1971) ; Squeeze [Compression] (1975) ; Éventails (1976) ; Kluft [Déclivité] (1979).

Koert STUYF (né en 1938).

Danseur, chorégraphe et pédagogue néerlandais.

Formé à la technique classique, il débute au Ballet der Lage Landen, puis étudie aux États-Unis, notamment avec M. *Cunningham, M. *Graham et L. *Hoving. De retour aux Pays-Bas, il fonde la Stichting Eigentijdse Dans [Fondation Danse contemporaine] avec sa femme, Ellen Edinoff, danseuse de formation Graham et Cunningham. Ses créations servies par la virtuosité d'Edinoff s'inspirent fortement du travail de Cunningham (mouvement abstrait, processus aléatoires, exploration de la relation espace-temps, recours à des objets hétéroclites). À partir de 1975, ils se consacrent exclusivement à l'enseignement. Ils comptent parmi les pionniers de la danse contemporaine néerlandaise.

PLM

Chorégraphies. Focus I to IV (1966) ; Visibility by Chance (1967, B. National des *Pays-Bas) ; Mutation (1968) ; Trottoir (1970) ; Calico (1974).