Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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John TARAS (né en 1919).

Danseur, chorégraphe, maître de ballet et pédagogue américain.

Il étudie avec M. *Fokine, A. *Vilzak, L. *Schollar, Elisabeth Ivantzova et à la *School of American Ballet. Il se produit dans des *comédies musicales, danse à l'American *Ballet Caravan (1940) et au *Littlefield Ballet (1941). Soliste et maître de ballet au *Ballet Theatre (1942-1946) où il crée sa première œuvre (Graziana, 1945), il commence ensuite à chorégraphier pour diverses compagnies, signant en 1948, pour le Metropolitan Ballet de Londres, *Designs with Strings, une de ses œuvres majeures. Maître de ballet et chorégraphe du Grand Ballet du marquis de *Cuevas (1948-1957), il aide G. *Balanchine à remonter la *Somnambule (1955, *B. royal danois) et devient en 1959 son assistant au *NYCB. Il tient ce rôle jusqu'en 1983, s'absentant occasionnellement pour exercer les fonctions de maître de ballet (Opéra de *Paris, 1969-1970 ; Opéra de *Berlin, 1971-1972) et pour chorégraphier ou remonter des œuvres de Balanchine, notamment en Europe. En 1984, il retourne à l'*ABT comme directeur adjoint, où il se consacre aussi à l'enseignement, trait constant de toute sa carrière.

Interprète remarqué de Balanchine, mais aussi d'A. *Dolin et dans le répertoire de Fokine, Taras reste surtout connu comme chorégraphe. Il développe un style strictement classique dans des œuvres qui oscillent entre abstraction et narration, où la lumière joue un rôle important, tels Camille (1947, *Original Ballet Russe) ou Piège de lumière (1952, Gd. B. du marquis de Cuevas), tandis que la musique constitue sa source d'inspiration majeure (Scènes de ballet, 1954, mus. I. *Stravinski, Nederlandse B. ; Ebony Concerto, 1960, mus. Igor Stravinski. , NYCB). Il signe également de nouvelles versions du répertoire des *Ballets Russes (*Jeux, 1966, NYCB ; le *sacre du printemps, 1973, *Scala ; l'*Oiseau de feu, 1982, *D. Th. of Harlem) et monte pour l'ABT *Giselle (avec M. *Barychnikov) en 1987.

MK, PLM

Autres chorégraphies. The Minotaur (1947, *Ballet Society) ; Devoirs de vacances (1949, *B des Champs-Élysées) ; Cordelia (1952, Gd B. du marquis de Cuevas) ; Arcade (1963, NYCB) ; Dolly Suite (1971, *Boston B.), Trio (1991, Pittsburgh B. ).

Gottfried TAUBERT (1679-1760 ?).

Maître à danser allemand.

Il travaille à Leipzig, où il publie, en 1717, un imposant traité, Rechtschaffener Tantzmeister [...] [le Parfait Maître à danser...], qui contient notamment la première traduction en allemand de la Chorégraphie de R.-A. *Feuillet. Après un regard historique, philosophique et moral sur la danse, constituant la première partie de l'ouvrage, l'auteur, qui privilégie l'étude de la *belle danse, aborde l'explication des *pas, des *ports de bras, des danses fondamentales (*courante, *menuet, *bourrée), expose les principes de la *notation chorégraphique en les illustrant de quelques danses notées de Feuillet et L. *Pécour, et termine par six chapitres consacrés à la danse théâtrale. La troisième partie contient des réflexions sur les maîtres à danser, les élèves, les assemblées où l'on danse et les bals. Son objectif est d'éduquer la jeunesse à la galanterie et aux bonnes manières en prenant comme modèle la France. Il y critique le premier livre de danse en langue allemande, qu'il juge incomplet, commercial et égocentrique. En fait, Taubert relance les mêmes critiques que celles adressées 14 ans auparavant à l'ouvrage de S. *Behr, auquel il se réfère probablement, sans tenir compte de la réponse de ce dernier. Il justifie ainsi dans la préface sa décision d'écrire un traité plus précis. Son livre, de plus de mille pages, est un témoignage précieux sur l'appropriation et l'interprétation des acquis français par les maîtres allemands.

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Paul TAYLOR (né en 1930).

Danseur et chorégraphe américain.

Il fait ses études à l'université de Syracuse (État de New York), réputée pour l'enseignement des arts plastiques, tout en pratiquant intensément la natation. En 1952 il entre pour un an à la *Juilliard School de New York, et suit parallèlement les cours de danse classique de A. *Tudor et M. *Craske à l'École du Metropolitan Opera. Danseur virtuose et éclectique, il est l'interprète de chorégraphes aussi divers que D. *Humphrey (1952), M. *Cunningham (1952-1954), C. *Weidman (1954), M. *Graham (1955-1962). Il crée pour cette dernière des rôles importants, notamment Égiste dans *Clytemnestra (1958), Hercule dans Alcestis (1960), Thésée dans *Phaedra. Il danse aussi régulièrement pour des productions télévisées et dans des pièces théâtrales populaires.

Dès 1954, il commence à chorégraphier (Jack and the Beanstalk), et collabore avec R. *Rauschenberg pour ses onze premières pièces. Aussi éclectique dans son style chorégraphique que comme interprète, il revendique à ses débuts un style « expressioniste abstrait » emprunté à Rauschenberg et J. *Johns dont il est très proche. Ses premières œuvres, formalistes et abstraites, empruntent les méthodes des avant-gardes de la *postmodernité, et son premier succès est le fruit d'une polémique : Duet (1957), pièce immobile présentée sur le 4'33'' silencieux de J. *Cage, suscite une critique « blanche » de L. *Horst dans le Dance Observer. C'est cependant avec *Aureole (1962), petite merveille de danse pure, qu'il connaît son premier triomphe ; la compagnie entreprend dès lors de nombreuses tournées en Europe et dans le monde entier.

Au-delà de la diversité de son œuvre, apparaît une sorte d'alternance entre des pièces "lumineuses", selon ses propres termes, et d'autres plus sombres ; certaines radicalement abstraites, et d'autres explicitement narratives. Le succès populaire de Taylor tient sans doute à la grande lisibilité de son travail, et à son style gestuel héritant de ceux de Graham et G. *Balanchine autant que de la fluidité propre à E. *Hawkins. La vitalité, la musicalité et l'humour de ses pièces n'excluent pas une grande complexité d'écriture ; ses thèmes sont souvent tirés de la culture américaine (American Genesis, 1974 ; Speaking in Tongues, 1988), ou des états les plus sombres de la société contemporaine (*Big Bertha, 1971 ; Last Look, 1986), faisant parfois appel au pastiche postmoderne (From Sea To Shining Sea, 1965 ; *Orbs, 1966). Ses œuvres les plus abstraites figurent au répertoire de nombreuses compagnies (Three Epitaphs, 1956 ; Esplanade, 1975 ; Cloven Kingdom, 1976 ; Arden Court, 1981, Compagnie B, 1991).