Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Karlheinz STOCKHAUSEN (né en 1928). (suite)

Bien qu'il ne compose rien expressément pour la danse, le mouvement corporel joue un rôle important dans sa musique par son lien étroit avec l'évolution formelle de ses compositions. C'est notamment le cas dans Inori (1974) - pièce pour orchestre et deux danseurs-mimes - et dans le cycle des sept jours de la semaine Licht (commencé en 1977 et en cours de composition), où il propose en particulier pour Examen (1979) et Vision (1980) des attitudes, des postures, et des gestes aux interprètes.

ALai

Sur la musique de Stockhausen. H. *Van Manen (Point of No Return, 1966 ; Mutations, 1970) ; G. *Tetley (Ziggurat, 1967 ; Field Figures, 1970 ; Mutations, 1970) ; M. *Descombey (Zyklus, 1968 ; Hymnen, 1971 ; Es, 1973 ; le 8e jour, 1973) ; M. *Béjart (Stimmung, 1972) ; P. *Lamhut (Two Planes, 1972) ; R. *Van Dantzig (Gesang der Jünglinge, 1977) ; O. *Aráiz (Gesten, 1976) ; K. *Armitage (G.V. 10, 1984).

Bentley STONE (1908-1984).

Danseur, chorégraphe et pédagogue américain.

Après des débuts dans des *comédies musicales, il fait une brillante carrière de danseur - *Chicago Civic Opera Ballet (1930-1932), Chicago Grand Opera Ballet (1933), Page-Stone Ballet (1938-1941), *Ballet russe de Monte-Carlo (1945) - intimement mêlée à celle de R. *Page avec qui il se produit dans des duos de leur composition (Buenos dias Señorita, 1934 ; An American Pattern, 1937 ; les Incroyables, 1941 ; Harlequinade, 1948). Auteur lui-même d'une vingtaine de ballets, des Biches à Casey at the Bat, il collabore avec R. Page sur des créations remarquables, dont *Frankie and Johnny (1938) et *Guns and Castanets (1939). En 1941, avec Walter Camryn, il fonde une école de danse à Chicago, la Stone-Camryn School à laquelle il se consacre entièrement après avoir quitté la scène et qui devient très vite le meilleur centre de formation en ballet du Midwest.

MK

Grant Elroy STRATE (né en 1927).

Danseur, chorégraphe, pédagogue et administrateur canadien.

Diplomé en droit, il est, en 1951, l'un des danseurs fondateurs du Ballet national du *Canada avec pour seule formation des cours de *claquettes dans son enfance et la pratique de la danse moderne comme loisir, ainsi qu'une formation d'acteur qui le destine naturellement aux rôles de *caractères. En 1956, il s'oriente vers la chorégraphie signant The Fisherman and his Soul et devient assistant du directeur artistique de la compagnie : en charge d'aspects artistique et financier, il négocie les contrats des chorégraphes invités tout en enseignant. Chorégraphe résident de la compagnie de 1960 à 1969, il crée aussi des œuvres pour d'autres compagnies dont le *Ballet royal suédois, pour la *Juilliard School, ainsi que pour des artistes indépendants et des compagnies d'opéra. En 1970, il fonde le programme de danse de la York University de Toronto où, en 1978, il lance un séminaire de chorégraphie dirigé par R. *Cohan, formule qu'il reprend à la Banff Centre School of Fine Arts en 1980 puis, en 1985 et 1991, à la Simon Fraser University de Vancouver où il a instauré un cursus en danse en 1980. Pédagogue réputé, il enseigne les techniques classique et moderne de Copenhague à Pékin jusqu'à sa retraite en 1994.

LHB

Johann STRAUSS (1825-1899).

Compositeur autrichien.

Chef de la musique instrumentale puis directeur des bals de la cour de Vienne, Johann Strauss fils (par opposition à Johann Strauss père qui est aussi compositeur) écrit une quinzaine d'opérettes, dont le Baron tzigane et la Chauve-souris, mais surtout quelque 170 *valses, 80 *quadrilles et 140 *polkas. Dénommé le « roi de la valse », il donne leurs lettres de noblesse à ces danses par des compositions d'envergure qui au charme allient une solide construction.

On ne connaît qu'un seul ballet de lui, *Cendrillon, dont la partition découverte après sa mort et arrangée par J. *Bayer est portée à la scène par E. Graeb (1901, Berlin). Nombre de ses musiques seront toutefois chorégraphiés dans divers arrangements à commencer par les deux plus célèbres : la valse le Beau Danube bleu (v. 1905, M. *Allan ; 1911, A. *Pavlova ; 1924, L. *Massine ; 1940, S. *Lifar ; 1956, Boris Fenster) et l'opérette la Chauve-souris, utilisée sous différentes formes par G. *Balanchine (1936), R. *Page (1961), R. *Hightower (1966) ou R. *Petit (1979). Source féconde de chorégraphies placées sous le signe du divertissement léger ou du merveilleux, au destin souvent fugitif si l'on excepte le *Bal des cadets (1940, D. *Lichine) et Straussiana (1941, V. *Bourmeister), la musique de J. Strauss est aussi l'occasion pour les chorégraphes de se confronter aux formes de la danse de bal (Humoresque and Polka, 1922, M. *Fokine ; la Mazurka, 1957, Léon Danielian ; Kettentanz, 1971, G. *Arpino ; Tingel-Tangel Tänze, 1971, L. *Christensen ; Vienna Waltzes, 1977, Balanchine ; Alles Walzer, Renato Zanella, 1996), Strauss étant le plus souvent dans ce cas associé à d'autres compositeurs.

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Sur la musique de J. Strauss. J. *Hassreiter (Rund um Wien, 1894) ; Fokine (Polka-pizzicato, 1906) ; I. *Duncan (Roses du Sud, 1915) ; H. *Kröller (Conte des bois viennois, 1926) ; R. *Laban (la Belle au bois dormant, 1929) ; F. *Ashton (Perpetuum mobile, 1937) ; W. *Christensen (Old Vienna, 1938) ; E. *Hanka (Titus Feurfuchs, 1941 ; Höllische G'schicht, 1949) ; A. *Milloss (Follia viennese, 1943 ; Vienna si diverte, 1957 ; Wiener Operette, 1972) ; J. *Cranko (Tritsch-Tratsch, 1946) ; G. *Harangozo (Promenade Concert, 1948) ; J. *Charrat (Champagne Party, 1962) ; H. *Van Manen (Einlage, 1980) ; R. Petit (Rythmes de valse, 1994).

Richard STRAUSS (1864-1949).

Compositeur allemand.

Fils du corniste Franz Strauss et épigone wagnérien à ses débuts, il est un brillant chef d'orchestre (festival de Bayreuth, théâtres de Monaco et Berlin). Directeur de l'Opéra de *Vienne de 1919 à 1924, avec Franz Schalk, il imprime une marque profonde sur le théâtre d'opéra en développant l'introspection psychologique des personnages à partir des théories de Sigmund Freud dans lesquelles puise généreusement le dramaturge et romancier Hugo von Hofmannsthal, son librettiste de prédilection.

Kythere (1900), son premier projet de ballet, inspiré de l'univers d'Antoine Watteau, reste au stade de l'esquisse. Le second, la Légende de *Joseph, né de la collaboration avec Hofmannsthal et Harry Kessler, est créé par les *Ballets russes (1914, M. *Fokine, Opéra de *Paris) : l'insuccès de la création n'empêchera pas le ballet d'être repris par la suite par de nombreux chorégraphes. Strauss compose également Schlagobers (1924, H. *Kröller, Op. de *Vienne ; 1939, Lina Gerzer, B. de *Stuttgart), Die Ruinen von Athen (1924, d'apr. les Créatures de *Prométhée de L. van *Beethoven) ainsi qu'une suite de danse à partir de plusieurs pièces de F. *Couperin chorégraphiée par Kröller sous le titre Höfische Tänze im Stil Ludwigs XIV et qu'il complète ensuite pour les *Mlakar (Verklungene Feste, 1941 ; autres vers. Couperin Suite, 1944, E. *Hanka ; 1950, V. *Gsovski ; Hommage à Couperin, 1970, A. *Milloss). Mais c'est surtout comme compositeur d'opéra qu'il reste une figure importante pour la danse du xxe siècle : il lui donne en effet un rôle de premier plan dans les finales extatiques et délirants de *Salomé (1905) et Elektra (1909), dont les protagonistes, furies déchaînées, abandonnent temporairement la parole et s'en remettent finalement à la force du corps pour s'exprimer pleinement. Cette « Danse de Salomé » inspirera d'ailleurs de nombreux chorégraphes. Outre la plupart de ses poèmes symphoniques - *Macbeth, *Don Juan, *Till Eulenspiegel, *Don Quichotte, Ein Helden Leben (1929, Ira Lewison), Mort et Transfiguration (1934, Milloss ; Blown in Gentle Wind, 1975, R. *Van Dantzig) - et son drame musical le *Bourgeois gentilhomme, seront également chorégraphiés ses Métamorphoses (1962, Y. *Georgi ; 1966, S. *Lifar ; 1980, Goeffrey Cauley) et ses Vier letzte Lieder (1966, ? ? ? ? *MacDonald ; 1970, Serait-ce la mort ?, M. *Béjart ; 1977, Van Dantzig).