Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
R

(Rossiyskaïa Akademiïa Teatralnogo Iskousstva)[Académie russe de l'art théâtral] RATI. (suite)

Dédié à l'origine à l'art théâtral, appelé Gosoudarstvenni Institout Teatralnogo Iskousstva [Institut d'État d'art théâtral] ou GITIS de (date) à 1991, cet institut réuni de nos jours plusieurs facultés où se forment acteurs, metteurs en scène, historiens et critiques de théâtre, et depuis 1946 une faculté pour chorégraphes. Cette dernière est dirigée par R. *Zakharov de 1946 à 1984, Vladimir Vassiliev de 1986 à 1995 et Evgueni Valoukine depuis 1995. De nombreux chorégraphes travaillant dans les républiques de l'ex-Union soviétique, dans les provinces russes (comme Evgueni Panfilov) ou dans les pays de l'ancien bloc socialiste, ainsi que des danseurs du *Bolchoï (V. *Gordeïev, M. *Lavrovski, etc.) souhaitant obtenir un diplôme d'études supérieures, ont fait leurs études dans cette école.

ESou

Alexeï Ratmanski (né en 1968).

Danseur et chorégraphe ukrainien.

Il étudie à l'École de danse de *Moscou et rejoint le Théâtre d'opéra et de ballet de Kiev (1986-1992 et 1995-1997). De 1992 à 1995, il travaille au Ballet Royal de *Winnipeg et au *Ballet royal danois en 1997. Interprète brillant des grands rôles du répertoire, il signe ses premières chorégraphies au *Bolchoï avec les Charmes du maniérisme (1997, mus. F. *Couperin - R. *Strauss), Capriccio (1997, mus. I. *Stravinski) et les Rêves du Japon (1998, mus. trad. japonaise), oeuvres qui renouvellent le sens scénique de la virtuosité russe et libèrent les artistes de l'académisme.

ESou

Alain de RAUCOURT (né en 1950).

Costumier français.

Il fait ses études aux Beaux-Arts de Marseille, puis à l'école des Arts décoratifs de Paris. Parallèlement à un parcours de danseur (Tabula rasa, 1980, F. *Verret) et de chorégraphe, il réalise des costumes, surtout à partir de 1987, pour de nombreux chorégraphes (E. *Wolliaston, M. *Fossen, S. *Buirge, C. *Gérard, D. *Petit, J. *Patarozzi, K. *Waehner). Sa double appréhension de l'univers de la danse lui fait considérer le costume comme « une seconde peau ». Son style, parfois qualifié de « baroque », épouse plutôt le motif chorégraphique, même si, à ses yeux, « le costume raconte une histoire parallèle ».

CD

Robert RAUSCHENBERG (né en 1925).

Plasticien américain.

Il fait ses études au Kansas City Art Institute (1940-1947), à l'Académie Julian à Paris (1947) puis au *Black Mountain College (1948-1950) où il côtoie J. *Cage et M. *Cunningham. En rupture totale avec l'expressionnisme abstrait américain, son style pictural se définit par l'introduction délibérée d'éléments hétéroclites associés souvent à une toile encollée. En 1952, il participe avec Cage et Cunningham à Theater Piece, véritable acte de naissance du *happening : simultanément aux autres interventions d'artistes de disciplines différentes, Rauschenberg passe de vieux disques sur un phonographe et projette des diapositives de gélatine colorée sur ses « white paintings » - grands monochromes blancs peints à l'huile - suspendus au plafond.

C'est pour une chorégraphie de Cunningham, Minutiae (1954), qu'il réalise sa première scénographie ou plus exactement son premier « combine painting », collage et assemblage d'objets de la vie quotidienne collés sur fond pictural expressionniste. Jusqu'en 1964, l'artiste mène ses recherches esthétiques auprès du chorégraphe. Il devient son complice, son mécène (la vente de ses œuvres déjà cotées sur le marché de l'art permet de financer, entre autre, plusieurs tournées), son scénographe, costumier, éclairagiste, et surtout le premier conseiller artistique de la compagnie, dans l'histoire de laquelle l'ère Rauschenberg reste celle d'une exceptionnelle synergie créatrice.

Son intérêt pour le mouvement l'amène à collaborer parallèlement avec P. *Taylor (1954-1962) et à participer à l'aventure collective légendaire du *Judson. Il y rencontre T. *Brown pour qui il conçoit ensuite plusieurs scénographies, jouant notamment de projections d'images de matériaux empruntées à la NASA (*Glacial Decoy, 1979), de machines montées sur roulettes qui interfèrent avec la danse (*Astral Convertible, 1989) ou imaginant une robe décolletée et fendue pour *If You Couldn't See me (1994), solo dansé entièrement de dos.

PC

Autres collaborations. Cunningham (Septet, 1953 ; Suite for Five in Space and Time, 1956 ; *Summerspace, 1958 ; *Antic Meet, 1958 ; Rune, 1959 ; Crises, 1960 ; Aeon, 1961 ; Field Dances, 1963 ; *Winterbranch, 1964), Taylor (Jack and the Beanstalk, 1954 ; Circus Polka, 1955 ; Four Epitaphs, 1956 ; Duet, 1957 ; Images and Reflection, 1958 ; Tracer, 1962) ; T. Brown (*Set and Reset, 1983 ; Foray Forest, 1990 ; If You Could See us, 1995).

Maurice RAVEL (1875-1937).

Compositeur français.

Il travaille le piano dès sept ans, puis entre au Conservatoire de Paris où il étudie la composition avec G. *Fauré. En 1901, sa cantate Myrrha lui vaut le second grand prix de Rome ; deux autres tentatives ne lui permettent toutefois pas de remporter le concours, ce qui suscite des polémiques, car il est déjà connu grâce à la Pavane pour une infante défunte (1899) et Jeux d'eau (1901). Ses compositions restent néanmoins diversement appréciées : les Histoires naturelles (1907) sur un texte de Jules Renard ou l'Heure espagnole, opéra-comique créé en 1911, sont sifflés à cause du traitement inhabituel des voix et de ses harmonies audacieuses. Entre-temps, il fonde, avec Fauré et d'autres musiciens, la Société musicale indépendante (1909) pour aider à la diffusion d'une musique contemporaine que la traditionnelle Société nationale refuse de soutenir. Passé le choc de la guerre, il accède à la notoriété : à la mort de C. *Debussy en 1918, il est considéré comme le plus grand compositeur français ; ses tournées en Europe et aux États-Unis en tant que chef et pianiste sont des triomphes. En 1928, à la demande d'I *Rubinstein, il compose le *Boléro, sa pièce la plus célèbre, qui fera le tour du monde. Une infirmité cérébrale le condamne à vivre les cinq dernières années sans écrire.

Outre le Boléro, Ravel compose deux œuvres dédiées dès l'origine à la danse. Commande de S. *Diaghilev, la symphonie chorégraphique *Daphnis et Chloé (1912, M. *Fokine) obtient un succès mitigé : sur scène, les danseurs sont rebutés par les dificultés de la partition, en particulier la mesure à 5/4 de la " Danse générale " finale, tandis que la pièce subit la concurrence du *Prélude à l'après-midi d'un Faune - il faudra attendre la reprise à Londres en 1914 puis à l'Opéra de *Paris en 1921 pour l'œuvre s'impose durablement. Également commandée par Diaghilev, la *Valse, écrite dès 1920, sera finalement refusée par ce dernier et créée seulement en 1929 par B. *Nijinska pour la compagnie Rubinstein : bien que la flexibilité du mètre et le déplacement des accents déroutent les danseurs, le ballet est cette fois un succès immédiat. Ravel adapte en outre lui-même pour la danse deux pièces qui n'étaient pas composées à cet effet : la suite Ma mère l'Oye, miniature précieuse écrite pour piano en 1908, est ainsi orchestrée, puis étoffée et portée à la scène par L. *Staats au théâtre des Arts en 1912 (autres vers. 1942, C. *Tcherkas ; 1943, T. Bolender ; Beauty and the Beast, 1949, J. *Cranko ; 1968, C. *Drzewiecki ; 1975, J. *Robbins). Le compositeur procède de même, à la demande de la danseuse N. *Trouhanova, pour les Valses nobles et sentimentales qui deviennent Adélaïde ou le Langage des fleurs (1912, I. *Clustine ; 1938, S. *Lifar) également repris sous le titre d'origine (1947, F. *Ashton ; 1964, Drzewiecki ; 1966, K. *MacMillan ; 1975, H. *Van Manen ; 1975, R. *Hynd) et parfois couplée avec la Valse (1951, G. *Balanchine). Cette flexibilité ne pouvait qu'encourager les chorégraphes à emprunter ses musiques, ce qu'il feront abondamment, notamment avec les partitions adaptées par Ravel lui-même : l'Enfant et les Sortilèges (1925, Balanchine ; 1957, L. *Chiriaeff ; 1958, A. *Milloss ; 1960, M. *Descombey ; 1964, J. *Charrat ; 1967, V. *Biagi ; 1984, J. *Kylián), *Pavane pour une infante défunte (1928, A. *Bolm ; 1929, K. *Jooss ; 1933, F. Ashton ; 1933, A. *Tudor ; 1947, S. Lifar ; 1975, Balanchine), Alborada del gracioso (1948, Lifar ; 1953, L. *Yakobson ; J. d'*Amboise, 1975), le Tombeau de Couperin (1920, J. *Börlin ; 1975, Balanchine). Sont également choisis Rhapsodie espagnole (1962, R. *Petit ; 1974, G. *Furtwängler ; 1975, Balanchine) et Schéhérazade (1974, R. Petit ; 1979, Graeme Murphy). Balanchine consacrera avec le *NYCB un festival en hommage à Ravel en 1975.