Compositeur français.
Il travaille le piano dès sept ans, puis entre au Conservatoire de Paris où il étudie la composition avec G. *Fauré. En 1901, sa cantate Myrrha lui vaut le second grand prix de Rome ; deux autres tentatives ne lui permettent toutefois pas de remporter le concours, ce qui suscite des polémiques, car il est déjà connu grâce à la Pavane pour une infante défunte (1899) et Jeux d'eau (1901). Ses compositions restent néanmoins diversement appréciées : les Histoires naturelles (1907) sur un texte de Jules Renard ou l'Heure espagnole, opéra-comique créé en 1911, sont sifflés à cause du traitement inhabituel des voix et de ses harmonies audacieuses. Entre-temps, il fonde, avec Fauré et d'autres musiciens, la Société musicale indépendante (1909) pour aider à la diffusion d'une musique contemporaine que la traditionnelle Société nationale refuse de soutenir. Passé le choc de la guerre, il accède à la notoriété : à la mort de C. *Debussy en 1918, il est considéré comme le plus grand compositeur français ; ses tournées en Europe et aux États-Unis en tant que chef et pianiste sont des triomphes. En 1928, à la demande d'I *Rubinstein, il compose le *Boléro, sa pièce la plus célèbre, qui fera le tour du monde. Une infirmité cérébrale le condamne à vivre les cinq dernières années sans écrire.
Outre le Boléro, Ravel compose deux œuvres dédiées dès l'origine à la danse. Commande de S. *Diaghilev, la symphonie chorégraphique *Daphnis et Chloé (1912, M. *Fokine) obtient un succès mitigé : sur scène, les danseurs sont rebutés par les dificultés de la partition, en particulier la mesure à 5/4 de la " Danse générale " finale, tandis que la pièce subit la concurrence du *Prélude à l'après-midi d'un Faune - il faudra attendre la reprise à Londres en 1914 puis à l'Opéra de *Paris en 1921 pour l'œuvre s'impose durablement. Également commandée par Diaghilev, la *Valse, écrite dès 1920, sera finalement refusée par ce dernier et créée seulement en 1929 par B. *Nijinska pour la compagnie Rubinstein : bien que la flexibilité du mètre et le déplacement des accents déroutent les danseurs, le ballet est cette fois un succès immédiat. Ravel adapte en outre lui-même pour la danse deux pièces qui n'étaient pas composées à cet effet : la suite Ma mère l'Oye, miniature précieuse écrite pour piano en 1908, est ainsi orchestrée, puis étoffée et portée à la scène par L. *Staats au théâtre des Arts en 1912 (autres vers. 1942, C. *Tcherkas ; 1943, T. Bolender ; Beauty and the Beast, 1949, J. *Cranko ; 1968, C. *Drzewiecki ; 1975, J. *Robbins). Le compositeur procède de même, à la demande de la danseuse N. *Trouhanova, pour les Valses nobles et sentimentales qui deviennent Adélaïde ou le Langage des fleurs (1912, I. *Clustine ; 1938, S. *Lifar) également repris sous le titre d'origine (1947, F. *Ashton ; 1964, Drzewiecki ; 1966, K. *MacMillan ; 1975, H. *Van Manen ; 1975, R. *Hynd) et parfois couplée avec la Valse (1951, G. *Balanchine). Cette flexibilité ne pouvait qu'encourager les chorégraphes à emprunter ses musiques, ce qu'il feront abondamment, notamment avec les partitions adaptées par Ravel lui-même : l'Enfant et les Sortilèges (1925, Balanchine ; 1957, L. *Chiriaeff ; 1958, A. *Milloss ; 1960, M. *Descombey ; 1964, J. *Charrat ; 1967, V. *Biagi ; 1984, J. *Kylián), *Pavane pour une infante défunte (1928, A. *Bolm ; 1929, K. *Jooss ; 1933, F. Ashton ; 1933, A. *Tudor ; 1947, S. Lifar ; 1975, Balanchine), Alborada del gracioso (1948, Lifar ; 1953, L. *Yakobson ; J. d'*Amboise, 1975), le Tombeau de Couperin (1920, J. *Börlin ; 1975, Balanchine). Sont également choisis Rhapsodie espagnole (1962, R. *Petit ; 1974, G. *Furtwängler ; 1975, Balanchine) et Schéhérazade (1974, R. Petit ; 1979, Graeme Murphy). Balanchine consacrera avec le *NYCB un festival en hommage à Ravel en 1975.