Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
E

Étalon-or (suite)

La sujétion de l'émission monétaire au stock d'or, la brutalité et les imperfections des ajustements ont provoqué l'abandon universel de l'étalon-or. Le métal jaune a aujourd'hui perdu tous ses attributs monétaires. Certaines banques centrales et le FMI ont vendu une partie de leurs réserves en or. Même la fonction traditionnelle de valeur refuge est aujourd'hui de moins en moins assurée

J.-M. S.

Etat

L'État joue un rôle économique essentiel à travers les règles de droit qu'il impose à tous, sa politique monétaire et budgétaire, la redistribution des revenus et la protection sociale, la défense de l'intérêt général et la prise en compte du long terme dans les grandes décisions économiques impliquant l'avenir de la nation.

Autorité économique à compétence générale et imposant ses décisions à l'ensemble des membres d'une nation dans un cadre géographique délimité.

Même s'il est souvent dit que l'État national a perdu une grande part de ses moyens d'action sur l'éco- nomie, ses instruments d'intervention demeurent encore nombreux.

Les moyens et les formes de l'intervention de l'État

• La forme la plus générale de l'intervention de l'État dans l'économie consiste à fixer le cadre législatif de l'activité des agents : déterminer les dispositions du droit civil (droit de propriété, droits de succession...), du droit commercial, du droit des sociétés, du droit du travail..., réglementer les conventions collectives, imposer le financement social de certains « risques » (maladie, accident, chômage, vieil- lesse) par des cotisations obligatoires, imposer des normes de qualités concernant la fabrication des produits ou la fourniture de certains services, etc.

• Un des plus vieux pouvoirs que s'est arrogés l'État fut celui de « battre monnaie », c'est-à-dire de fabriquer la monnaie métallique et d'imposer sa circulation, personne ne pouvant la refuser en règlement de la vente de marchandises. Les responsables politiques prirent ensuite l'initiative de constituer de grandes banques nationales (création de la Banque d'Angleterre en 1694, de la Banque de France en 1800...), afin de procurer à l'État des moyens de financement. Ces établissements bancaires jouèrent au xix siècle et surtout au xxe un rôle décisif dans la politique monétaire des États en s'octroyant le monopole de l'émission des billets et espèces métalliques et en contrôlant l'octroi de crédits par les banques (dites de second rang). L'État pouvait mener une politique monétaire tantôt expansionniste (consistant à accroître la masse monétaire afin de stimuler l'activité et la croissance), tantôt restrictive (consistant à réduire la masse monétaire quand l'inflation devenait trop importante).

• Depuis la fin des années 1980, la politique monétaire des États s'est transformée pour différentes raisons : l'évolution des techniques, qui a permis le déplacement quasi instantané de sommes d'argent considérables ; l'essor des marchés financiers (d'actions et d'obligations), qui réduisent le rôle du crédit bancaire dans le financement et donc les moyens de contrôle des États ; l'orientation libérale des États, qui renoncent aux politiques monétaires actives (exemple du traité de Maastricht imposant l'indépendance des banques centrales vis-à-vis du pouvoir politique).

• Pour agir sur l'économie, les États modernes disposent d'un autre moyen constitué par le prélèvement fiscal, autorisant un flux régulier de dépenses publiques. Jusqu'à la fin du xixe siècle, l'essentiel des ressources des États provenait des impôts dits indirects, frappant la consommation (vieille gabelle sur le sel, taxes diverses grevant l'achat de produits de consommation courante, droits de douane sur les importations...). Mais à ceux-ci s'est ajouté au xxe siècle l'impôt sur les revenus (créé en 1914 en France), puis d'autres « prélèvements obli- gatoires » sont apparus en liaison avec le développement de la protection sociale (cotisation aux caisses d'assurance-maladie, de retraite, d'indemnisation du chômage...).

• La politique budgétaire de l'État influence l'économie en redistribuant les revenus des plus riches (plus lourdement imposés) vers les plus pauvres, qui bénéficient de plus d'allocations ou aides diverses (RMI en France, gratuité de certains services...). Cela modifie le partage macro-économique entre consommation, épargne et investissement : en effet, l'impôt constitue une sorte d'épargne forcée, alors que les bénéficiaires de la redistribution des revenus sont davantage portés vers la consommation ; il permet à l'État de financer des investissements d'infrastructure ou de recherche qui n'auraient pas lieu sans lui. Enfin, en dépensant plus qu'il ne prélève (comme c'est le cas des grands pays industriels depuis les années 1970), l'État soutient l'activité.

• L'État joue un rôle décisif en matière de relations économiques internationales, à travers la recherche de complémentarité avec d'autres pays (accords d'échange bilatéraux, intégration dans des ensembles multinationaux, tels l'Union européenne, l'ALENA, le Mercosur...) et à travers sa politique protectionniste ou de libre-échange : c'est ainsi que la Grande-Bretagne mena jusqu'au milieu du xixe siècle une politique protectionniste lui permettant d'acquérir une suprématie maritime et industrielle avant d'opter pour le libre-échange. De même, les États-Unis pratiquèrent de hauts tarifs douaniers jusqu'au début du xxe siècle pour protéger leur industrie naissante de la concurrence anglaise.

À la fin du xxe siècle, la tendance est à l'ouverture totale des frontières, ce qui réduit les prérogatives des États nationaux. Ceux-ci conservent cependant un droit de regard sur certaines importations et sur certains investissements (comme en témoigne l'échec de l'Accord multilatéral sur les investissements), afin de sauvegarder des activité menacées de disparition par la concurrence mondiale.

Le poids des « PO »

En 1997, l'ensemble des prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) représentaient 28,5 % du produit intérieur brut dans un pays libéral comme les États-Unis, 35,3 % en Grande-Bretagne, 37,5 % en Allemagne, 46,1 % en France et 53,3 % en Suède.