Doctrine prônant la liberté d'entreprendre et l'absence d'intervention de l'État dans l'économie.
La pensée libérale est née au xviiie siècle et s'imposa dans la plupart des pays industriels au xixe siècle. Elle fut remise en cause au xxe siècle à la suite de la crise de 1929, puis revint au premier plan à la fin du siècle.
Historiquement, l'apparition des premiers économistes libéraux du xviiie siècle (D. Hume, A. Smith, D. Ricardo, J.-B. Say...) s'explique par l'émergence d'une philosophie individualiste et critique face à l'absolutisme du pouvoir politique.
Cette tendance s'était déjà manifestée en Grande-Bretagne au xviie siècle au moment des révolutions politiques débouchant sur la reconnaissance des droits des individus (Déclaration des droits de 1689). Parallèlement, sur le plan économique, se propagea l'idée que l'enrichissement de chacun conduit à la prospérité collective, et que le libre essor de l'échange marchand améliore la richesse nationale. Cela conduisit à la critique des politiques mercantilistes et protectionnistes menées depuis deux siècles.
La Révolution française associa libertés politiques et libertés économiques
En France, les mêmes idées se propagèrent parmi ceux qui dénonçaient les obstacles à la libre circulation des denrées, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, le poids excessif de la fiscalité royale (pesant de plus en plus sur les marchands et les agriculteurs productifs) et les réglementations de toutes sortes, héritages du système médiéval des corporations et du colbertisme.
Dans les deux pays, le libéralisme finit par l'em- porter : la Révolution française supprima les corporations, institua la liberté des échanges, la notion de liberté des prix et de contrats libres (lois d'Allarde et Le Chapelier), tout en associant dans sa Déclaration des droits de l'homme et du citoyen les idées de liberté et de propriété individuelle. En Grande-Bretagne, les mesures protectionnistes (Actes de navigation, Corn Laws) furent abolies durant la première moitié du xixe siècle et le pays resta libre-échangiste jusqu'à la crise de 1929.
Recul et retour en force du libéralisme au xxe siècle
La crise de 1929 accentua le protectionnisme des divers pays (la Grande-Bretagne elle-même y eut recours) tandis que les gouvernants intervenaient dans l'économie pour tenter de relancer l'activité et réduire le chômage (New Deal aux États-Unis, hausse générale des salaires et essor des conventions collectives en France, mesures autoritaires en Allemagne et en Italie...).
Après la Seconde Guerre mondiale, le libéralisme fut encore plus rejeté, en raison de la place occupée par les institutions publiques dans la plupart des pays et du rôle de régulateur de l'activité joué par les autorités économiques. Mais la crise des années 1970 et l'inefficacité apparente des politiques de relance étatique permirent un retour en force du libéralisme économique. Celui-ci se traduisit par le recul du secteur public (privatisations en Grande-Bretagne et en France...), par la restriction de l'aide apportée aux entreprises en difficulté, par une politique de création monétaire moins active de la part des banques centrales, par la réactivation des marchés boursiers et par l'acceptation des règles de la concurrence internationale (baisse des protections douanières ou des quotas à l'importation, libre circulation des capitaux...)
P. B.
➙ École classique, école néoclassique, États-Unis, France, Grande-Bretagne, nouvelle économie, physiocratie