Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Démographie

Science de la mesure de la population, de ses variations et de leurs facteurs.

La démographie est une « arithmétique de la vie et de la mort » ; naissances et décès sont les principaux objets d'observation. On fait généralement remonter le début de cette lecture scientifique aux observations sur la mortalité adressées en 1661 par le Britannique John Graunt (1620-1674) à la Royal Society. Les premières données utilisées par la démographie sont fournies par les recensements que les États développés ont effectués, à la suite de la Suède – qui est le premier pays à le faire, en 1749 – et par l'état civil, qui se met en place à partir des registres paroissiaux.

Mais la population change, augmente, diminue, et c'est l'analyse des mouvements qui a donné lieu à un corps de méthodes et de savoirs. La différence entre le nombre des naissances et celui des décès sur une année offre déjà l'« accroissement naturel » d'une population. Plus encore que le nombre des naissances et le taux de natalité (naissances/population globale), la fécondité – le nombre d'enfants par femme en âge d'en avoir – renseigne sur les possibilités de reproduction ou d'agrandissement d'une population. La somme des taux de fécondité par âge (nombre d'enfants mis au monde par les femmes d'un âge donné rapporté au nombre de celles-ci) fournit la fécondité du moment : l'indicateur conjoncturel de fécondité. Mais celui-ci peut diminuer ou augmenter une année, selon que les femmes retardent ou avancent des naissances – sans qu'elles aient au total plus d'enfants. Il faut donc mesurer aussi la descendance finale, c'est-à-dire le nombre total d'enfants qu'auront (en moyenne) les femmes d'une génération.

La population d'un pays peut s'accroître aussi par l'allongement de la durée de vie de ses habitants : c'est le cas aujourd'hui de beaucoup de pays européens. Cet allongement peut se mesurer par l'espérance de vie à la naissance, qui correspond à la durée moyenne de vie d'une génération selon les taux de mortalité d'une année donnée.

Enfin la démographie s'intéresse aussi aux différences liées à l'âge ou aux facteurs sociaux (par exemple, espérance de vie selon les catégories socioprofessionnelles, naissances hors mariage, etc.), à l'évolution des causes de décès, aux facteurs de la fécondité (usage de la contraception ou recours à l'avortement). Ces éléments permettent une connaissance plus fine de la dynamique de la population

G. H.

➙ Développement, population, retraite

Démonétiser

Ôter la valeur légale d'une monnaie, dont l'usage disparaît, notamment parce que le public n'a plus confiance dans sa valeur.

Sans monnaie (fondamentale pour les échanges dans l'économie), un pays est démonétisé, et le troc – l'échange direct de biens – s'y généralise. Mais les deux autres fonctions de la monnaie (compte et réserve) ne peuvent être remplies. Les économies victimes d'hyperinflation se démonétisent facilement, car la monnaie ne vaut plus rien. Ce fut le cas par exemple au Zaïre. D'autres pays, comme l'Albanie, dans lesquels la production locale a pratiquement disparu à certaines époques, remplacée par l'aide internationale et la contrebande, subissent parfois une démonétisation complète

F. L.

➙ Monnaie, troc

Dépendance (école de la)

Terme générique qualifiant une série d'écoles de pensée sur le développement qui caractérisent les économies du tiers-monde comme dépendantes des économies du centre.

La pensée « dépendantiste » naît sur le continent latino-américain au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et se développe au sein de la CEPAL (Commission économique pour l'Amérique latine des Nations unies, fondée par Raul Prebisch) avant d'essaimer rapidement dans l'ensemble des pays du tiers-monde. Rejetant les conceptions, basées sur l'« avantage comparatif », selon lesquelles tous les pays ont systématiquement intérêt à s'ouvrir au commerce international et aux capitaux étrangers, cette école met l'accent sur les effets de domination qui s'exercent dans l'économie mondiale, constituant autant d'obstacles au développement. La dégradation des termes de l'échange joue un rôle central dans ces analyses, tant pour ses effets d'appauvrissement immédiat que pour ses effets de long terme : tendance permanente au déficit de la balance des paiements, aggravée par la nécessité d'importer les biens de production nécessaires au développement indus-triel ; dépendance financière ; apparition d'« éco-nomies d'enclaves » autour d'un secteur exportateur spécialisé, déconnecté du reste de l'économie, dominé par une firme multinationale ; renforcement des caractères dualistes de l'économie ; dépendance technologique, etc. D'où la nécessité d'adopter des stratégies basées, au minimum, sur un contrôle des relations économiques avec le reste du monde, voire sur une « déconnexion » d'avec les pays du centre, préconisée notamment par Samir Amin. L'adoption d'un schéma d'industrialisation par substitution d'importations – qui vise à remplacer progressivement les biens industriels importés par des biens produits localement – est une des recommandations centrales de cette stratégie

J.-M. F.

➙ (S.) Amin, échange inégal, périphérie, termes de l'échange

Dépôt

Somme d'argent placée sur un compte en banque.

Les dépôts à vue, appelés aussi dépôts en compte courant ou dépôts sur compte chèques, sont des liquidités disponibles à tout moment et inscrites sur un compte bancaire. Les dépôts s'opèrent en pièces, billets, ou par transfert d'un autre compte. Ils sont mobilisables par chèques, cartes bancaires ou virements, et leur rémunération est interdite en France depuis 1967.

La clientèle bancaire dispose d'autres formes de dépôts. Les dépôts à terme, le plus souvent utilisés par les entreprises, sont bloqués en compte jusqu'à un terme fixé à la date du dépôt (3 mois, 6 mois, 1 an ou n'importe quelle autre échéance contractuelle). En contrepartie, ils sont rémunérés. Enfin, les particuliers ont la possibilité d'ouvrir des comptes de dépôts sur livrets (comme les comptes d'épargne logement), dont la rémunération est réglementée et qui ne sont pas mobilisables par chèques ou cartes bancaires

A. L.

➙ Agrégats monétaires, liquidité