Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
C

Crise économique (suite)

Certains expliquent par ce néolibéralisme l'amélioration de la fin des années 1990 : l'inflation est redevenue faible dans tous les pays ; les États-Unis ont retrouvé une croissance forte et le plein-emploi ; le chômage régresse en Europe ; la France connaît un fort excédent de son commerce extérieur ; la confiance semble revenir partout. Pourtant, le chômage touche encore plus de 10 % de la population active en Europe, le type de croissance qui a cours dans les années récentes s'accompagne d'une augmentation des inégalités de revenus et de l'exclusion sociale, et le désengagement de l'État est porteur de difficultés à venir dans divers pays (dégradation des équipements collectifs et des services publics, recul de la recherche et de la formation, de la protection sanitaire et sociale...).

La « sortie de crise » reste donc partielle et correspond à une phase de mutation de l'économie mondiale qui n'est pas achevée à la fin des années 1990.

P. B.

➙ Cycle économique, (J. M.) Keynes, New Deal, stagflation

Croissance

Augmentation de la quantité de biens et de services produite dans un secteur d'activité ou sur le plan national.

On mesure généralement la croissance d'un secteur d'activité par le pourcentage d'augmentation du nombre d'unités de biens produites (millions d'automobiles supplémentaires divisés par le nombre d'unités produites durant la période précédente), et la croissance de l'activité économique nationale par le taux de variation du produit intérieur brut (qui mesure la valeur de l'ensemble des biens et services produits durant une période).

La croissance désigne donc un processus essentiellement quantitatif, qui se distingue de la notion de progrès économique impliquant un jugement de valeur sur la nature ou les effets de l'évolution économique. On peut en effet considérer qu'il y a croissance sans progrès si elle est très inégalitaire sur le plan social, ou si elle ne repose que sur l'essor de certaines branches (industries d'armement, extractions minières destinées à l'exportation...) qui n'améliorent pas directement le sort des populations. Inversement, il peut y avoir progrès sans croissance si les richesses produites changent de nature, ou si elles sont distribuées plus équitablement.

La croissance se distingue également du développement économique. Elle se produit en effet dans le cadre d'une structure économique donnée, alors que le développement évoque une transformation des infrastructures, une diversification de la production et une amélioration de la qualité de vie et de l'éducation

P. B.

➙ Développement, Une croissance forte est-elle encore possible ?

Croissance endogène

Approche issue de la nouvelle école classique pour expliquer la dynamique interne au système économique, génératrice du progrès technique.

Le progrès technique est en effet la source de la croissance, qui reste inexpliquée dans le modèle néoclassique de Robert Solow. Paul Romer, formé à Chicago, a utilisé le premier une idée d'Alfred Marshall selon laquelle l'accumulation du capital produit des effets bénéfiques au-delà de l'entreprise concernée (des effets externes). Trois modalités rendant possible une croissance économique autoentretenue sont envisagées :

• pour Romer, la connaissance technologique constitue une forme de capital accumulable profitant à tous par le biais de l'apprentissage, d'où l'importance de l'activité de recherche et développement ;

• pour Robert Barro, ce sont les investissements publics en infrastructures (réseaux de toute sorte notamment) qui permettent la croissance du potentiel productif des firmes ;

• pour Robert Lucas, l'accumulation du capital humain est la source de la croissance car la formation d'un individu améliore ses compétences et le potentiel de toute une équipe.

Cette théorie de la croissance permet d'expliquer le développement inégal des pays et leur non-convergence par un faible écart de taux d'investissement à travers lequel le progrès technique produit ses effets bénéfiques. Elle donne aussi un nouveau rôle à l'État pour porter la croissance à son maximum par le financement de l'éducation, de la recherche-développement et d'infrastructures collectives

P. L.

➙ Endogène, nouvelle école classique, politique économique, (W. W.) Rostow, technologie, transports

CSG (contribution sociale généralisée)

Prélèvement proportionnel sur la quasi-totalité des revenus des ménages (travail, retraite, patrimoine, capital), dont le produit est versé à la Sécurité sociale.

Introduite en février 1991, la CSG est un impôt prélevé directement sur les feuilles de paie, mais aussi sur les retraites, certaines allocations chômage, les revenus de l'épargne et du patrimoine, et les gains aux jeux. Au fil des ans, c'est devenu le premier impôt direct, puisqu'il a rapporté 316 milliards de francs en 1998 (contre 304 milliards de francs pour l'impôt sur le revenu). Son taux, voté par le Parlement, est passé de 1,1 % en 1991 à 7,5 % en 1998. Une partie seulement de la CSG (5,1 %) est déductible de l'impôt sur le revenu.

Le produit de la CSG est affecté aux trois branches de la Sécurité sociale : 1,1 % va aux caisses d'allocations familiales ; 1,3 % alimente le Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui prend en charge des pensions pour lesquelles les retraités n'ont pas cotisé (minimum vieillesse, droits à retraite des chômeurs, jeunes sous les drapeaux…) ; 5,1 % financent l'assurance-maladie.

En 1996, le gouvernement d'Alain Juppé a instauré la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Ce prélèvement de 0,5 % sur tous les revenus doit alimenter la Caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES), créée pour éponger les déficits accumulés par la Sécurité sociale entre 1992 et 1998 (plus de 300 milliards de francs). Les Français devront payer la CRDS jusqu'en 2014

J.-M. B.

➙ Déficits sociaux, fiscalité

Culture (économie de la)

La culture, formée par un ensemble de savoirs et de pratiques très diversifiés d'une société à l'autre, est devenue dans le monde moderne un enjeu économique majeur.

Le secteur culturel emploie aujourd'hui en Europe davantage de monde que toute la filière agroalimentaire. On regroupe sous le terme d'économie de la culture (voire d'« industries culturelles ») une grande variété d'activités : arts plastiques et musées, spectacles vivants (théâtre, ballet, concerts, cirque), édition, patrimoine, édition phonographique (disques et cassettes), cinéma, télévision et multimédia. Ces activités (ainsi que la formation qui s'y rattache) sont importantes à un échelon à la fois local (le moindre bourg dispose d'une bibliothèque et d'écoles de danse et de musique), national et international. Selon les domaines et les pays, le secteur privé tient une place plus ou moins importante dans l'économie de la culture, mais les pouvoirs publics ne sont nulle part absents.