Corruption (suite)
Des moyens de lutte aux effets limités
Qu'on soit d'accord ou non sur l'origine du phénomène, l'objectif d'assainissement devient mondial. Jamais les États et les organisations internationales n'ont dépensé autant d'énergie pour dénoncer le fléau de la corruption et tenter de la combattre partout dans le monde. Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, l'OCDE, l'ONU, le Conseil de l'Europe mobilisent aujourd'hui leurs forces pour imaginer des contre-offensives. Une ONG basée à Berlin, Transparency International, établit chaque année un indice de corruption allant du pays le moins touché (pour 1999, le Danemark) à celui qui l'est le plus (le Cameroun). La France, les États-Unis et le Japon se trouvent en milieu de liste.
Un « programme d'action contre la cor-ruption » a été adopté par le Comité des ministres du Conseil de l'Europe en novembre 1996. Une convention de l'OCDE condamnant la corruption d'agents publics étrangers est entrée en vigueur en février 1999. Ratifiée par la France avec quelques mois de retard (en décembre), elle doit encore démontrer son efficacité. Outre qu'elle abolit des pratiques d'un autre âge comme la déductibilité fiscale des pots-de-vin, son mérite est d'introduire en matière de corruption un mécanisme de pression réciproque entre pays partenaires.
Dans les pays en développement, la Banque mondiale multiplie les programmes de lutte anticorruption. Il s'agit de « cours et travaux pratiques » proposés aux dirigeants politiques et aux responsables économiques des pays concernés. Des stages ont lieu au siège de la Banque, à Washington. Le suivi des actions prend la forme de vidéoconférences hebdomadaires, de visites d'experts sur le terrain... Quant au FMI, même s'il conditionne l'octroi de certains de ses prêts à l'engagement, pris par les pays bénéficiaires, de lutter contre la corruption (par exemple en Argentine et au Kenya), il n'a jamais cessé d'aider la Russie corrompue. Cette question a contribué à accélérer le départ du président de l'institution, Michel Camdessus.
L'efficacité des stratégies de lutte anticorruption est toute relative. Le phénomène commence seulement à être considéré comme un délit, et seuls les États disposent, en matière de criminalité financière, d'instruments judiciaires adaptés. Sur le plan international, on assiste à de nombreux efforts de prévention sans que personne sache encore comment mieux contrôler les centres financiers off shore où viennent se placer, entre autres, les revenus de la corruption.
L. D.