Bourse (suite)
L'euphorie était d'autant plus forte que, après la chute du mur de Berlin en novembre 1989, la première démarche des ex-pays communistes a été d'ouvrir une Bourse. Une manière pour la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Lituanie et bien d'autres d'affirmer leur volonté de changement.
Simultanément, au début des années 1990, la Chine s'ouvrait aux marchés boursiers, mais différemment. Si les privatisations ont été l'un des moteurs du développement des Bourses de l'Europe de l'Est, l'expérience chinoise, limitée à quelques villes comme Shanghai ou Shenzhen, près de Hongkong, visait à attirer des capitaux locaux et surtout étrangers pour financer la réussite du « socialisme de marché ».
À l'ère d'Internet
À la fin du xxe siècle, les États-Unis restent le premier pays au monde pour l'importance boursière. L'Europe, après le lancement de sa monnaie unique, tente de fédérer l'ensemble de ses places financières et de proposer des cotations unifiées. Les progrès technologiques modifient considérablement l'environnement. Le développement d'Internet contribue à la multiplication des transactions sur le Web. Outre-Atlantique, le nombre des transactions boursières explose, offrant aux investisseurs de nouvelles possibilités de gérer eux-mêmes leur portefeuille sans recourir aux services des courtiers et gestionnaires traditionnels. En 1996, il n'y avait aux États-Unis que dix-huit sites boursiers, qui géraient un total de 1,5 million de comptes représentant 111 milliards de dollars d'actifs. Fin 1998, leur nombre était passé à 80 avec 5,3 millions de comptes totalisant 233 milliards de dollars d'actifs.
Comment une entreprise se finance en Bourse ?
Deux partenaires souhaitent développer leur entreprise de logiciels mais n'ont pas suffisamment d'argent, et leur banquier juge l'opération trop risquée.
Ils décident alors de se rendre en Bourse (aux États-Unis au Nasdaq, en France au second marché) et de faire coter leur entreprise.
Ayant 100 actions, ils en mettront 40 sur le marché, qui seront acquises par de nombreuses personnes. Les fondateurs obtiennent les fonds nécessaires pour poursuivre leur aventure, mais gardent le contrôle de leur affaire, ayant encore plus de 50 % du capital.
Ils devront néanmoins informer les actionnaires de l'évolution des performances et leur verser une partie des bénéfices (divisés en autant de parts que d'actions, d'où le nom de dividende). L'évolution du cours de Bourse illustrera la capacité ou non de l'entreprise à se développer. Plus tard, si la croissance se poursuit, les fondateurs pourront encore « ouvrir leur capital » ou émettre des obligations, qui sont des emprunts (des personnes prêtent de l'argent à l'entreprise pour un temps déterminé et touchent chaque année des intérêts). Actions et obligations sont cotées en Bourse et peuvent être achetées ou vendues à tout moment. C'est d'ailleurs la limite de l'indé-pendance : une entreprise qui a une large part de son capital sur le marché peut être rachetée par une autre à la Bourse, selon la technique de l'offre publique d'achat (OPA).
En France, le courtage boursier en ligne a débuté en 1999 et a vite pris de l'ampleur. Selon un sondage effectué auprès d'épargnants détenant des actions, 22 % disaient avoir déjà utilisé Internet, 14 % avaient un accès sur leur lieu de travail et 10 % y accédaient au travail et/ou chez eux. Signe ultime de l'importance du marché boursier : à la fin 1999, le New York Stock Exchange, l'organisme qui gère la Bourse de New York, a annoncé son intention de se faire coter à Wall Street.
D. G.
➙ Actionnaire, Internet, Nasdaq, OPA, Wall Street