Monnaie (suite)
Comment naît la monnaie ?
Si l'on veut être riche, peut-on imprimer des billets qui, en circulant, permettront d'acheter de nombreux produits de luxe et donneront l'impression que la masse monétaire a augmenté ? Non, malheureusement, car avant même que l'on voie que les billets sont faux, on s'apercevra que cette « monnaie » n'a pas de « contrepartie ». Sous cette appellation, on fait référence à l'ensemble des créances qui permettent la création monétaire. Seules, les banques commerciales, la Banque de France et le Trésor public peuvent faire de la création monétaire.
Si, par exemple, une banque commerciale consent un prêt immobilier à une famille pour l'achat d'un appartement à Paris, elle peut présenter cette créance (la promesse de remboursement du prêt), avec toutes les autres qu'elle détient, à la Banque de France. Muni de ces « contreparties », l'institut d'émission (la Banque de France) transférera à la banque une masse de billets qui approvisionneront les distributeurs dans la rue et seront consolidés (gérés) par les institutions financières. Lorsque la famille aura fini de rembourser son prêt immobilier, la créance disparaîtra. Il y aura alors une « destruction monétaire ».
Les banques centrales peuvent être tentées de faire marcher la « planche à billets », c'est-à-dire d'émettre des billets de banque sans contreparties suffisantes. Mais l'opération se solde par une hyperinflation et un dérèglement de l'économie, car il y a rapidement trop de transactions par rapport à l'activité réelle dans le pays.
Progressivement, il est devenu obligatoire d'accepter les reçus. Ces billets, gagés par l'État, avaient « cours légal » (tous, sur un même territoire, étaient contraints de les accepter, sans pouvoir en demander la conversion en or). Après la généralisation du papier-monnaie dans la seconde moitié du xixe siècle sont apparues des formes toujours plus immatérielles de monnaie : les chèques et les virements de compte à compte, puis les cartes de crédit.
L'un des avantages de la monnaie, c'est d'être immédiatement disponible (les experts disent liquide, ou fongible, d'où l'expression « liquidités »). La monnaie fait référence à des éléments distincts (pièces nationales ou étrangères, virements bancaires, prêts, obligations...). L'un des moyens commodes pour la quantifier et la classifier est l'utilisation des agrégats monétaires, qui classent la monnaie depuis son appellation la plus étroite (M1) jusqu'à la plus large (M4).
La formule magique MV = PT
L'un des outils centraux de réglage des économies est appelé « vitesse de circulation de la monnaie ». Cet outil est calculé en utilisant une équation magique, inventée au début du siècle : M x V = P x T (M est la masse monétaire, V la vitesse de circulation de la monnaie, P le niveau général des prix et T le volume des transactions. Pour un pays donné, V doit être constante et pas trop élevée, sinon une ou plusieurs autres variables doivent augmenter afin de préserver l'équilibre : soit M, la quantité de monnaie offerte sur le marché ; soit P, les prix (donc inflation) ; soit T, les transactions (donc risque de surchauffe de l'activité). Plus concrètement, la vitesse de circulation mesure la vitesse à laquelle un billet de banque donné (par exemple un billet de 500 francs) effectue un nombre de transactions différentes. Si cette vitesse est trop rapide, c'est un signe d'inflation ; si elle est trop lente, cela peut être un signe de l'atonie d'une économie
F. L.
➙ Agrégats monétaires, Banque centrale, Banque de France, monétarisme, Trésor public