Opération de transfert d'une partie ou de la totalité du capital d'une entreprise du secteur public au secteur privé. La privatisation apparaît comme l'opération inverse de la nationalisation.
Le mouvement de privatisation débute dans les années 1980 dans les pays anglo-saxons, notamment en Grande-Bretagne avec l'arrivée, en 1979, du Premier ministre conservateur Margaret Thatcher. Ce mouvement s'est ensuite élargi à l'ensemble des pays industrialisés. Selon la Banque mondiale, plus de 15 000 entreprises ont été privatisées depuis 1990, dont la majorité dans l'ex-RDA.
La France allait s uivre, un peu plus tardivement, le même mouvement lors de la nomination de Jacques Chirac comme Premier ministre en 1986. Celui-ci présente un programme ambitieux de dénationalisation (loi du 6 août 1986) : quatorze groupes sont ainsi privatisés de 1986 à 1988, parmi lesquels Saint-Gobain, Paribas, Havas, la Société générale et TF1. Ce programme est interrompu par le krach boursier de 1987 et surtout par la réélection de François Mitterrand à la tête de l'État en mai 1988. De 1988 à 1992, le processus de privatisation est arrêté, c'est la politique du « ni, ni », c'est-à-dire ni privatisations, ni nationalisations.
Une seconde vague de privatisations intervient lors de l'installation d'Édouard Balladur à Matignon (loi du 19 juillet 1993). Elle concerne sept grands groupes comme la BNP, Rhône-Poulenc, Elf-Aquitaine ou l'UAP, qui quittent le secteur public pour rejoindre le secteur privé. Le processus se poursuit avec Alain Juppé, puis avec Lionel Jospin (France Télécom, Air France, le Crédit Lyonnais).
Une logique libérale de désengagement de l'État
Techniquement, les privatisations se déroulent par cession du capital de l'État, qui prend la forme d'une offre publique de vente (OPV) sur le marché financier. L'offre de titres sur le marché correspond, en général, à 70 % du capital. Quant aux 30 % restants, ils sont cédés à des actionnaires sélectionnés par le ministre de l'Économie et des Finances. Ces derniers constituent ce qu'on appelle un « grou- pement d'actionnaires stables » (GAS), dont la mission consiste à garantir la durabilité de l'actionnariat.
Les opérations de privatisation s'inscrivent dans une perspective libérale. Elles ont pour finalité, avec les stratégies de déréglementation, de désengager l'État vis-à-vis de l'économie. Les privatisations sont nées d'une volonté politique de rompre avec le « social-étatisme », de retrouver la liberté économique et la régulation par les mécanismes du marché. Les privatisations ont également pour objectif d'alléger le poids des déficits permanents de certaines entreprises publiques et de trouver, entre autres, les moyens financiers nécessaires à la réduction de la dette de l'État. Par ailleurs, le traité de Maastricht, défendant les principes de la libre concurrence, impose la disparition des entreprises publiques appartenant au secteur concurrentiel
J.-C. D.
➙ Déréglementation, dette, libéralisme économique, nationalisation