Entrepreneur (suite)
L'économiste autrichien Joseph Alois Schumpeter associe la fonction entrepreneuriale à l'innovation. En fabriquant un produit nouveau, en introduisant une nouvelle méthode de production, en élargissant les débouchés de la firme, l'entrepreneur est à l'origine du progrès économique. On peut prendre l'exemple du Néerlandais Anton Philips, créateur de la célèbre firme d'électronique grand public, qui décida d'exploiter commercialement la lampe à incandescence de l'inventeur américain Thomas Edison. En France, Aristide Boucicaut, fondateur du grand magasin Au Bon Marché, sera à l'origine de l'entrée libre dans les magasins. Aux Etats-Unis, Henry Ford lance en 1908 l'automobile pour tous grâce au fameux modèle T. La fonction entrepreneuriale apparaît comme l'une des fonctions clés du système économique, notamment du système économique capitaliste fondé sur le régime de la libre entreprise. Selon Schumpeter, l'entrepreneur est l'homme du changement économique et l'artisan de la dynamique du système capitaliste. Cependant, l'innovation, entendue comme processus de « des- truction créatrice », vient bouleverser les structures économiques existantes et, à ce titre, peut être génératrice de récession économique.
La condition d'entrepreneur n'est pas immuable
Les évolutions qui frappent le système économique capitaliste depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale entraînent des transformations dans les structures décisionnelles des entreprises. Les fonctions qui, autrefois, relevaient du seul entrepreneur individuel sont maintenant réparties entre les mains d'un grand nombre de spécialistes. La dépersonnalisation et la bureaucratisation des structures remplacent l'initiative individuelle. L'économiste américain John Kenneth Galbraith, dans le Nouvel État industriel (1967), évoque l'émergence de la technostructure pour désigner les directeurs salariés de la grande entreprise moderne recrutés en fonction de leurs seules compétences techniques. Le concept de technostructure permet de souligner le passage d'une économie capitaliste, où le pouvoir du propriétaire se confond avec le pouvoir de gestion, à une économie néocapitaliste, caractérisée par la dissociation entre la détention du capital et le pouvoir de gestion. Dans les années 1990, les managers des grandes entreprises sont eux-mêmes de plus en plus soumis aux décisions des financiers, notamment des fonds de pension, qui privilégient une rentabilité forte du capital (de l'ordre de 15 % annuels), parfois au détriment de stratégies industrielles à long terme et de l'emploi
J.-C. D.
➙ Cycle économique, (T.) Edison, (H.) Ford, (J. K.) Galbraith, innovation, (J.-B.) Say, (J. A.) Schumpeter, technostructure