Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
E

Épargne (suite)

• Dans la théorie néoclassique, l'épargne représente un moyen de différer la consommation dans le temps. L'individu acceptera ainsi de renoncer à la consommation présente car l'épargne réalisée lui permettra d'accroître sa consommation future.

• Dans la théorie keynésienne, l'épargne est déterminée de manière résiduelle comme la partie non consommée du revenu. Si le revenu des ménages excède leurs dépenses de consommation, ceux-ci augmentent leur épargne au fur et à mesure qu'ils s'enrichissent. Aussi, les ménages détiennent de la monnaie ou thésaurisent dans des buts précis. On distingue ainsi trois motifs qui amènent les ménages à détenir une épargne liquide, c'est-à-dire une épargne immédiatement disponible. Ces motifs sont les transactions, la spéculation et la précaution.

1. Le motif de transaction

Ce motif correspond à la possibilité d'assurer les opérations courantes, les dépenses de consommation, les règlements d'impôts ou toute autre opération financière telle que les remboursements d'emprunts.

2. Le motif de spéculation

Ce motif correspond au fait que les individus sont amenés à détenir une partie de leur revenu sous forme liquide dans le but de saisir toutes les opportunités de placement afin de réaliser des gains.

3. Le motif de précaution

L'épargne de précaution est constituée en vue de faire face aux événements imprévus.

La théorie économique identifie une autre forme de motivation d'épargne des individus : l'épargne pour le financement de la retraite.

La théorie du cycle de vie, dans sa version simplifiée, indique que le financement de la retraite est le principal motif d'épargne des ménages.

Les individus épargnent durant leur vie active afin d'accumuler une épargne qui leur permettra de maintenir leur profil de consommation pendant leur période de retraite. En conséquence, après avoir épargné durant leur vie active, les ménages désépargnent ensuite pour consommer pendant leur retraite. Cette théorie prévoit donc une épargne plutôt faible au début du cycle de vie car les faibles revenus des jeunes ne leur permettent pas d'accumuler un patrimoine, puis une épargne importante en milieu de vie et ensuite une désépargne après le passage à la retraite. Cette évolution est représentée par une courbe en forme de U renversé. Au fur et à mesure que les individus se rapprochent de l'âge de la retraite, le taux d'épargne augmente. Il y a ainsi un lien positif entre la croissance démographique et l'épargne. Cette évolution est observée dans de nombreux pays. La Banque mondiale montre en effet dans des travaux récents que les niveaux élevés de taux d'épargne observés dans plusieurs pays résultent de la croissance démographique. C'est ainsi le cas en Asie, et particulièrement en Malaisie, en Corée, en Indonésie, en Thaïlande et en Chine, où le taux d'épargne représente généralement environ 35 % du PIB.

Les placements de l'épargne des ménages en France

Lenquête sur le patrimoine des ménages réalisée par l'INSEE montre que les ménages détiennent principalement des actifs financiers.

Au début de l'année 1998, neuf ménages sur dix possèdent des actifs financiers, c'est-à-dire des valeurs mobilières, des livrets d'épargne et de l'assurance-vie. Les ménages sont de plus en plus nombreux à détenir des actions ou des parts de sociétés. Ainsi, un ménage sur huit possède des actions cotées. L'actionnaire type en France a plus de 40 ans et un actionnaire sur trois est retraité. Les professions indépendantes sont les catégories professionnelles les plus représentées parmi les actionnaires.

Les livrets d'épargne constituent le placement le plus répandu au sein des ménages : huit ménages sur dix détiennent un livret d'épargne tel que les livrets d'épargne de La Poste ou de l'Écureuil, le livret bleu ou les livrets d'épargne populaire (LEP).

En matière de logement, six ménages sur dix possèdent au moins un logement. L'épargne logement progresse surtout parmi les ménages de plus de 50 ans.

La détention de contrats d'assurance-vie a été en forte progression pendant plus de dix ans. Aujourd'hui, plus du tiers des ménages détiennent un produit d'assurance-vie en « cas de vie » ou en « cas de décès ». Ce sont les avantages fiscaux, les taux de rendement élevés mais aussi la crainte du chômage et le souci de préparer sa retraite qui ont favorisé le développement de ces produits (en raison des déséquilibres attendus des régimes de retraite publics). C'est pour ces mêmes motifs que l'épargne salariale se développe. Les formules collectives d'épargne salariale regroupent la participation aux bénéfices, l'intéressement aux résultats et les versements sur un plan d'épargne entreprise (PEE). Ainsi, 13 % des ménages déclarent détenir de l'épargne salariale issue des entreprises. Malgré cet intérêt croissant des ménages pour l'épargne, on observe en 1998 que les ménages ont privilégié la consommation. Ils ont en effet réduit leur taux d'épargne d'environ 1 %, soit 15,6 % en 1998 contre 16,4 % en 1997.

L'épargne salariale

En France, les salariés ont la possibilité de constituer une épargne en vue de leur retraite à travers des produits d'épargne salariale. Ces produits bénéficient d'exonérations fiscales. Les produits d'épargne salariale les plus courants sont les plans d'épargne entreprise et la participation.

Le plan d'épargne entreprise (PEE) est un dispositif d'épargne collective permettant aux salariés de se constituer un portefeuille de valeurs mobilières. L'employeur participe au financement du PEE. La mise en place d'un PEE est facultative et résulte d'un accord entre les salariés et l'employeur. Toutefois, elle peut être mise en place par l'employeur seul. La participation des salariés au PEE est libre et les versements effectués sur le PEE sont bloqués durant cinq ans. En contrepartie, le PEE est assorti d'un traitement fiscal préférentiel. L'entre- prise, du fait de sa participation au financement du plan, bénéficie également d'avantages fiscaux.

La participation permet de fournir un complément de rémunération défiscalisé. Elle est mise en place dans l'entreprise à la suite d'une convention ou d'un accord collectif. Le capital est bloqué durant cinq ans. Les salariés et l'employeur, dans le cadre de la participation, bénéficient d'exemptions fiscales. L'épargne peut être placée dans l'entreprise ou gérée par une institution extérieure. Quand le placement s'effectue au sein de l'entreprise, le salarié devient actionnaire de son entreprise. Lorsque la gestion des capitaux est confiée à un organisme extérieur, les placements sont alors effectués en valeurs mobilières françaises ou étrangères.

N. E.-M.

➙ Retraite