Trente Glorieuses
Période de croissance forte et régulière des grands pays industriels de 1945 à 1974.
De la fin de la Seconde Guerre mondiale au premier choc pétrolier de 1974, la plupart des pays industriels ont connu la croissance de leur produit intérieur brut la plus forte de leur histoire (5 % environ en moyenne annuelle), certains d'entre eux atteignant même des taux encore supérieurs (9,7 % pour le Japon de 1950 à 1973, 6 % pour l'Allemagne fédérale).
Une croissance aussi forte et aussi longue représente environ un quadruplement de la richesse de ces pays. De plus, cette croissance fut accompagnée d'un taux de chômage faible (inférieur en général à 3 % de la population active) et de courte durée. Confiants dans l'avenir, les chefs d'entreprise n'hésitaient pas à s'endetter pour investir, tandis que les salariés faisaient de même pour acheter un logement, s'attendant à une augmentation de leur revenu futur et à un allégement de la dette réelle en raison d'une inflation quasi permanente (mais restant modérée et inférieure à la hausse des rémunérations).
Progrès social et intervention de l'État
L'augmentation du pouvoir d'achat concerna la plupart des catégories sociales, ce qui explique l'accès de l'ensemble des populations à la consommation d'une gamme étendue de produits (radio, télévision, équipement ménager, automobile...). L'État veilla à assurer la croissance par une politique économique appropriée, développant les diverses infrastructures (routes, chemin de fer, adduction d'eau, téléphone...), l'instruction publique, le système sanitaire (Sécurité sociale, hôpitaux publics...), la sécurité collective (assurances, prévention, retraite...).
Cette période de prospérité exceptionnelle a conduit l'économiste Jean Fourastié à utili- ser l'expression « Trente Glorieuses » (en souvenir des Trois Glorieuses de juillet 1830), qui est désormais passé dans le langage courant. Il ne faut cependant pas ou- blier que le début de cette période fut diffi- cile dans les pays très touchés par la guerre (comme la France et l'Allemagne), que des poches de pauvreté y subsistèrent longtemps (sans-abri, dont l'abbé Pierre s'est fait le défenseur en 1954) et que la répartition des fruits de la croissance ne fut pas équitable aux yeux de tous (comme le montrent les événements de 1968).
P. B.
➙ Croissance, France
Trésorerie
Ensemble des moyens de paiement liquides ou réalisables à très court terme dont dispose une entreprise.
Elle comprend généralement l'encaisse (solde positif des comptes caisse, banque et chèques postaux) et les titres de placement mobilisables immédiatement.
Pour affiner l'appréciation de la situation de trésorerie d'une entreprise, il est d'usage de calculer la trésorerie « nette » en déduisant de la trésorerie brute les montants de découverts bancaires figurant à son passif (qui peuvent faire l'objet d'une demande de remboursement immédiat de la part des banques).
L'utilisation du concept de trésorerie est délicate car l'importance de la trésorerie ne permet pas, à elle seule, de juger de la solvabilité d'une entreprise. Une entreprise qui a de la trésorerie à un moment donné peut très bien se trouver en difficulté (ses ventes stagnent ou baissent, elle ne paie plus ses fournisseurs ni ses emprunts) ; inversement, une entreprise dynamique qui investit beaucoup peut avoir une crise passagère de trésorerie
J. R.
➙ Bilan, cash-flow, comptabilité, compte, entreprise
Trésor public
Organisme de gestion des finances de l'État.
C'est au Trésor public que l'on paie ses amendes et ses impôts. Avec ces sommes, celui-ci gère le budget de la France, en transférant l'argent des impôts aux différents ministères. Il est par ailleurs responsable de l'émission et de la gestion de la monnaie divisionnaire (la fabrication des pièces de monnaie), par l'intermédiaire de sa Direction des monnaies et médailles. Si le Trésor public ne dispose pas d'assez d'argent pour boucler les comptes de la France, il emprunte sur les marchés financiers. Pour cela, il émet des bons du Trésor (à court terme) et des OAT (obligations assimilables du Trésor, à long terme, jusqu'à trente ans). La dette publique (limitée par Maastricht à 60 % du PIB) s'alourdit alors immédiatement.
Les opérateurs qui, au sein des établissements financiers, sont spécialisés dans la gestion des titres de dette publique sont appelés SVT (spécialistes en valeurs du Trésor). En juillet 1999, le ministre de l'Économie et des Finances Dominique Strauss-Kahn a proposé la création, au sein du Trésor, d'une nouvelle structure, appelée « France Trésor », chargée de gérer la dette publique de la France, en s'appuyant sur les SVT et sur des experts en matière monétaire (investisseurs, économistes, universitaires)
F. L.
➙ Bons du Trésor, dette
Troc
Échange direct de biens ou de services sans l'intermédiaire d'une monnaie.
Le troc caractérise les échanges au sein des sociétés primitives, mais il n'exclut pas la possibilité d'échanges marchands d'une certaine importance. Il implique cependant l'existence d'une double correspondance entre la production et les besoins des coéchangistes. Cette exigence disparaît quand les biens sont échangés contre de la monnaie, permettant de se procurer ultérieurement et/ou auprès d'un tiers les biens désirés par celui qui a accepté d'être payé en monnaie.
Le troc peut cependant exister dans des sociétés développées dans le cas d'une hyperinflation altérant la confiance dans la monnaie, ou dans celui d'accords internationaux entre pays voulant éviter totalement ou partiellement l'usage de la monnaie. Des échanges de ce type eurent lieu entre pays à économie planifiée, entre l'ex-Union soviétique et les pays occidentaux (gaz contre produits industriels) ou, plus récemment, entre l'Irak et les pays occidentaux (pétrole contre denrées alimentaires)
P. B.
Trust
Nom donné aux États-Unis à la fin du xixe siècle à de grandes entreprises dominant leur secteur d'activité.
Désignant à l'origine une technique juridique anglaise (consistant à confier la gestion d'intérêts à un trustee, homme ou société de confiance) utilisée pour procéder à la concentration d'entreprises indépendantes, le mot qualifie désormais la tendance à la monopolisation d'une industrie par une entreprise. La Standard Oil de Rockefeller détenant au début du xxe siècle un quasi-monopole du raffinage du pétrole et des oléoducs a constitué le premier modèle de trust, suivi d'autres exemples comme l'US Steel, Alcoa, United Fruit ou la compagnie de téléphone ATT.