Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
I

Immigration (suite)

Quelque 100 millions de personnes dans le monde vivent hors du pays dont ils ont la nationalité, soit pour des raisons économiques (ce sont alors des immigrés), soit pour des motifs politiques (dans ce cas, ce sont des réfugiés). À ces expatriés s'ajoutent 30 millions de personnes déplacées dans leur propre pays. Au total, 130 millions d'êtres humains – soit 2 % de la population de la planète – vivent éloignés de leur lieu de naissance. Les pays pauvres accueillent une large majorité d'entre eux. Tandis que l'Europe et l'Amérique du Nord en abritent chacune près de 15 millions, l'Afrique en compte 35 millions rien qu'au sud du Sahara. Au total, 1 million de personnes émigrent définitivement chaque année, et un autre million demandent l'asile. L'évolution vers un marché unique planétaire entraîne la mondialisation des flux humains. Les migrations ne sont plus seulement le prolongement des anciens liens coloniaux (du Maghreb ou de l'Afrique noire vers la France, d'Inde ou du Pakistan pour la Grande-Bretagne), mais se polarisent à l'échelle planétaire sur les zones d'intense activité économique interna-tionale : traditionnellement l'Amérique du nord et l'Europe occidentale, et plus récemment les pays riches du Moyen-Orient et les pays émergents de l'Asie du Sud-Est.

Parmi les 4,1 millions d'immigrés que compte la France, tous ne sont pas des étrangers. Près d'un tiers d'entre eux ont acquis la nationalité française, soit par naturalisation, soit en se mariant avec un ou une Français(e). Chaque année, plus de 100 000 étrangers vivant en France deviennent français. Il faut avoir déjà vécu cinq ans sur le territoire, parler français, être autonome financièrement et ne pas avoir été condamné gravement par la justice pour obtenir sa naturalisation. D'autre part, en vertu de la loi de 1998, les enfants nés en France (« droit du sol ») de parents étrangers deviennent automatiquement français à leur majorité ou dès treize ans si leurs parents le souhaitent. Enfin, la France applique depuis 1851 le « double droit du sol » : est français de naissance quiconque est né en France si l'un de ses parents y est lui-même né. En vertu de cette règle, les enfants nés en France à partir de 1963 de parents algériens nés lorsque l'Algérie était française (jusqu'en 1962) sont français de naissance.

Depuis des décennies, ces règles assez libérales d'accès à la nationalité ont permis l'intégration des vagues successives d'immigrants. À tel point qu'aujourd'hui une personne sur cinq vivant en France a un parent ou un grand-parent étranger.

La crise économique récurrente depuis 1973 a exacerbé les oppositions politiques sur la question de l'immigration et favorisé la montée de l'extrême droite xénophobe jusqu'en 1999. Conséquence, les statistiques de l'immigration régulière ont enregistré une baisse des flux d'entrées au milieu des années 1990 (de 100 000 personnes par an à environ 50 000). Cependant, la difficulté d'obtenir des papiers n'a cessé de conduire de nouveaux « clandes-tins » fuyant la pauvreté, à vivre illégalement, sans sécurité sociale ni logement assurés. L'ampleur de ce phénomène et les détresses qu'il produit ont été révélées par la mobilisation des sans-papiers à travers des grèves de la faim et des occupations d'églises à partir de 1996. Cette situation a conduit le gouvernement français à accepter, en 1997, la régularisation de quelque 80 000 d'entre eux, sur les 160 000 qui se sont présentés dans les préfectures. Des opérations comparables ont été menées dans d'autres pays européens et aux États-Unis.

La persistance de ce volant d'immigration irrégulière en dépit des contrôles renforcés mis en place, notamment au niveau européen, témoigne de la vivacité des réseaux de passeurs et de la dépendance de certains secteurs économiques (bâtiment, restauration, confection, nettoyage) à l'égard d'une main-d'œuvre « au noir » peu coûteuse et corvéable à merci. Mais l'embellie de l'économie associée à la faiblesse démographique de l'Europe pose, depuis la fin des années 1990, la question d'un nouvel appel légal à des travailleurs étrangers.

Ainsi, qu'elle soit refusée, tolérée ou souhaitée, l'immigration apparaît comme une donnée du paysage mondial. L'aggravation du fossé Nord-Sud, la multiplication des liaisons aériennes et la diffusion planétaire des valeurs occidentales via les satellites et Internet sont autant de facteurs incitant à migrer. Alors que la libre circulation des marchandises et des capitaux devient une réalité planétaire, seuls les citoyens des pays riches disposent de la même liberté

P. Ber.

Immobilier

L'immobilier est un secteur économique qui regroupe l'ensemble des activités liées à la construction, aux échanges et à la gestion d'immeubles d'habitation ou non. Si l'on suit l'acte de construire du foncier jusqu'à la maintenance du bien, font partie du secteur les lotisseurs, les promoteurs publics et privés, les constructeurs de maisons individuelles, les marchands de biens, mais aussi les foncières, les banques et assurances, les agents immobiliers, les administrateurs de biens et syndics, les architectes et bureaux d'études.

Outre le logement, le secteur regroupe l'immobilier d'entreprise – dans lequel on trouve aussi bien les bureaux, les entrepôts, que les commerces ou les usines... – et l'immobilier de loisirs (les opérations situées le plus souvent à la mer et à la montagne).

Il n'existe aucune statistique précise sur le poids économique du secteur, dont le chiffre d'affaires était estimé à 600 milliards de francs en 1996 (la Promotion immobilière, Alain Bechade, « Que sais-je ? », PUF). En revanche, le poids du bâtiment stricto sensu (construction et réhabilitation) est connu et s'élevait en 1998 à 463 milliards de francs.L'immobilier est une activité éminemment cyclique. La France a traversé depuis la guerre plusieurs crises, notamment entre 1973 et 1976, ou 1981 et 1985, mais la dernière en date (1991-1998) a été particulièrement longue et cuisante car elle a touché tous les segments du marché et a ébranlé le système bancaire français. Le chiffre d'affaires de la promotion a été divisé par deux entre 1990 et 1993. Cet effondrement s'explique par le coup d'arrêt donné à la construction de bureaux, compte tenu des stocks énormes sur le marché (jusqu'à 4 millions de m2 en Île-de-France).