Matière première
Matériau d'origine naturelle faisant l'objet d'une transformation et d'une utilisation économique.
L'expression « matière première » fait référence à l'état brut d'un produit comme les minerais, les métaux ou le pétrole. Elle sous-entend une absence d'élaboration. En anglais, matière première se traduit par commodity, du latin commodus (ce qui est pratique, utile, avantageux). Le terme anglais commodity désignait à l'origine des objets utiles à la vie. Il s'est peu à peu étendu aux matières premières. Mais, très vite, il a acquis une signification dynamique pour désigner moins un produit qu'un marché, particulièrement instable, pour vendre et acheter ce produit.
Matières et dérivés
Le commerce mondial des matières premières a atteint 5 515 milliards de dollars en 1995-1996 et 1 260 milliards de dollars pour les échanges de services. Quant aux encours qui ont été mobilisés par les marchés de commodités (changes, taux, énergie, agriculture, métaux, indices boursiers et actions), ils ont représenté 16 600 milliards de dollars en 1995 pour 1 930 millions de contrats conclus. L'ensemble des marchés dérivés ont mis en jeu des volumes financiers proches des 65 000 milliards de dollars en 1995.
Jusque vers 1950, en raison de la stabilité du système financier et de l'organisation des producteurs en cartel, les matières premières étaient loin d'être toutes des commodités. Les premiers marchés de matières premières sont apparus aux États-Unis à la fin du xixe siècle, à l'initiative des négociants de grains et des agriculteurs américains soucieux de préserver leur récolte du risque climatique. Quelques marchands ont tenté de parer le risque météo en créant, à partir de 1850, des Bourses de commerce. Les déséquilibres ponctuels entre l'offre et la demande, les difficultés de transport et de stockage aboutissaient à des situations chaotiques qui se répercutaient sur les producteurs et les négociants. L'idée naquit alors de conclure des transactions pour livraison différée. Par exemple, un négociant s'engageait à acheter en mars une récolte de blé, dont la moisson était prévue en août, à un prix fixé d'avance. Agriculteurs ou utilisateurs prenaient l'habitude de se protéger contre l'incertitude de la récolte future sur le marché en la vendant ou en l'achetant à l'avance. Ces premiers marchés, en se codifiant et en se sophistiquant, sont devenus les premiers marchés à terme pour les céréales à Chicago ou à Paris, pour les produits tropicaux à New York et à Londres, pour le sucre à Hambourg. Le principe a été retenu pour les marchés dérivés.
La spéculation comme premier régulateur
Deux types d'intervenants opèrent sur ces marchés.
• Tout d'abord, les professionnels qui cherchent à se protéger des fluctuations de cours. Pour bon nombre de transformateurs, de négociants, les marchés à terme permettent de sécuriser les approvisionnements contre les débordements de prix.
• Dans la deuxième catégorie figurent les spéculateurs qui viennent retirer un profit entre un cours d'achat et un cours de vente. La présence des spéculateurs est essentielle pour le bon fonctionnement d'un marché à terme. C'est elle qui donne au marché son ampleur, sa liquidité et qui lui permet de ne pas réagir de manière trop brutale à de gros arbitrages physiques. La spéculation sur les marchés à terme est aujourd'hui dominée par les ordinateurs et des programmes très sophistiqués d'aide à la décision. Cependant, il n'existe pas d'instrument statistique qui permette de situer les échanges de commodités au sein des échanges mondiaux, ni de statistiques permettant de distinguer les produits de base non élaborés des produits de base industriels. Nombre de produits industriels, par exemple les puces électroniques, sont des commodités, mais bien des produits de base n'en sont pas, en particulier dans le domaine alimentaire. Le vin rouge de table est une commodité, mais pas le champagne. Du fait de la politique agricole commune, la plupart des produits agricoles européens ne sont pas traités comme des commodités. En revanche, beaucoup de services sont devenus des commodités : le fret maritime, par exemple, en dehors des lignes régulières. On estime aujourd'hui que le tiers des services commercialisables au plan international sont devenus des commodités
D. G.
➙ MATIF, produits dérivés
MATIF (Marché à terme international de France)
Marché où se négocient les instruments financiers permettant de se protéger contre les fluctuations des taux d'intérêt, du cours des actions, des taux de change et du prix de certaines matières premières.
Ce sont bien les contrats à terme, et non les biens, qui font l'objet d'échanges sur le MATIF Cette pratique de produits dérivés est inspirée du marché agricole au xixe siècle où le marché à terme a accompagné l'essor du commerce et du négoce de grains aux États-Unis. Un négociant s'engage en mars à acheter, à un prix fixé d'avance, la récolte de blé d'un agriculteur prévue en août. L'acheteur doit acheter la moisson, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Ce pari, qui peut être gagnant, devient négociable en tant que tel jusqu'au moment où la moisson est faite.
Le besoin de contrats à terme (futures) s'est imposé dans le monde de la finance au début des années 1970, après la suppression des taux de change fixes (qui entraîna une fluctuation générale des monnaies). Le contrat vedette est le « notionnel » qui permet de réagir à l'évolution des taux d'intérêt à long terme.
Deux types d'investisseurs opèrent sur ce marché réservé aux professionnels : le spéculateur, qui fait un pari, et le gestionnaire, qui protège les placements de son entreprise. Créé en 1986, rivalisant avec les marchés américain et britannique, le MATIF est menacé par son concurrent germano-suisse, Eurex, depuis l'apparition de l'euro en 1999.
D. G.
➙ Matière première, MONEP, notionnel, produits dérivés
Meccano industriel
Expression souvent utilisée dans la presse – par allusion à un jeu d'assemblage célèbre chez les enfants des années 1950-1960. Elle désigne le fait de regrouper des activités industrielles appartenant jusque-là à des ensembles séparés.