État le plus puissant d'Europe au milieu du xviie siècle, l'Espagne déclina rapidement face aux nations de l'Europe du Nord et connut une industrialisation tardive, au milieu du xxe siècle.
Après l'effondrement de l'Empire romain d'Occident (476), l'Espagne fut conquise par les Wisigoths (507) puis par les Arabes (entre 711 et 714), qui ne purent cependant s'emparer des petits royaumes chrétiens subsistant au nord de la péninsule Ibérique. C'est à partir d'eux que s'amorça à partir du xie siècle une « reconquista » qui se termina en 1492 par la prise de Grenade, dernière possession arabe. Cette division et le déclin du monde musulman depuis le xiiie siècle expliquent le retard économique de l'Espagne à la fin du xve siècle, par rapport aux autres pays européens qui avaient connu plusieurs siècles d'essor agricole et industriel et de développement des échanges marchands.
De la splendeur à la décadence
L'Espagne bénéficia pourtant au début du xvie siècle de circonstances particulièrement favorables : la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, en 1492, lui apporta des richesses métalliques considérables et l'élection de Charles Quint (prince de Habsbourg et roi d'Espagne depuis 1516) sur le trône impérial fit de l'Espagne le cœur du Saint Empire romain germanique. Mais ce règne fut marqué par des guerres incessantes dans les provinces allemandes et par des conflits récurrents contre la France. Le fils de Charles Quint, Philippe II, poursuivit une politique ruineuse en combattant sans succès la France, les Flamands révoltés et l'Angleterre : malgré l'afflux d'or et d'argent d'Amérique, l'État espagnol connut plusieurs banqueroutes.
Au début du xviie siècle, l'Espagne, vaincue militairement et dont les structures économiques étaient archaïques, vit son retard économique s'aggraver. Durant les xviiie et xixe siècles, elle perdit ses colonies américaines et connut une instabilité politique interne expliquant l'absence de véritable révolution industrielle. Et, bien que n'ayant pas participé aux guerres mondiales, elle ne connut pas non plus d'essor économique significatif durant la première partie du xxe siècle (mis à part un début d'industrialisation dans les régions de Madrid, de Barcelone et le long de la côte atlantique nord). Le pays fut au contraire marqué par de graves conflits politiques et sociaux, culminant avec la guerre civile de 1936-1939.
Démocratie + Europe
Par contre, l'Espagne a connu un « démarrage » économique remarquable à partir de la fin des années 1950, avec un taux de croissance de 7,5 % par an entre 1959 et 1966, une augmentation de la production nationale de 20 % entre 1970 et 1973.
La démocratisation politique, avec l'accès au pouvoir du roi Juan Carlos en 1975, et l'entrée dans la CEE en 1986, lui ont permis de poursuivre son développement économique. L'Espagne est aujourd'hui l'un des dix pays les plus industrialisés du monde (le secteur automobile et celui des industries mécaniques et agroalimentaires étant particulièrement dynamiques), tout en conservant un grand secteur agricole exportateur. Ses infrastructures ferroviaires et routières ont été modernisées, les recettes du tourisme sont supérieures à 25 milliards de dollars par an, et les revenus moyens se rapprochent de la moyenne des autres pays européens.
L'Espagne connaît pourtant, à l'aube du xxie siècle, un des taux de chômage les plus élevés d'Europe (près de 19 % de la population active), son commerce extérieur est déficitaire et ses inégalités régionales restent préoccupantes
Espagne
Population : 39 630 000 hab.
PNB (1998) : 524,23 milliards de $
PNB/hab. : 14 490 $
Structure de la population active : agriculture 8,4 %, mines et industrie 30 %, services 61,7 %
Dette brute : 73,3 % du PIB
Taux de chômage : 18,8 %
P. B.
➙ Euro, Union européenne