Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
M

Mises (Ludwig von)

Économiste libéral autrichien (1881-1973).

Contre les défenseurs du socialisme, comme Lange, il réfuta l'idée d'une supériorité de la planification sur le marché concurrentiel (le Socialisme, 1922)

P. U.

Mobilité sociale

Caractère d'une société relatif à la possibilité pour ses membres de changer de situation sociale, de s'élever dans la hiérarchie sociale en termes de richesse, de prestige ou de pouvoir.

Une façon de la mesurer consiste, par exemple, à évaluer la probabilité qu'un fils ou une fille se retrouvent dans le même groupe social que leur père. On parle alors de mobilité intergénérationnelle, alors que la mobilité intragénérationnelle mesure la probabilité pour un individu de se retrouver dans le même groupe entre le début et la fin de sa carrière professionnelle. On observe généralement que la mobilité ascendante l'emporte sur la mobilité descendante, mais aussi que la probabilité pour un fils de se retrouver dans la même catégorie que son père est élevée. L'éducation est un facteur de mobilité dont l'importance ne doit cependant pas être surestimée aujourd'hui, lorsque des proportions importantes de chaque classe d'âge ont accès à l'enseignement supérieur

M. S.

Modèle

Représentation simplifiée mais complète d'une organisation économique, prenant ou non la forme mathématique.

Un modèle économique a pour objectif de présenter les caractéristiques principales d'une économie réelle, et les relations les plus significatives entre ses éléments fondamentaux (relation entre revenu et consommation, entre taux d'intérêt et investissement, par exemple).

La réflexion porte alors sur ce modèle abstrait, sorte de maquette dont l'économiste étudie les proprié- tés ; il analyse les effets de la variation de telle ou telle variable (le revenu, le taux d'intérêt...) sur les autres composantes du modèle, et non plus sur l'économie réelle, jugée trop complexe.

Cette démarche pose la question de la sélection des éléments jugés significatifs (prix, salaires, profits, investissement, consommation, épargne, préférence des agents, taux d'intérêt...) et des relations de causalité à établir entre eux : par exemple, l'épargne est-elle simplement la partie du revenu qui reste à la disposition des agents après avoir consommé, ou est-elle fonction du niveau des taux d'intérêt qui incitent plus ou moins les agents à placer leur argent ?

Le choix des éléments et les relations causales reposent donc sur des hypothèses théoriques qui expliquent la grande diversité des modèles économiques. Celle-ci provient aussi de l'utilisation plus ou moins poussée du langage mathématique.

Modèles politiques et modèles mathématiques

Ainsi, on peut parler de « modèle libéral » ou de « modèle socialiste » pour désigner des organisations économico-sociales ayant des principes de fonctionnement différents (le primat du marché libre dans le premier cas, le contrôle étatique dans le second), sans pour autant recourir aux mathématiques. On peut également parler de « modèle keynésien » pour évoquer une vision de l'économie (principalement dépendante du montant de la demande globale) qui ne repose que sur un langage mathématique sommaire. On distingue aussi un « modèle rhénan », soit le type du capitalisme allemand où l'État et les négociations sociales jouent un rôle plus important qu'ailleurs.

Par contre, le modèle walrassien est composé d'un système d'équations dont la résolution mathématique définit les conditions de l'équilibre macroéconomique. Plus généralement, les économistes du xxe siècle ont largement utilisé l'outil mathématique pour construire des modèles leur permettant de tester la cohérence de leur raisonnement, identifier clairement les variables explicatives et les variables expliquées, ou pour déterminer les conditions de l'équilibre micro- ou macroéconomique.

Une autre variété de modèle économique est constituée par des modèles économétriques, comprenant un grand nombre de variables et d'équations qui sont les unes et les autres chiffrées, selon les résultats de l'observation, contrairement aux modèles purement théoriques. Il s'agit dans ce cas d'effectuer des prévisions à partir des faits, ou de « tester » une théorie en comparant les résultats obtenus par le modèle à la réalité

P. B. et F. E.

➙ Macroéconomie, microéconomie, économétrie, mathématiques

Mondialisation

La mondialisation est un processus par lequel la production et les échanges tendent à s'affranchir des contraintes imposées par les frontières et la distance. On peut ainsi parler d'un marché mondial des composants électroniques, du café, de la construction aéronautique. La mondialisation implique non seulement les biens mais également les services, les titres financiers, les techniques, la main-d'œuvre. Elle a pour conséquence de dissoudre la nationalité des agents économiques et, notamment, des entreprises. Une firme française, détenue à 50 % par des investisseurs non résidents, qui organise sa production sur une échelle mondiale et réalise 70 % de son chiffre d'affaires à l'étranger, est-elle toujours française ?

Le terme de « mondialisation » ne doit pas être confondu avec celui d'internationalisation. Le premier décrit une évolution historique qui annonce une « fin de l'histoire » comprise (dans l'optique de Hegel, de Marx ou du philosophe américain Francis Fukuyama) comme l'aboutissement d'une histoire longue qui serait, en l'occurrence, et fondée sur la généralisation des marchés, l'extinction des nations et la mise en place d'instances « mondiales » de régulation. L'internationalisation, au contraire, reconnaît par définition la pertinence des frontières politiques, sas d'entrée et de sortie des marchandises, des services, des hommes et des capitaux.

Des lors que les contours du marché débordent des frontières nationales, les régulations des États deviennent inopérantes. La mondialisation peut donc avoir pour consé-quence de laisser aux marchés mondiaux le soin d'assurer leur propre régulation ; ils sont néanmoins en concurrence avec différentes formes d'organisation. La coordination entre les États peut conduire à l'adoption d'une norme internationale comme le ratio Cooke. Les États peuvent également déléguer une part de leur souveraineté à des organisations internationales comme le FMI ou l'OMC.