Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Laffer (courbe de)

Courbe représentant l'évolution du montant des impôts quand le taux d'imposition varie.

Vers 1980, l'économiste Arthur Laffer chercha à convaincre le président républicain des États-Unis, Ronald Reagan, que la hausse du taux d'imposition au-delà d'un maximum provoquait une baisse des revenus de l'État. En effet, beaucoup d'individus, parmi les plus dynamiques et les plus imposés, vont se demander : « À quoi bon travailler tant pour financer le gouvernement ? » Ils vont donc travailler moins et contribuer à ralentir la croissance. Les revenus auront davantage diminué que le taux d'imposition n'aura augmenté et le produit des impôts, paradoxalement, aura diminué.

La solution serait de pratiquer exactement la politique inverse : baisser les taux d'imposition pour inciter à travailler davantage, à créer davantage de richesse, avec en prime des recettes fiscales plus élevées.

On dit que le président fut convaincu par ce raisonnement et par la courbe en cloche qui l'illustrait. Les vérifications expérimentales qui ont suivi ont pourtant établi que le taux d'imposition effectif restait en deçà du seuil critique.

Arthur Laffer demeure comme un des chefs de file de l'économie de l'offre (supply-siders economics), qui prône une augmentation de l'offre et une augmentation de la demande par une baisse généralisée des impôts pesant sur les entreprises et sur les consommateurs.

F. E.

➙ Impôt

Lange (Oskar)

Économiste polonais (1904-1965), défenseur de l'économie socialiste.

Une vive controverse l'opposa dès l'entre-deux-guerres aux théoriciens (Hayek, von Mises) qui affirmaient la supériorité du libéralisme. Son originalité fut d'utiliser la théorie de l'équilibre général pour démontrer l'efficacité de la planification centralisée (On the Economic Theory of Socialism, 1938)

P. U.

Law (John)

Banquier écossais (1671-1729), qui, le premier, tenta de créer en France une monnaie-papier durant les années 1716-1720.

Au début du xviiie siècle, l'activité économique de la France était médiocre, les moyens de paiement (constitués de pièces métalliques) étaient insuffisants, et la monarchie devait recourir à l'emprunt pour financer une partie de ses dépenses. Durant la minorité de Louis XV, John Law obtint du régent Philippe d'Orléans la création d'une Banque royale fabriquant du papier-monnaie afin de stimuler les affaires et de payer les dettes de l'État.

Pour faire accepter ces billets, Law créa la Compagnie d'Occident, bénéficiant du monopole du commerce avec la Louisiane, le Canada et les Antilles, et mit la main sur la Compagnie des Indes ; les actions de ces compagnies, payables en papier-monnaie, se vendaient rue Quincampoix.

Après une période d'euphorie spéculative faisant grimper la valeur de ces actions, la panique s'empara du public. Le cours des actions s'effondra et, parallèlement, les détenteurs de billets demandèrent leur remboursement en or : la Banque et la Compagnie d'Occident firent faillite, Law s'enfuit à l'étranger, et la méfiance des Français vis-à-vis du papier-monnaie s'en trouva renforcée

P. B.

➙ Actionnaire, banque, monnaie, spéculation

Le Chapelier (Isaac René)

Avocat (1754-1794), rapporteur de la loi portant son nom et interdisant les associations ouvrières.

Avocat et député du tiers état en 1789, Le Chapelier rédigea avec Barnave le fameux serment du Jeu de paume et présida l'Assemblée nationale durant la nuit du 4 août 1789.

Le 14 juin 1791, il fit adopter une loi qui interdisait les coalitions de maîtres et d'ouvriers, c'est-à-dire la défense organisée d'individus exerçant le même métier ou la même activité. Cette loi complétait la loi abolissant les corporations, instituant le contrat libre et la liberté du commerce des grains, votée le 17 mars 1791 (loi d'Allarde) pour jeter les bases du libéralisme économique en France.

Le Chapelier fut guillotiné en 1794, mais sa loi resta en vigueur jusqu'en 1864 (autorisation des coalitions par Napoléon III), et la totale liberté syndicale ne fut accordée qu'en 1884

P. B.

➙ France, libéralisme économique, syndicat

Leontief (Wassily)

Économiste américain d'origine russe (né en 1906), qui a obtenu le prix Nobel d'économie en 1973.

Wassily Leontief s'est rendu célèbre par ses travaux relatifs au modèle input-output (entrée-sortie), qui décrit les relations économiques à l'intérieur d'une nation. Le système économique est ici conçu comme un ensemble interdépendant de branches d'activité se livrant des produits (inputs) qui, une fois transformés, sont à l'origine d'autres produits (outputs). Ainsi, l'industrie sidérurgique livre des tôles d'acier (inputs) à la branche automobile, qui, à son tour, produit des automobiles (outputs). Les recherches de Leontief ont permis le développement des systèmes de comptabilité nationale, notamment en France avec l'élaboration du tableau entrée-sortie (TES).

Wassily Leontief a également enrichi la vision néoclassique de l'échange international. Il montre grâce à son célèbre paradoxe que l'échange entre les nations s'explique à la fois par les quantités de facteurs de production (travail, capital) attachées à chaque pays et par leurs caractéristiques qualitatives (progrès technique pour le capital, niveau d'instruction de la main-d'œuvre pour le facteur travail)

J. C. D.

➙ Branche, comptabilité nationale, facteur, école néoclassique, output, Nobel

Leroy-Beaulieu (Pierre-Paul)

Économiste (1843-1916), ayant appartenu à l'école libérale française.

À la fin du xixe siècle et au début du xxe, il fut, en France, l'un des principaux représentants de la tradition        libérale,        dont         l'origine          remontait         à J.-B. Say et qui avait compris également F. Bastiat (Traité théorique et pratique d'économie politique, 1896)

P. U.

Levier (effet de)

Mécanisme financier permettant d'augmenter la rentabilité financière d'une entreprise en augmentant son endettement.

La rentabilité économique d'une entreprise se définit par le ratio exprimant le rapport entre le profit et les capitaux engagés (capitaux propres et capitaux empruntés). La rentabilité financière se définit quant à elle comme le ratio entre, d'une part, le profit diminué des intérêts sur les capitaux empruntés (les frais financiers) et, d'autre part, les capitaux propres. On appelle « levier » le ratio entre les capitaux empruntés et les capitaux propres.