Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
S

SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) (suite)

Jusqu'en 1968, et avant son changement de nom, il avait accumulé un tel retard qu'il dut être relevé de 35 %. Depuis, son taux est révisé à chaque fois que l'on constate une augmentation de 2 % de l'indice des prix. Tous les ans, chaque 1er juillet, une hausse est en outre annoncée afin que son pouvoir d'achat ne soit jamais inférieur à la moitié du salaire horaire ouvrier. À cette occasion, le gouvernement peut décider d'un « coup de pouce » plus ou moins important. François Mitterrand, Jacques Chirac et Lionel Jospin ont eu recours à cette possibilité à leur arrivée au pouvoir.

A. L.

➙ Ouvrier, revenu minimum, salaire

Smith (Adam)

Philosophe et économiste écossais (1723-1790), considéré comme le fondateur de l'économie politique moderne.

Professeur de philosophie morale à l'université d'Édimbourg puis de Glasgow, Smith se fait d'abord connaître par sa Théorie des sentiments moraux (1759) dans laquelle il discute les points de vue de D. Hume et de A. Ferguson sur l'origine de la morale. Son Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) le place au sommet de la réflexion économique du xviiie siècle. Cet ouvrage est d'abord célèbre pour l'exposé des effets bénéfiques de la division du travail ; il l'est aussi pour l'analyse de la détermination de l'équilibre sur un marché et des relations entre capital, épargne et investissement.

Contre les pratiques mercantilistes de l'Angleterre de son temps et contre les doctrines quelque peu rigides des physiocrates, Smith préconise une économie de marché régie par la concurrence, qui permet d'atteindre le bien collectif en laissant à chacun la liberté de chercher son intérêt privé.

L'œuvre économique de Smith se répand largement en Europe et devient l'ouvrage de référence de tous les économistes du xixe siècle, même si son interprétation a fait l'objet d'âpres et longs débats.

P. S.

➙ École classique, main invisible

Social-démocratie

Mouvement politique successivement favorable à l'instauration d'un système socialiste par des voies démocratiques, puis à la réforme du capitalisme en insistant sur la dimension sociale.

À la fin du xixe siècle, le mouvement social-démocrate allemand, influencé par Marx, se partage entre une approche « évolutionnaire », représentée par Bernstein, et un courant révolutionnaire, qui se veut fidèle à la vision de l'auteur du Capital. Les deux tendances divergent quant à l'analyse des tendances économiques effectives du capitalisme (comme les concentrations d'entreprises) et quant aux formes d'action nécessaires, mais partagent l'objectif socialiste d'une société plus égalitaire, organisée sur la base d'une collectivisation de la propriété. Après la révolution russe de 1917 s'opère une rupture au sein des partis socialistes : les partis communistes, issus de l'aile radicale de la social-démocratie, adhèrent à la IIIe Internationale fondée à Moscou, et vont défendre l'Union soviétique, son régime politique et son organisation économique et sociale ; les partis socialistes vont s'opposer à la voie violente de transformation sociale, critiquer le système soviétique et prôner une stratégie de réformes.

Un réformisme à l'heure de la mondialisation

La référence au collectivisme et à l'interventionnisme caractérise, avec l'appui au parlementarisme et à la démocratie politique, la doctrine social-démocrate durant la première moitié du xxe siècle. À partir des années 1950, cette doctrine est graduellement amendée dans le sens d'une réforme du capitalisme, qui atténue, jusqu'à la faire disparaître, la référence au socialisme comme un système économique alternatif et progressif. Dans les vingt dernières années du xxe siècle, marquées par la mise en cause du keynésianisme, l'effondrement du communisme, la crise de l'État providence et la mondialisation, la plupart des partis regroupés dans l'Internationale socialiste évoluent vers une social-démocratie qui cherche à conjuguer le libéralisme économique, la défense d'une mondialisation tempérée et le maintien d'un certain niveau de protection sociale dans les économies capitalistes.

B. C.

➙ Marxisme

Société

Association résultant d'un contrat passé entre deux ou plusieurs personnes pour affecter leurs biens ou leur industrie à une entreprise commune, en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourrait en résulter.

Cette définition, héritée du Code Napoléon, diffère de celle qui prévaut au xxe siècle, voyant dans une société une institution réglementée par l'État et visant à organiser l'entreprise pour assurer l'intérêt social de l'ensemble des parties prenantes. La réalité de la société peut s'appréhender à partir de plusieurs questions.

Première question : les associés sont-ils propriétaires de leur apport ?

Depuis la fin du xixe siècle, la jurisprudence a admis que toutes les sociétés ont une personnalité morale et que, lors de leur création, elles devenaient propriétaires des biens ; les associés ne sont donc propriétaires que de parts sociales leur donnant certains droits.

Deuxième question : les associés ont-ils le pouvoir ?

Au stade du capitalisme « managerial », le pouvoir ne tire sa source ni de la propriété des actifs, ni même de la propriété des parts sociales, mais du contrôle des voix qui s'expriment lors des conseils d'admi-nistration : on peut contrôler une société sans être majoritaire.

Mais ce pouvoir, y compris celui des managers, est restreint par toute une série de dispositions législatives ou jurisprudentielles particulières qui organisent la reconnaissance de certains intérêts catégoriels :

• droit du personnel à l'information et à la consultation,

• protection des associés minoritaires et des créanciers (interdiction pour les dirigeants d'abuser du pouvoir ou des biens sociaux pour favoriser leurs intérêts),

• reconnaissance d'une notion d'intérêt social : l'exercice du pouvoir ne doit pas être contraire à l'intérêt général de la société, et notamment ne pas compromettre la poursuite de l'activité sociale.

Troisième question : quel est le but d'une société ?

Avec le développement de l'industrie au xixe siècle, le droit français a été tenté à plusieurs reprises de réserver l'utilisation du terme de société aux seules activités visant un gain matériel. Mais il admet aujourd'hui non seulement les sociétés civiles et commerciales instituées en vue de partager des bénéfices, mais également les sociétés coopératives et mutualistes dont l'objet est de faire faire des économies à leurs membres ; la notion de bénéfice est donc comprise au sens large.