Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Retraite (suite)

Il existe toutefois des régimes de retraite fondés sur la capitalisation, où chaque actif cotise pendant sa période d'activité auprès d'un fonds privé pour financer sa retraite. Selon le type de fonds, le montant de la pension de retraite est calculé en fonction du rendement des marchés financiers ou des salaires. Les fonds de pension fonctionnent par capitalisation. Contrairement à la France, la capitalisation joue un rôle important dans le fonctionnement des systèmes de retraite de nombreux pays étrangers (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Pays-Bas).

Le modèle allemand et le modèle britannique

Les systèmes d'assurance sociale en Europe relèvent soit du modèle bismarckien, soit du modèle bévéridgien.

En Allemagne, Bismarck fait voter le 22 juillet 1889 la première loi sur l'assurance-vieillesse-invalidité, qui entrera en vigueur le 1er janvier 1891. Cette loi permet aux ouvriers âgés de 70 ans de percevoir une pension de retraite dès lors qu'ils ont cotisé trente ans. Le système qui gère ces pensions fonctionne de manière paritaire et est financé à la fois par les salariés et par les employeurs. En France, le régime général de la Sécurité sociale, institué par l'ordonnance du 4 octobre 1945, fait référence au modèle bismarckien.

Les retraites complémentaires

En France, les pensions de retraite sont versées par la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV). Les pensions de base sont complétées par des prestations provenant de régimes complémentaires fonctionnant par répartition. Il existe l'Association générale des institutions de retraite des cadres (AGIRC), destinée aux cadres, et l'Association des régimes complémentaires de retraite des salariés du Régime général (ARRCO) pour les autres catégories socioprofessionnelles. Ces régimes complémentaires sont les plus importants et ne concernent que les salariés du secteur privé. Ils ont été instaurés, respectivement en 1947 et 1961, afin de compléter les prestations de retraite du régime général jugées insuffisantes. Ils sont obligatoires. Ces régimes fonctionnent selon un système par points. Les cotisations sont converties en points et, lors de la retraite, la pension reçue est proportionnelle au nombre total de points accumulés au cours de l'activité professionnelle. Le montant des cotisations à verser varie selon les régimes complémentaires. Les formalités d'affiliation sont effectuées par l'employeur.

Parmi les autres types de régimes de base importants, il existe : le régime de la Fonction publique d'État, géré par le service des Pensions, le régime non salarié de la Mutualité agricole (MSA) et le régime des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, géré par la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL).

Un retraité peut cumuler plusieurs pensions de retraite provenant de caisses différentes. Cela tient au fait que, ayant exercé des activités professionnelles variées, il peut bénéficier de pensions provenant de régimes divers.

Dans de nombreux pays, les retraites complémentaires, qu'elles soient obligatoires ou facultatives, fonctionnent en capitalisation (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Japon et Chili).

Au Royaume-Uni, dans un rapport datant de 1942, lord Beveridge met en avant le principe de prestations uniformes pour tous les individus. Sont ainsi qualifiés de bévéridgiens les systèmes de retraite financés par une cotisation forfaitaire et garantissant des pensions de retraite qui ne sont pas liées aux salaires d'activité. Le système de protection sociale du Royaume-Uni, de l'Irlande, des Pays-Bas, du Danemark, de la Norvège, de la Suède et de la Finlande font référence à ce type de modèle.

Le vieillissement de la population entraîne-t-il la généralisation des fonds de pension ?

En 1995, parmi les pays de l'Union européenne, l'Italie et la France sont les grands pays qui consacrent la part la plus importante de leur PIB aux dépenses de retraite, respectivement 15,4 % et 12,5 %. À l'opposé, l'Irlande et le Portugal sont ceux dont la part des retraites dans le PIB est la plus faible, respectivement 8 % et 4,9 %. Ces parts sont susceptibles d'évoluer fortement. En effet, en France comme dans la plupart des pays développés, les régimes de retraite par répartition vont être confrontés au problème du vieillissement de la population, c'est-à-dire à l'accroissement de la proportion de la population âgée de 60 ans et plus. Cette évolution reflète l'allongement de la durée de la vie, la baisse de la mortalité ainsi que la baisse de la population active.

Le vieillissement de la population mondiale

E n France, les projections démographiques réalisées par l'INSEE montrent que, en raison du vieillissement accéléré à partir de 2006, la population âgée de 60 ans et plus va croître deux fois plus vite dès cette date en raison de l'arrivée à la retraite des générations nombreuses du baby-boom.

À partir de 2020, la pension de retraite d'une personne de plus de 60 ans devra être prise en charge par deux personnes d'âge actif (de 20 à 59 ans) alors qu'en 1995 ce ratio était de l'ordre de un pour trois. Aussi en 2040, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Les travailleurs seront donc de moins en moins nombreux pour subvenir aux besoins de retraités de plus en plus importants.

Ce phénomène du vieillissement de la population s'observe dans la plupart des pays développés. Ainsi, au Japon, il est prévu 1,2 actif pour un retraité en 2040, contre 3,2 en 1990 ; aux États-Unis, 1,7 actif pour un retraité en 2040, contre 3,3 en 1990 ; au Royaume-Uni, 1,5 actif pour un retraité en 2035, contre 2,6 en 1990 ; en Allemagne, 1,2 actif pour un retraité en 2030, contre 2,9 en 1990 ; en Italie, 1,1 actif pour un retraité en 2040, contre 2,7 en 1990.

La hausse du nombre de pensionnés par rapport à celui du nombre de cotisants va, en conséquence, dégrader la situation financière des systèmes publics de retraite. Ainsi, dans le cas de la France, les prévisions effectuées par le Commissariat général du Plan font état, pour le régime général, d'un déficit de 56 milliards de francs en 2010 et de 107 milliards de francs en 2015.