Pays s'engageant dans un processus d'industrialisation et de modernisation.
Cette appellation (ou sa version simplifiée de « pays en développement ») a remplacé petit à petit, depuis les années 1970, celles de « pays sous-développés » et de « tiers-monde ». Elle est très liée aux visions du développement des années 1950 et 1960 en termes de croissance accélérée et de rattrapage.
À cette époque, les pays désignés (une grande partie des pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie hors URSS), malgré leur diversité, connaissaient un processus effectif de développement, plus ou moins rapide. Depuis la crise financière de 1982 (puis celle de 1994-1997), et l'ajustement structurel qui a suivi, la situation est beaucoup plus hétérogène. Certains pays, où le revenu par tête était déjà bas et le niveau d'industrialisation faible, ont connu une régression sur tous les plans : baisse du revenu, poids accru du service de la dette, baisse de l'emploi formel et montée de l'économie informelle, effondrement des investissements industriels, d'infrastructures, mais aussi sociaux (éducation, santé). Ces pays, qualifiés par euphémisme de « PMA » (pays les moins avancés) ou de « pays les plus pauvres », sont pour leur majorité situés en Afrique équatoriale et tropicale, mais on y inclut quelques pays d'Amérique latine (Haïti, Bolivie) ou d'Asie (Népal, Laos, Cambodge, Afghanistan...). L'annulation de leur dette est en négociation.
À l'opposé, certains pays ont été qualifiés de « nouveaux pays industrialisés » dans les années 1980 ; ils étaient pour l'essentiel situés en Asie orientale (les « dragons » : Hongkong, Singapour, Taïwan, Thaïlande) et en Amérique latine (Brésil, Argentine, Chili, Mexique). Dans les années 1990, le vocable de « pays émergent » s'impose, sans être exactement un synonyme. Les crises des années 1994 (Mexique) et 1997 (Asie) ont montré la fragilité du processus de croissance de ces pays.
Un concept flou pour des réalités contrastées
Dans leur majorité, les pays en voie de développement n'appartiennent à aucune des deux catégories précédentes. Ils connaissent une croissance lente, mais réelle, du revenu par tête. Les menaces de famine sont écartées (sauf dans les cas de conflits armés) non seulement dans les grands pays asiatiques mais aussi en Afrique. La croissance industrielle n'est forte et continue que dans des pôles exportateurs, bénéficiant souvent du statut de zone franche. La plus grande menace sur le processus de développement dans ces pays provient, d'une part, de l'accroissement de la dépendance alimentaire et, d'autre part, de la baisse, voire de l'arrêt, depuis une quinzaine d'années des investissements « sociaux » (logement, santé, éducation, infrastructures urbaines).
L'emploi des termes « pays en voie de déve-loppement » est délicat car ses limites sont floues. D'une part, l'appartenance des pays (asiatiques surtout) issus de l'ex-URSS à cet ensemble ne fait pas l'unanimité. D'autre part, certains pays (Corée, Singapour, Émirats arabes unis et Arabie saoudite) revendiquent le statut de pays développés. Aussi, l'expression est utilisée par commodité dans le langage politique et journalistique, mais sa pertinence est contestée, à cause de l'hétérogénéité de l'ensemble, mais aussi de la remise en cause de la notion de développement.
Les pays en voie de développement ont tenté à plusieurs reprises (conférence de Bandung en 1955, fondation de la CNUCED [Conférence des Nations unie pour le commerce et le développement] et du « Groupe des 77 » en 1964) de présenter un front commun pour sortir de la logique des « blocs ». La divergence des intérêts politiques et géostratégiques, mais aussi économiques (comme lors de la crise pétrolière de 1973-1974), a fait avorter ces tentatives
B. L.
➙ Développement, Nord-Sud, pays émergents, tiers-monde