Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Davos (rencontre de)

Rencontre annuelle réunissant en Suisse, depuis 1971, de manière informelle, les principales figures de l'économie, voire de la politique, venues du monde entier.

Tenues sous l'auspice du Forum économique mondial, institution privée basée en Suisse, les rencontres de Davos sont devenues célèbres grâce à la franchise des discussions et à l'éclectisme des personnalités réunies (le Premier ministre de la Russie ou celui de la Chine, ou encore le président des États-Unis y côtoient tel magnat des médias, tel grand industriel). « Davos » a fini par devenir le symbole de la mondialisation : les journalistes s'y précipitent et les critiques fustigent ce rassemblement à huis clos des puissants.

Les rencontres de Davos sont bien moins formelles que les réunions annuelles de l'ONU ou du FMI, par exemple

F. L.

➙ Libéralisme économique, mondialisation

Débit (en comptabilité d'entreprise)

Côté gauche d'un compte d'agent économique.

J. R.

➙ Bilan, comptabilité, compte

Débouchés

Demande solvable permettant de vendre des marchandises.

« Une colonie, c'est un débouché », disait Jules Ferry pour justifier les conquêtes coloniales de la France dans les années 1880. Cette opinion rejoint celle des économistes pour lesquels l'essor du capitalisme nécessite l'ouverture permanente de nouveaux marchés extérieurs aux économies capitalistes afin de faire face à la « saturation » de la demande intérieure. Ce besoin s'expliquerait par l'excès d'une production sans cesse croissante par rapport à la capacité de consommation de la grande masse des salariés. Mais de nouveaux débouchés peuvent aussi provenir des dépenses effectuées par l'État, ou du crédit bancaire qui permet aux agents de dépenser plus que leur revenu courant. Malthus, Sismondi, Rosa Luxemburg et Keynes font partie des économistes qui mirent l'accent sur ce problème des débouchés.

Pour d'autres, le problème des débouchés ne se pose pas, car toute nouvelle production génère des nouveaux revenus d'une valeur équivalente : si un produit vaut 100 francs, c'est parce que l'on a distribué 100 francs sous forme de salaires, de profit, d'achat de matières premières... Comme le disait Jean-Baptiste Say dans sa célèbre « loi des débouchés », l'offre crée sa propre demande et le risque de surproduction n'existe pas à l'échelle d'une économie globale. C'est le point de vue partagé par les économistes libéraux, qui considèrent que le capitalisme peut se développer sans limites

P. B.

➙ Colonialisme, demande, impérialisme

Debreu (Gerard)

Économiste mathématicien américain d'origine française (né en 1921), prix Nobel d'économie en 1983.

Influencé par M. Allais, Debreu a été récompensé « pour l'introduction de nouvelles méthodes d'analyse dans la théorie économique et pour une reformulation rigoureuse de la théorie de l'équilibre général ».

Représentant avec K. Arrow l'économie mathématique, il a porté avec lui la théorie néoclassique à son plus haut degré d'abstraction, dans la tradition de Walras et Pareto. Farouche partisan de la rigueur donnée par la formalisation mathématique, il a approfondi la théorie de l'équilibre général envisagé par Léon Walras, et a déterminé mathématiquement un système de prix apte à équilibrer simultanément l'ensemble des marchés de l'économie. En cela il se sépare de Arrow, qui a étudié les situations dans lesquelles cet équilibre général n'existe pas. Ses travaux sont synthétisés dans son ouvrage Théorie de la valeur, publié en 1959. Debreu opta pour la nationalité américaine en 1975

P. L.

➙ Marché (économie de), optimum, science économique

Décloisonnement

Caractéristique d'un système bancaire où les banques sont en concurrence sur tous les marchés.

Pour reconstruire l'économie française après la Seconde Guerre mondiale, les pouvoirs publics ont institué des réseaux bancaires spécialisés dans le financement de secteurs jugés prioritaires. Ainsi le réseau de la Caisse nationale de crédit agricole s'est-il spécialisé dans le financement de l'agriculture, le Crédit foncier dans le financement du logement, la Caisse des dépôts et consignations, dans celui des collectivités locales... Par ailleurs, il existait un cloisonnement réglementaire entre les banques de dépôts (clientèle des particuliers et financement à court terme) et les banques d'affaires (clientèle des entreprises et financement à long terme). Bref, les réseaux bancaires étaient cloisonnés, subventionnés par l'État, et la concurrence entre eux était quasi inexistante.

Sous l'impulsion de la concurrence internationale, les pouvoirs publics ont décloisonné ces réseaux. Depuis la loi bancaire de 1984 consacrant la notion de banque universelle, il ne subsiste plus que quelques privilèges accordés à certains réseaux. Pour le reste, la concurrence interbancaire joue totalement

A. L.

➙ Banque

Défense

Ensemble des activités liées à la chose militaire.

Le terme recouvre d'une part la défense nationale, l'une des principales missions des États, qui consiste à garantir la sécurité du territoire contre les agressions extérieures et, le cas échéant, à défendre au-delà des frontières les intérêts du pays ou de la communauté internationale ; et, d'autre part, les industries de la défense qui fabriquent et commercialisent l'armement – terrestre, naval ou aérien – ainsi que les produits, services et technologies associés.

Si vis pacem, para bellum (si tu veux la paix, prépare la guerre), disaient les Anciens. La plupart des sociétés humaines ont en effet consacré une part importante de leurs richesses à préparer la guerre – et à la faire. La recherche de financements pour les opérations militaires est un souci permanent des autorités politiques, de Rome à la Chine impériale, des seigneurs féodaux aux dirigeants du Pentagone (le ministère de la Défense des États-Unis). Historiquement, la justification de l'impôt a d'abord été de fournir à l'État de l'argent – qu'on n'appelle pas pour rien le nerf de la guerre.

L'époque contemporaine a vu se transformer considérablement les données économiques de la défense. La Première puis la Seconde Guerre mondiale ont entraîné des destructions matérielles et humaines sans commune mesure avec celles que pouvaient causer les conflits avant l'ère industrielle. Avec les bombes atomiques américaines larguées sur Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 août 1945), la peur d'un anéantissement de la planète a transformé la nature des affrontements entre puissances. Se doter de l'arme nucléaire est devenu une obsession pour tous les pays qui en étaient capables technologiquement et politiquement, tandis que les autres cherchaient à assurer leur sécurité à l'abri du « parapluie » nucléaire américain. La guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique a été marquée par une course aux armements de plus en plus ruineuse, qui a fini par avoir raison de l'économie communiste, moins puissante et moins adaptable.