Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Pharmacie

Science des médicaments,de leur composition et de leur préparation.

À la fin du xxe siècle, l'industrie pharmaceutique mondiale est entrée dans une phase de restructuration et de concentration. En l'espace de six ans, entre 1993 et 1999, la vague de restructurations, partie des États-Unis, a rapidement gagné l'Europe, d'abord la Grande-Bretagne avec la fusion Glaxo-Wellcome, puis l'Allemagne avec le rachat par Hoechst de l'américain Marion. La déferlante a affecté même la très prudente Suisse, où Sandoz et Ciba constituaient Novartis ; leur compatriote Roche a pris le contrôle de l'allemand Boehringer Mannheim.

L'industrie française n'a pas échappé à ce mouvement, avec la fusion entre Rhône-Poulenc et Hoechst, pour créer le numéro trois mondial, Aventis, suivie quelques semaines plus tard par le mariage de Sanofi et de Synthélabo. Les montants des transactions n'ont cessé de battre des records.

Trois raisons ont provoqué ce mouvement :

• le durcissement par les gouvernements du monde entier des politiques de santé, devenues trop chères ;

• le coût de plus en plus élevé de la recherche pharmaceutique ;

• la nécessité d'avoir une présence mondiale.

Le « krach pharmaceutique » s'est produit en 1993, lorsque les États-Unis ont décidé de mieux maîtriser leurs dépenses de santé. Cette décision volontariste du président Clinton, même si elle n'est pas allée au bout de sa logique, a été reprise à leur compte par les pays européens. Ces politiques mettaient fin à la hausse constante des prix des médicaments, qui progressaient de 10 % l'an jusqu'alors. Ces prix suivent désormais le rythme de l'inflation.

Innover et vendre en masse

Conscients d'une baisse potentielle de leurs revenus, les laboratoires se sont trouvés écartelés entre deux impératifs contradictoires : continuer à innover et augmenter leur présence dans les médicaments génériques, ces copies de médicaments appelées à se développer car elles sont vendues à des prix plus bas que la « molécule » originale, dont le brevet est tombé dans le domaine public. Ils ont dû se concentrer sur la recherche pour disposer d'importantes ressources financières et focaliser leurs programmes sur quelques axes thérapeutiques en raison de l'ampleur des investissements. Il faut aujourd'hui dépenser environ 300 millions de dollars (1,8 milliard de francs) pour découvrir une molécule et la mettre sur le marché, avec seulement trois chances sur dix de récupérer la mise de départ. Sur cent molécules découvertes, seules trois peuvent devenir des médicaments vedettes. La taille du laboratoire et l'importance des budgets améliorent les chances de succès. Découvrir ne suffit pas, il faut aussi pouvoir assurer la commercialisation du médicament sur les principaux marchés que sont les États-Unis (36,1 % du marché mondial) et l'Europe (29 %). Les laboratoires n'ont qu'une dizaine d'années pour bénéficier de la protection de leurs brevets. Le médicament tombe ensuite dans le domaine public et est très vite concurrencé.

Malgré les concentrations, cette industrie reste très morcelée. Les dix premiers groupes mondiaux détiennent moins de 30 % du marché mondial, estimé à 295 milliards de dollars. Aux côtés de ces groupes fleurissent une multitude de petites entreprises de biotechnologie, des start up, qui se développent principalement aux États-Unis et en Grande-Bretagne ; elles naissent de la maîtrise d'une idée ou d'une technologie, selon les experts. Ces firmes espèrent devenir dans la pharmacie les Microsoft de demain concurrençant IBM dans l'informatique. En 1998 on en dénombrait près de 1 000 aux États-Unis et 350 en Europe

D. G.

➙ Chimie, fusion, santé

Phelps (Edmund S.)

Économiste américain (né en 1933), qui fut parmi les premiers à s'intéresser aux fondements microéconomiques de la macroéconomie.

Il fut, en même temps que M. Friedman, à l'origine du concept de « taux de chômage naturel », traduisant l'idée que la politique économique ne peut espérer réduire durablement le chômage en deçà d'un certain seuil, alors qu'elle peut avoir pour effet pervers d'accélérer l'inflation (Microeconomic Foundations of Employment and Inflation Theory, 1972). Il mit l'accent sur l'importance des phénomènes de recherche d'emploi (job search), présentés comme résultant d'un arbitrage réalisé par les chômeurs entre le gain que représente l'obtention d'un emploi conforme à leurs attentes et le coût occasionné par la recherche d'un tel emploi

P. U.

Phillips (courbe de)

Relation inverse entre le taux de chômage et le taux d'inflation, formant une courbe décroissante, découverte en 1958par A. W. H. Phillips.

À l'origine, la « courbe de Phillips » mettait en relation les variations des salaires et celles du chômage observées en Grande-Bretagne entre le milieu du xixe siècle et les années 1950. Elle montrait que les salaires augmentent d'autant plus que le taux de chômage est faible, et qu'ils peuvent baisser quand le chômage est élevé.

Moyennant l'hypothèse que le taux d'inflation est fonction de l'importance des hausses de salaire, cette relation a été interprétée comme signifiant que l'inflation augmente quand le taux de chômage diminue. Durant les Trente Glorieuses, la politique économique a consisté à choisir l'un ou l'autre de ces deux objectifs antinomiques, la lutte contre le chômage ou celle contre l'inflation. Un consensus influencé par les idées keynésiennes a prévalu alors pour donner la priorité au plein-emploi, défini en fait comme le taux de chômage le plus faible possible compatible avec un rythme de hausse des prix modéré (soit un chômage estimé à 4 % aux États-Unis en 1962).

Le lien entre inflationet plein-emploi remis en cause

À partir de la fin des années 1960, l'augmentation simultanée de l'inflation et du chômage a contredit la relation de Phillips, ce que Milton Friedman a interprété comme la démonstration des méfaits du keynésianisme, qui ne peut selon lui que relancer l'inflation sans pour autant réduire durablement le chômage. Selon Friedman, la seule alternative est la lutte contre l'inflation et l'acceptation d'un taux naturel de chômage. En cela, il est à la base du retournement des politiques économiques occidentales, donnant la priorité à la maîtrise de l'inflation. Mais la désinflation s'accompagna néanmoins d'un chômage accru, la courbe de Phillips fut de ce fait réhabilitée : ses défenseurs considèrent que la courbe s'est déplacée, c'est-à-dire qu'il faut désormais un taux de chômage beaucoup plus élevé pour contenir l'inflation, du fait que les taux de salaire ne connaissent plus de baisse comme au xixe siècle