Appellation donnée officiellement depuis 1795 à l'unité monétaire de la France, et plus tard à celle d'autres pays comme la Belgique, la Suisse et les pays de l'Afrique francophone.
Au Moyen Âge, les monnaies d'or en circulation s'appelaient généralement deniers, puis écus, comme l'écu d'or introduit par le roi Saint Louis en 1266. À des périodes ultérieures, les pièces d'or ont été appelées louis par référence aux rois dont elles portaient l'effigie. C'est lors de la grande réforme monétaire de 1360 que fut créé le premier franc-or qui portait l'expression latine Franconium Rex (« roi des Francs »). Lorsque les adolescents français d'aujourd'hui se plaignent de ne pas avoir de « thune », ils ne se doutent pas qu'ils utilisent un argot du xviie siècle désignant des pièces de monnaie en argent.
Pendant la Révolution, des assignats ont été émis ; ils étaient inconvertibles et garantis par les ventes futures de biens nationalisés. Mais l'existence de cette forme de papier-monnaie, insuffisamment garantie, abondamment émise, a provoqué un phénomène d'hyperinflation. En 1803, Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, a remplacé les assignats par des francs dits « germinal », convertibles en or ou en argent. L'appellation franc ne devait plus changer par la suite.
Franc faible, franc lourd, euro
La stabilité monétaire du xixe siècle ne résiste pas à la Première Guerre mondiale. Pour restaurer la confiance en la monnaie nationale Raymond Poincaré dévalue le franc-or de 80 % en 1928. La crise des années 1930 apporte de nouvelles turbulences et, en 1936, le gouvernement du Front populaire de Léon Blum sort la monnaie du système de l'étalon-or, comme l'ont fait la Grande-Bretagne et les États-Unis quelques années plus tôt. L'après-guerre est marqué par des périodes d'inflation qui entraînent plusieurs dévaluations du franc. Après le gouvernement de « défense du franc » d'Antoine Pinay (1952), le général de Gaulle parvient à rétablir la convertibilité externe du franc en 1958. Surtout, il crée en 1960 le « franc lourd », supprimant deux zéros aux anciens francs.
Le franc a continué à être la victime périodique de vagues de spéculation sur le marché des changes, en dépit de la création du SME en 1979. En 1982, Paris a même dû imposer un contrôle des changes (les particuliers ne pouvaient pas échanger plus de 2 000 francs en devises) pour limiter les sorties de capitaux.
Une nouvelle politique monétaire anti-inflationniste, dite du « franc fort », a été mise en œuvre à partir de mars 1983 (alors que la France avait failli quitter le SME) et n'a jamais été remise en cause depuis. D'autant que, pour être sélectionnée parmi les pays adhérant à la première vague de l'euro en 1999, la France a dû respecter des critères fixes, imposant une certaine stabilité de la monnaie dans le SME, limitant l'endettement de l'État et le déficit budgétaire.