Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Régulation (école de la)

Groupe d'économistes français du dernier quart du xxe siècle (Michel Aglietta, Robert Boyer, Alain Lipietz, Jean-Paul Benassy, Rose-Marie Gelpi...), ayant analysé les grandes périodes du capitalisme et insisté sur leur cohérence interne.

Bien qu'inspirés par le marxisme et le keynésianisme, ces auteurs s'opposent à Keynes, en plaçant l'histoire au cœur de leur analyse, et à Marx, en insistant sur la capacité du capitalisme à surmonter ses difficultés.

Selon eux, le capitalisme connut différentes époques, caractérisées par l'articulation de plusieurs « formes institutionnelles » : rapport salarial (droit du travail), système monétaire, concurrence.

Les auteurs définissent ainsi deux principaux « modes de régulation » du capitalisme. Au xixe siècle aurait dominé le mode de régulation concurrentiel, caractérisé par l'existence d'une concurrence généralisée (entre entreprises et sur le marché du travail, les salariés ne disposant d'aucun droit collectif), par la flexibilité de tous les revenus, et par un État s'abstenant d'intervenir directement dans l'économie.

De la régulation monopolistique à la régulation transnationale

Au xxe siècle (et surtout après la Seconde Guerre mondiale) aurait prévalu un « mode de régulation monopoliste » : les prix ont été contrôlés par de grands groupes industriels peu nombreux, alors que de nouvelles relations employeurs-employés s'établissaient dans le cadre de conventions collectives permettant l'augmentation des rémunérations salariales ; l'État est intervenu en permanence et a veillé en particulier à créer suffisamment de monnaie et de revenus pour éviter les crises. Ainsi s'expliqueraient la croissance forte et régulière des Trente Glorieuses mais aussi l'inflation du xxe siècle, s'opposant à la baisse des prix qui avait caractérisé le xixe siècle.

Mais, depuis la fin des années 1970, cette régulation monopoliste est remise en cause par la mondialisation des économies, rendant plus difficile l'intervention de l'État, et par la mise en place de politiques plus « libérales » visant à restaurer la concurrence et à remettre en cause les droits acquis par les salariés. Une nouvelle régulation (« transnationale » ?) serait donc en gestation.

P. B.

➙ Capitalisme, Trente Glorieuses

Relance

Politique économique de l'État visant à retrouver un taux de croissance satisfaisant.

La relance de l'économie (retour de l'expansion après une période de récession ou de stagnation de l'activité) est liée à une intervention de l'État, palliant l'absence de reprise spontanée de la croissance, ou visant à accélérer une croissance insuffisante pour assurer le plein-emploi. La relance peut se faire en augmentant les dépenses publiques ou la masse monétaire en circulation

P. B.

Religion et capitalisme

Divers auteurs (dont en particulier M. Weber et W. Sombart) ont cherché à montrer l'influence des religions protestante et juive dans l'origine du capitalisme.

Ce type d'interrogation est surtout le fait de sociologues et d'historiens, refusant d'admettre la démarche des économistes qui se réduit à l'analyse du seul jeu des forces matérielles.

Le plus célèbre de ceux-ci est l'Allemand Max Weber, qui publia en 1905 l'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, où il prit le contre-pied de l'analyse marxiste faisant de la religion le reflet des forces économiques . Pour Weber, au contraire c'est l'éthique des protestants, et en particulier la morale luthérienne du « Beruf » (ou vocation) et la croyance calviniste au dogme de la prédestination, qui aurait poussé les Réformés à modifier leur comportement économique : les protestants, inquiets pour le salut de leurs âmes, auraient cherché dans l'exercice d'un métier et dans la réussite matérielle le signe de leur élection divine. De plus, le devoir de respecter sur terre un « ascétisme séculier », c'est-à-dire de vivre dans le monde d'une façon aussi austère que les moines dans leurs monastères, poussait à modérer les dépenses de consommation et à augmenter la part de l'épargne permettant de financer les investissements propres au capitalisme.

Élève et compatriote de Weber, Werner Sombart adopta une approche similaire, mais identifia dans la religion juive les éléments favorables à l'essor du capitalisme, en considérant que l'extrême intellectualisme du judaïsme favoriserait le calcul économique et l'esprit spéculatif. Il fut critiqué par ceux qui pensent que c'est pour des raisons sociales que les Juifs ont souvent été au Moyen Âge des marchands et des usuriers – ils ne pouvaient faire autre chose – et qu'ils ont perdu ce rôle au moment où le capitalisme proprement dit s'est développé, à l'initiative des marchands et des financiers chrétiens

P. B.

➙ Capitalisme

Rendement

Revenu que rapporte annuellement une valeur mobilière, action ou obligation, exprimé en pourcentage.

Dans le cas d'une action, le rendement net ne tient pas compte de l'avoir fiscal ni du crédit d'impôt, mais le rendement global l'intègre. Si une action vaut 100 francs et que le dividende versé, c'est-à-dire la part du bénéfice attribué à chaque titre, est de 3 francs, le rendement net du titre est le rapport de 3/100, soit 3 %. Soit une obligation de 1 000 francs rémunérée à 10 %, son rendement de 10 % suscite un revenu de 100 francs.

À la fin des années 1990, les investisseurs institutionnels comme les grands fonds de pension exigent un rendement – ou rentabilité – de 15 % sur leurs placements, chiffre sans doute trop élevé pour être durable

D. G.

➙ Avoir fiscal, dividende, fonds de pension

Rendements d'échelle

Productivité d'une entreprise en fonction de l'importance de sa production.

On dit d'une entreprise que ses rendements (d'échelle) sont décroissants quand la production est d'autant plus difficile que la production est importante. La chose se vérifie généralement dans l'agriculture et dans les mines, avec des coûts moyens croissants. On explique ainsi que, pour extraire davantage de charbon, il faut le chercher plus loin, à un coût supérieur.

Les rendements (d'échelle) sont croissants quand la production est d'autant plus facile qu'elle est importante, ce qui signifie que les coûts moyens sont décroissants. Dans la plupart des industries, la croissance des rendements s'explique par le fait que les coûts fixes pèsent d'autant moins que la production est grande, et par une meilleure organisation, que la taille de l'entreprise rend possible ; c'est ce que l'on appelle des « économies d'échelle ».