Innovation (suite)
L'importance stratégique de l'innovation explique la focalisation du débat économique et des politiques publiques sur les conditions favorables à l'innovation.
L'innovation arrive rarement par hasard
Il y a d'abord les conditions propres à l'entreprise. L'innovation est une question de taille : les grandes entreprises innovent plus que les petites car elles ont la capacité d'investir dans la recherche et développement (R&D) et de supporter le risque inhérent à l'innovation. C'est aussi une question d'orga-nisation : le management est essentiel dans la capacité à articuler conception, production et marché en mobilisant des formes spécifiques d'organisation (pour produire la Twingo, Renault a mis en place une équipe projet rompant avec ses méthodes antérieures de conception).
D'autres conditions concernent l'environnement de l'entreprise sur lequel les politiques publiques peuvent agir. Au plan financier, il s'agit de mettre en place des formes de capital-risque adaptées à la couverture de ce risque particulier ainsi que des marchés spécifiques comme le NASDAQ aux États-Unis (une Bourse spécialisée dans les entreprises nouvelles à fort potentiel de croissance comme Apple, Intel ou Yahoo !). Plus largement, l'innovation est affaire de coopération entre des acteurs différents : les entreprises doivent coopérer entre elles sur une large échelle géographique mais aussi avec des laboratoires de recherche, des universités, des institutions publiques (centres de transfert ou de veille technologique par exemple). L'innovation dépend ainsi largement de la qualité des « systèmes d'innovation » existant dans chaque pays. Elle est aussi fonction de la capacité à garantir juridiquement par des brevets les bénéfices de celui qui innove, mais sans cependant empêcher toute diffusion de l'innovation dans l'économie (durée ou couverture limitées du brevet).
L'innovation dépend enfin de son adoption par l'utilisateur. À cet égard, ce n'est pas toujours la meilleure technologie qui l'emporte. L'innovation se diffusant souvent largement par effet d'imitation (j'achète pour ne pas « être en retard »), la compétition entre technologies se joue sur la capacité à être le premier à atteindre un certain seuil d'utilisateurs. C'est pourquoi il importe autant d'avoir une politique marketing et de prix agressive que d'avoir la meilleure technologie. Le constructeur d'ordinateurs Apple l'a appris à ses dépens. On voit dès lors se développer une apparente « économie de la gratuité » : les opérateurs de téléphone mobile distribuent pour 1 F des terminaux qui en valent 1 500, Microsoft offre « gratuitement » son logiciel de navigation Internet Explorer pour contrecarrer le concurrent Netscape, etc
A. R.
➙ Capital-risque, Internet, progrès technique, recherche et développement, (J. A.) Schumpeter