Le courant post-keynésien regroupe les économistes qui cherchent à prolonger le message théorique de Keynes. Il se distingue des nouveaux keynésiens, qui acceptent une synthèse avec la théorie néoclassique.
Une première génération de post-keynésiens, regroupés à l'université de Cambridge, chercha durant les années 1950 à généraliser la théorie de J. M. Keynes et à y introduire une perspective de long terme. Ils s'inspirèrent pour cela de Ricardo, de Marx ou de Kalecki. Les principaux représentants de ce courant furent R. Harrod, N. Kaldor, R. Kahn et J. Robinson.
À partir des années 1970, une seconde génération, plus nord-américaine, répondit aux critiques monétaristes en réfléchissant à nouveau au problème du court terme, mais en renouvelant la démarche de Keynes, principalement sur les thèmes de la monnaie et du financement, de l'incertitude et du circuit économique. Le Journal of Post-Keynesian Economics regroupe les travaux de ces économistes. Citons, entre autres, P. Davidson, J. Kregel, M. Lavoie, H. Minsky et le Français A. Barrère.
Une approche tenant compte des institutions, des rapports de forceet du temps
Dans tous les cas, un état stable de plein-emploi ou une croissance équilibrée apparaissent comme des cas exceptionnels. Les anticipations des entrepreneurs en situation d'incertitude, l'absence de neutralité de la monnaie, les inégalités de pouvoir entre les différents types d'agents tiennent une place essentielle. Comparée à la théorie économique dominante postulant l'équilibre atemporel, l'approche est plus réaliste et plus historique. La place des institutions et des organisations est essentielle, contrairement à l'individualisme méthodologique des néoclassiques. Mais, surtout, l'élément central est l'analyse d'une économie monétaire de production et non celle d'une économie d'échange où la monnaie n'aurait aucun rôle actif.
Toutefois, les post-keynésiens passent en général plus de temps à attaquer l'orthodoxie qu'à essayer de construire des ponts entre eux. D'où une mosaïque d'interprétations qui nuit à la cohérence de ce courant de pensée
E. L. H.
➙ Circuit, Harrod-Domar, incertitude, préférence pour la liquidité