Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
E

Endettement (suite)

Devant cette situation, les pouvoirs publics ont souhaité protéger les ménages les plus fragiles. La loi Neiertz, adoptée en 1989, a institué des commissions de surendettement dans chaque département, placées sous l'égide de la Banque de France. Ces commissions établissent la recevabilité des dossiers et proposent le rééchelonnement des échéances de remboursement. En 1998 ont été déposés 118 000 dossiers devant ces commissions, le total sur huit années s'élevant à 730 000.

La loi de lutte contre les exclusions adoptée en 1998 a renforcé la protection des ménages surendettés les plus fragilisés (ceux dont les dettes sont liées aux dépenses vitales) : elle prévoit dans les « cas extrêmes » un effacement total ou partiel des dettes, et permet un rééchelonnement de la dette sur huit années, au lieu de cinq années auparavant.

Les entreprises, mais surtout les ménages et l'État, financent leur déficit par endettement. L'endettement est bancaire lorsqu'il est effectué auprès d'une banque, et obligataire lorsque l'emprunteur émet un titre lui permettant d'obtenir des fonds qu'il devra rembourser mais qui est négociable sur un marché financier. Le traité d'Amsterdam impose aux administrations publiques des États européens un taux d'en- dettement inférieur à 60 % du PIB. Le surendettement caractérise un emprunteur ayant des ressources insuffisantes pour rembourser sa dette

A. L.

➙ Dette

Endogène (variable)

Variable dont la valeur est déterminée par le modèle qui l'utilise.

Une représentation mathématique de l'économie se compose par définition d'un certain nombre d'équations et d'un certain nombre de variables. Si on compte autant de variables que d'équations, on peut en général résoudre le système et trouver les valeurs de toutes les variables endogènes. Le plus souvent, malheureusement, on compte davantage de variables que d'équations. On considère alors que certaines variables sont exogènes, c'est-à-dire que leurs valeurs doivent être déterminées en dehors du modèle en question.

Un modèle macroéconomique comporte en général comme variables endogènes les prix, les salaires, le PIB, les exportations, etc. Mais le taux de change, la durée légale du travail, le prix du pétrole, etc., sont généralement des variables exogènes. Leurs valeurs résultent soit d'autres modèles, soit de décisions politiques

F. E.

➙ Mathématiques, modèle

Énergie

Force utilisée, à partir des sources naturelles (charbon, gaz, pétrole) et des industries spécialisées (électricité, nucléaire, raffinage pétrolier, etc.), pour faire fonctionner les machines utiles aux individus et à l'industrie.

L'essor économique mondial est largement fondé sur l'utilisation de plus en plus forte des ressources énergétiques de la planète. À cet égard, le xxe siècle a été marqué par trois grandes périodes :

• 1900-1950 : la domination du charbon. À la base de la révolution industrielle en Europe, celui-ci représente encore 94 % de la consommation d'énergie au début du xxe siècle. Avec l'arrivée de l'automobile, il entame un déclin continu pour ne plus représenter que 40 % du total en 1950.

• 1950-1973 : c'est l'époque du pétrole (et du gaz), dont la consommation est multipliée par 5,4 (6,4 pour le gaz). Le choc pétrolier de 1973 met fin à cette phase du « tout pétrole ».

• 1973 et après : l'époque est à la diversification des sources d'énergie (la France jouera, pour sa part, la carte du « tout nucléaire » [84 % de sa production énergétique et 40 % de sa consommation]), mais aussi à l'économie et au respect de l'environnement. La question est bien posée : le monde peut-il à la fois fournir l'énergie toujours croissante dont l'homme a besoin et supporter les effets sur la nature (réchauffement, effet de serre, pollution) que cette consommation implique ?

Au début du xxie siècle, la consommation globale d'énergie dans le monde (hors bois de chauffe) était estimée à plus de 8 000 milliards de tonnes d'équivalent pétrole (tep : quantité de chaleur qu'il est possible de recueillir par la combustion parfaite de 1 tonne de pétrole brut)

P. B.

➙ Charbon, environnement, nucléaire, pétrole

Entrepreneur

Acteur économique qui exerce les fonctions de création et de direction de l'entreprise dans une économie de type capitaliste. L'entrepreneur, ou chef d'entreprise, réunit des ressources, nommées facteurs de production (travail et capital), dans le but de réaliser un produit destiné à la vente sur un marché.

L'entrepreneur est-il devenu une star ? La récente médiatisation des grands chefs d'entreprise, tels Bill Gates aux États-Unis ou Michel et Michel-Édouard Leclerc en France, a permis de mettre les patrons sur le devant de la scène économique. Juste retour des choses car, sans entrepreneurs, il ne peut exister de croissance économique comme l'avait fait remarquer l'économiste américain Walt Whitman Rostow en 1960, dans les Étapes de la croissance économique. Les entrepreneurs constituent un groupe social à part entière : ce sont ceux qui cherchent à faire triompher une idée, risquent leurs capitaux et sont animés justement par le fameux « esprit d'entreprise ».

Les fonctions de l'entrepreneur se situent au carrefour des diverses ressources du système économique (terre, travail, biens d'équipement) et des attentes des consommateurs sur le marché des biens et des services. L'entrepreneur réunit les divers facteurs de production au sein de son entreprise, c'est-à-dire les diverses catégories de travailleurs (ouvriers, employés, cadres) auxquelles s'ajoutent les biens d'équipement (les machines). Il élabore les caractéristiques du produit avant de le commercialiser sur les marchés. Il préside à la réalisation technique du produit, c'est-à-dire qu'il dirige les travaux des agents salariés qui l'assistent dans la création de la production.

L'homme du changement économique

La fonction entrepreneuriale peut prendre des aspects variés. L'économiste français Jean-Baptiste Say évoque l'existence d'entrepreneurs dans l'agriculture, tels le propriétaire foncier qui met lui-même en valeur son exploitation, ou le fermier, qui travaille la terre d'autrui. Il en est de même en matière commerciale : le négociant qui achète en France, ou à l'étranger, des denrées pour les revendre sur le marché national est, pour Say, un entrepreneur d'industrie commerciale. La nature du métier d'entrepreneur n'est pas seulement liée à la transformation de matières brutes en produits finis.