Éducation (suite)
Si les dépenses d'éducation apparaissent comme l'une des clés de la réussite sur le plan individuel ou dans le cadre de l'entreprise, la formation des hommes est un des facteurs de la croissance économique des économies nationales. Les études relatives aux origines de la croissance durant les Trente Glorieuses mettent en avant l'importance de l'éducation dans le niveau de productivité atteint par le travail humain. L'Américain Edward Denison, dans The Sources of Economic Growth in the United States (1962), identifie les origines de la croissance économique américaine sur la période 1929-1957 à l'augmentation de la production due aux transformations quantitatives et qualitatives affectant les facteurs de production. En ce qui concerne le facteur travail, Denison ajoute aux variations quantitatives de la main-d'œuvre (augmentation de la population active) un paramètre qualitatif, mesuré par le niveau d'éducation. Plus récemment, certains économistes ont montré que la croissance économique était soutenue par l'intervention de l'État. Certains investissements publics, sous forme d'infrastructures, de dépenses d'éducation ou de recherches fondamentales, sont à l'origine d'une augmentation de la production nationale.
Un facteur décisif pour l'ensemble du processus de développement
De même que l'éducation concourt à la croissance économique des pays industrialisés, de même elle est l'une des sources du développement des nations du tiers-monde. Le développement se définit comme l'ensemble des changements culturels et sociaux qui conditionnent la croissance des ressources, biens et services, nécessaires au bien-être des populations. Pour l'économiste français François Perroux, le développement suppose de nourrir, de soigner et d'instruire les hommes. L'éducation constitue alors l'un des piliers du développement. C'est à ce titre que l'indicateur de développement humain (IDH), qui permet le classement des nations en fonction de leur niveau de développement, retient comme variable essentielle le niveau d'instruction, défini par le taux d'alphabétisation des adultes et la moyenne des années d'études.
L'éducation agit sur le changement social en transformant les représentations collectives qui peuvent constituer un obstacle au développement économique. Ainsi, certains pays d'Afrique ayant mis en place des programmes de développement économique et social, fondés notamment sur la scolarisation des filles, connaissent une baisse de leur fécondité. Au Kenya, l'indicateur conjoncturel de fécondité (nombre moyen d'enfants par femme) est passé de 7,9 enfants par femme en 1977 à 5,4 en 1993. L'éducation est également à l'origine de la démocratisation des structures sociales, nécessaire au développement. L'élévation du niveau d'instruction moyen permet la mobilité professionnelle, géographique et sociale, qui, à son tour, entraîne l'économie vers le progrès. De surcroît, l'éducation des populations instaure les conditions nécessaires à l'émergence et à la durabilité de la démocratie politique. Il ne peut exister de démocratie pluraliste là où les populations ne peuvent manifester le droit de suffrage.
J. - C. D.
➙ Capital humain, croissance, développement, (F.) Perroux, PIB, productivité