La richesse d'un individu ou d'un pays exprime, généralement en termes monétaires, ses revenus mais aussi l'accumulation de ceux-ci sous forme de patrimoine.
La richesse n'est pas seulement un état, c'est aussi un flux. Telle ou telle activité est « créatrice de richesses » lorsqu'elle contribue à la croissance économique, par exemple par le développement des exportations. Produire de la valeur ajoutée, c'est créer de la richesse. Le produit intérieur brut (PIB), qui exprime l'ensemble de la valeur ajoutée d'un pays (salaires, revenus du capital), est souvent synonyme de « richesse nationale ».
La richesse peut se mesurer de diverses manières. Selon les critères utilisés, les résultats peuvent être sensiblement différents. Ainsi, en 1998, l'INSEE a établi un classement des 196 régions d'Europe en se fondant sur leur produit intérieur brut. En tête de ce hit-parade figurait l'Île-de-France (2 178 milliards de francs) devant la Lombardie et le Grand Londres. Cependant, si l'on s'intéresse au PIB par tête, autrement dit à la richesse nationale rapportée au nombre d'habitants, l'Île-de-France apparaît en sixième position, loin derrière le Luxembourg, qui se place en tête. Pour faciliter les comparaisons entre ses membres, l'Union européenne a mis au point le SPA (standard de pouvoir d'achat), qui prend en considération les écarts de prix des biens et des services.
Des fourchettes de 1 à 85
L'origine des richesses a beaucoup évolué au cours de l'histoire économique. Dans les sociétés traditionnelles, celles-ci étaient largement fondées sur la terre et la production agricole, les échanges marchands et les savoir-faire artisanaux. Au début de la révolution industrielle, ce sont les gisements de matières premières qui sont apparus comme les fondements du développement économique. Aujourd'hui, ces « richesses naturelles » ne semblent plus jouer un rôle aussi essentiel. L'accumulation de capital, grâce à l'investissement, et le progrès technique contribuent très fortement à la création de richesse ; les échanges internationaux y participent aussi, de même que l'évolution continue du niveau de formation et d'éducation de la population. L'exemple du Japon, pays sans richesses naturelles devenu en trente ans la deuxième puissance économique du monde, illustre cette mutation.
La problématique de la richesse porte non seulement sur sa création mais aussi sur sa répartition. Elle est très inégalitaire au niveau mondial. Selon l'économiste Angus Maddison, l'écart entre le pays le plus riche et le pays le plus pauvre, qui était de 1 à 3 en 1820, se situe aujourd'hui dans une fourchette de 1 à 72. Si l'on s'intéresse aux ménages français, on constate que les écarts varient de 1 à 6 pour les revenus mais vont de 1 à 85 si l'on prend en compte le patrimoine.
Reste à savoir si la richesse d'un pays ou d'une communauté humaine doit forcement et uniquement s'exprimer en termes monétaires strictement mesurables. Depuis les années 1970, on essaie de mettre au point des indicateurs pour mesurer des dimensions plus qualitatives, comme la répartition des revenus, la participation des citoyens à la vie publique ou la qualité du lien social. La sociologie a mis en évidence que la richesse d'un individu est aussi constituée d'atouts immatériels comme la culture, l'accès à l'information et le réseau relationnel
J.-M. N.
➙ Inégalités, patrimoine, pauvreté, (A.) Smith