Théorie élaborée par Karl Marx, analysant la nature et les contradictions du capitalisme.
Les principales origines du marxisme sont la philosophie allemande (celle de Hegel en particulier), la pensée socialiste française (Cabet, Fourier, Proudhon, Louis Blanc...) et l'économie politique anglaise (Smith, Ricardo...) : la première amena Marx à envisager le capitalisme dans son histoire et à en étudier les forces antagonistes ; la deuxième le sensibilisa à la misère ouvrière, attribuée à la propriété privée des moyens de production ; la troisième l'initia à la théorie économique de la valeur, des prix et des revenus.
Selon Marx, le capitalisme connaît une opposition irréductible entre deux classes : la bourgeoisie, propriétaire des usines, et le prolétariat, ne possédant que sa seule « force de travail », dont l'utilisation est la cause unique de la valeur des marchandises. La bourgeoisie « exploite » le prolétariat en lui extorquant une « plus-value », qui rémunère les propriétaires du « capital ». En effet, selon Marx, les capitalistes versent à leurs ouvriers un salaire qui leur permet juste de « reproduire » leur force de travail (c'est-à-dire acheter de quoi se nourrir, se vêtir, se loger...), salaire inférieur à la valeur des marchandises qu'ils produisent.
Marx pense que le capitalisme est miné par plusieurs contradictions.
• Il considère que l'accumulation du capital s'accompagne d'une augmentation de la part des machines par rapport à celle du travail (afin d'accroître la productivité) ; mais, comme la plus-value ne provient que du seul usage de la force de travail, le taux de profit rémunérant le capital (rapport entre la plus-value et le capital engagé) tend à diminuer. Ce processus peut être freiné par la baisse des salaires (mais ils ne peuvent être inférieurs au niveau de subsistance) ou par des gains de productivité (mais ceux-ci provoquent aussi la baisse de la valeur des marchandises produites, puisqu'elles nécessitent moins de temps de travail).
Cette « loi de la baisse tendancielle du taux de profit » condamne à terme le capitalisme, car les entrepreneurs finiront par ne plus investir si le taux de profit devient trop faible, ou ils chercheront à réduire encore les salaires et provoqueront un soulèvement ouvrier.
• Une autre contradiction menace le capitalisme. Elle provient de l'écart croissant entre la valeur totale des marchandises produites et l'ensemble des salaires distribués.
Marqué par cette double contradiction, le capitalisme ne peut, pour les marxistes, que traverser des crises de plus en plus violentes, dont la classe ouvrière supporte l'essentiel des effets, à travers la hausse du chômage et l'instabilité de ses revenus. Cela devrait conduire à la remise en cause du système et à son remplacement par une société sans classes, où l'essentiel des moyens de production et d'échange aurait été collectivisé.
P. B.
➙ Capitalisme, classe sociale, économies socialistes, plus-value, profit