Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
N

Nord-Sud

Division de l'ensemble des pays formant l'économie mondiale en deux parties relativement homogènes : les pays industrialisés situés, pour l'essentiel,dans les zones tempérées de l'hémisphère Nord ; les pays moins avancés localisés dans les zones tropicales et équatoriales.

La terminologie Nord-Sud a pris le pas, dans les années 1990, sur des expressions comme pays développés-pays sous-développés ou en voie de développement, centre-périphérie, ou tiers-monde. La référence géographique, bien qu'imparfaite (l'Australie et la Nouvelle-Zélande font partie du Nord ; les pays de l'ex-bloc soviétique ont une place imprécise), permet de gommer les oppositions entre deux blocs (politiques) : Nord et Sud sont les deux grandes composantes d'une économie mondiale unique mais différenciée.

Alors que les termes « centre-périphérie » par exemple faisaient référence à une opposition d'intérêts, Nord-Sud fait appel à l'idée de coopération (plutôt que d'aide) entre des nations d'économies (production de biens sophistiqués/production de biens primaires), de cultures et de statuts différenciés, mais non hiérarchisés. Cette rhétorique, qui imprègne largement le discours des organisations internationales, tend à promouvoir un modèle unique de coopération, concentrée sur trois domaines : l'intégration au marché mondial, la lutte contre la pauvreté et l'accès à la bonne gouvernance (démocratie, rigueur financière, lutte contre la corruption)

B. L.

➙ Aide au développement, développement, pays émergents, tiers-monde

North (Douglass C.)

Historien américain (né en 1920), à l'origine de la nouvelle histoire économique. Prix Nobel de sciences économiques 1993.

Ses travaux ont importé en histoire la méthodologie et les concepts issus de la théorie économique néoclassique. S'intéressant notamment aux institutions, il les a analysées à travers les concepts de droits de propriété et de coûts de transaction (Institutions, Institutional Change and Economic Performance, 1990)

P. U.

➙ (O. E.) Williamson

Notation

Les agences de notation (en anglais, rating) sont des sociétés donnant des notes sur la qualité des emprunts émis par des personnes morales (qui peuvent être des États, des villes ou des entreprises).

Ces notes donnent aux souscripteurs potentiels des informations sur le niveau de risque qu'ils prennent.

Les trois agences les plus connues sont les deux américaines Standard & Poor's et Moody's et l'européenne Fitch-IBCA. Elles mesurent les risques de plus de 10 000 emprunts lancés par des entreprises ou des États. Les investisseurs intéressés, ne pouvant faire un choix devant la multiplicité des emprunts, se réfèrent aux notes attribuées par les agences.

Le pouvoir de ces firmes de notation a grandi en parallèle avec la croissance ininterrompue des transactions sur les marchés financiers, qui avoisinent quotidiennement les 1 300 milliards de dollars. Les décisions de la centaine de gérants des plus grands fonds de placement internationaux (américains, japonais, britanniques, suisses, allemands et français) se prennent à partir de ces notes. Lors de la crise asiatique de l'été 1997, il a été reproché aux agences de rating (notation) d'avoir donné, sur la foi des performances passées, des notes flatteuses à des emprunteurs, par exemple thaïlandais, qui se sont révélés fragiles

D. G.

Notionnel

Contrat phare du MATIF, permettantde réagir à l'évolution des taux d'intérêtà long terme.

C'est un emprunt fictif à taux fixe, constitué sur la base d'un panier de différentes obligations du Trésor. Un contrat à terme est un engagement à acheter ou à vendre une quantité d'instruments financiers (bons du Trésor, taux de change...) dont la livraison est différée dans le temps (selon des échéances trimestrielles), à un prix convenu d'avance

D. G.

➙ Bons du Trésor, MATIF

Nouvelle école classique

Courant de pensée développé dans les années 1970 et visant à prolonger le renouveau libéral au-delàdu monétarisme.

Le chef de file de cette école, Robert Lucas, héritier de Milton Friedman, a été récompensé par le prix Nobel en 1995. Revisitant la macroéconomie avec l'hypothèse d'anticipations rationnelles, les nouveaux classiques veulent faire apparaître les déséquilibres apparents de l'économie (chômage, cycle) comme le résultat de choix individuels rationnels, seulement soumis à un problème d'imperfection de l'information.

Avec la théorie du cycle réel et la théorie de la croissance endogène, les nouveaux classiques proposent une nouvelle analyse de la dynamique économique. Selon eux, les chocs réels sur l'économie (telle l'innovation technologique) permettent de rendre compte de la trajectoire des économies sans faire intervenir une responsabilité de la monnaie, comme l'avaient fait Fisher, Hayek ou Friedman.

La critique des nouveaux classiques porte surtout sur la politique économique. L'interventionnisme keynésien est remis en cause par le fait que les réactions des agents privés aux plans de relance annoncés par l'État leur ôtent toute efficacité (une relance budgétaire, signifiant un creusement du déficit public, conduit les ménages à épargner plus en prévision des impôts futurs pour éponger la dette publique). De plus, ces politiques discrétionnaires (c'est-à-dire voulant corriger les déséquilibres conjoncturels) poseraient des problèmes de crédibilité et de cohérence des décisions dans le temps.

Par contre, l'État pourrait jouer un rôle favorable à la croissance en aidant les investissements

P. L.

➙ Économie mixte, (J. M.) Keynes, keynésianisme, (F. A. von) Hayek, libéralisme économique, rationalité, jeux

Nouvelle Économie

Nom donné à la situation caractérisant l'économie américaine à l'approche du xxie siècle.

La croissance ininterrompue de l'économie américaine depuis plus de neuf ans intrigue les économistes. Elle semble en effet contredire la théorie classique sur plusieurs points. Primo, contrairement au passé, aucun cycle de récession ne semble se profiler après ce cycle de croissance exceptionnellement long. Secundo : le taux de chômage très bas – inférieur au Nairu (Non Accelerating Inflation Rate), qu'on situait à 5 % – n'a pas entraîné d'augmentation de l'inflation.