Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
P

le Protecteur

Film policier de Roger Hanin, avec Georges Géret, Bruno Cremer, Jean-Paul Tribout, Roger Coggio, Manuel de Blas, Robert Hossein, Roger Hanin, Jean Servais.

Pays : France et Espagne
Date de sortie : 1974
Technique : couleurs
Durée : 1 h 30

Résumé
Un riche architecte dont la fille a disparu fait lui-même son enquête. Il s'infiltre chez les proxénètes, met en émoi le milieu, mais ne réussira pas à sauver sa fille.

Providence

Comédie dramatique d'Alain Resnais, avec Dirk Bogarde (Claud), sir Arthur John Gielgud (Clive), Ellen Burstyn (Sonia), David Warner (Kevin), Elaine Stritch.

Scénario : David Mercer
Photographie : Ricardo Aronovitch
Décor : Jacques Saulnier
Musique : Miklos Rozsa
Montage : Albert Jurgenson
Production : Action Films, SFP, FR3, Citel Films
Pays : France
Date de sortie : 1977
Technique : couleurs
Durée : 1 h 50
Prix : César du meilleur film (1977)

Résumé
Tout repose sur l'affabulation d'un écrivain âgé et malade qui, pendant une nuit d'ivresse solitaire, entremêle des fantasmes de vieillard à des situations, réelles ou imaginaires, mettant en scène les membres de sa famille et leur entourage. Ce jeu créatif est d'abord relativement clair : il y a le souvenir du suicide de sa femme, un procès qui oppose ses deux fils, Claud et Kevin, des gens parqués dans un stade, des exécutions sommaires par des miliciens, la hantise de la décrépitude et de la mort… Puis la mécanique se détraque, en même temps que la nuit avance : ne subsiste plus alors qu'une mosaïque incertaine de lieux et de visages. Au matin, les principaux protagonistes se retrouvent pour un repas d'anniversaire dans le jardin de la villa de l'écrivain.

Commentaire

Un jeu avec la mort
Providence est un film gigogne, caractéristique de la démarche d'Alain Resnais. Le titre par lui-même est équivoque : il désigne à la fois la résidence du narrateur, un écrivain en quête de personnages, et sans doute le titre de son dernier roman, mais aussi un nom de ville, celle où vécut H.P. Lovecraft, auteur fantastique très prisé du cinéaste (quelques plans du film y ont été tournés) ; on peut penser enfin au concept chrétien de prédestination ou, en extrapolant, à la notion de création artistique, dont nous est exposé ici le processus, aléatoire et douloureux. Un film se fait et se défait sous nos yeux, les acteurs ne sont que des pantins dont un magicien sarcastique tire les ficelles, la crédibilité, l'identification, l'émotion sont sans cesse déjouées ; certains décors sont en trompe l'œil, les scènes s'emboîtent mal, les actions se chevauchent dans l'esprit embué d'un démiurge facétieux, tel personnage (celui du footballeur perdu, par exemple) semble sorti du théâtre de l'absurde.

   N'y a-t-il donc là qu'une « comédie macabre » (comme le suggère Resnais lui-même), un puzzle dérisoire ? Peut-être, mais doublés d'une amère réflexion sur la mort, les dédales de la création, la confusion des sentiments. Ce jeu poignant rejoint ceux de l'Année dernière à Marienbad, l'Amour à mort et Mélo, notamment. Comme toujours chez Resnais, c'est la forme du film qui lui donne sa cohérence. Le cinéaste joue en virtuose sur l'énigme des lieux, le sortilège des objets, les végétations insolites. La caméra sculpte des ombres, les images sont trempées dans un bain de surréalisme. La musique de Miklos Rozsa, spécialiste des superproductions, confère à cette fable intimiste des accents d'oratorio funèbre. Et l'interprétation, étrangère à quatre-vingt-dix pour cent, ajoute au dépaysement (les acteurs anglais ont été doublés dans la VF par François Périer, Claude Dauphin, Gérard Depardieu, Suzanne Flon). « Tout cela donne beaucoup à rêver. Tout cela est profond et beau » (Claude Mauriac). Providence n'en fut pas moins un rude échec commercial.

la Provinciale

Chronique de Claude Goretta, avec Nathalie Baye, Angela Winkler, Bruno Ganz.

Pays : France et Suisse
Date de sortie : 1980
Technique : couleurs
Durée : 1 h 50

Résumé
Une jeune femme vient tenter sa chance à Paris. Elle n'y rencontre que désillusions et humiliation et regagne alors sa Lorraine natale.

Psaume rouge

Még kér a nép

Drame de Miklós Jancsó, avec Lajos Balázsovits (le jeune officier), András Balint (le comte), Gyöncyi Buros (la jeune paysanne), Andrea Dahota (la militante), József Madaras (Hegedüs), Tibor Molnár (Csuzdi), Bartalan Solti (le vieux).

Scénario : Gyula Hernádi
Photographie : János Kende
Décor : Tamás Banovich
Musique : Ferenc Sebo, Tamás Cseh
Pays : Hongrie
Date de sortie : 1972
Technique : couleurs
Durée : 1 h 28
Prix : Prix de la mise en scène, Cannes (1972)

Résumé
La plaine hongroise, à la fin du XIXe siècle. Des ouvriers agricoles, las de l'oppression qu'ils subissent, se révoltent contre leurs seigneurs et attendent la réponse à leurs revendications en danse et en musique. Chantages, menaces des gendarmes, rien n'y fait. C'est alors que les soldats, qui s'étaient mêlés à la foule, l'encerclent soudain et tirent. Massacre général. Pourtant, l'heure de la vengeance viendra tôt ou tard.

Commentaire
Film d'un lyrisme révolutionnaire évident et communicatif, qui sonne comme un immense poème d'images et d'émotions. Une mise en scène, des couleurs, une chorégraphie sans faille.

Psy

Comédie de Philippe de Broca, avec Patrick Dewaere, Anny Duperey, Michel Creton.

Pays : France
Date de sortie : 1980
Technique : couleurs
Durée : 1 h 40

Résumé
Un psychologue, ancien de « 68 », conduit des psychothérapies de groupe à la campagne, jusqu'au jour où son passé amoureux et militant se rappelle brutalement à son bon souvenir.

Psychose

Psycho

Film policier d'Alfred Hitchcock, avec Anthony Perkins (Norman Bates), Janet Leigh (Marion Crane), Vera Miles (Lila Crane), John Gavin (Sam Loomis), Martin Balsam (Milton Arbogast), John McIntire (shérif Chambers), Simon Oakland (Dr Richmond), Frank Albertson (Tom Cassidy).

Scénario : Joseph Stefano d'après le roman de Robert Bloch
Photographie : John L. Russell
Décor : Joseph Hurley, Robert Claworthy, George Milo
Musique : Bernard Herrmann
Montage : George Tomasini
Production : A. Hitchcock (Paramount)
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1960
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 49

Résumé

Employée dans une agence immobilière, Marion dérobe 40 000 dollars à son patron dans un mouvement irraisonné et s'enfuit de la ville. À la nuit, elle arrête son auto dans un motel désert, tenu par un jeune homme étrange, Norman, qui vit en compagnie de sa vieille mère invisible (on l'entend crier). Alors qu'elle prend sa douche, Marion est assassinée par la vieille. Mais elle est recherchée par son amant, et par sa sœur Lila, et aussi par le détective de la compagnie d'assurances. Ce dernier se rend au motel où il est tué à son tour. En fouillant la maison, Lila échappe de peu à la mort… et démasque la folie de Norman.

Commentaire

Un faux film d'épouvante

Produit par Hitchcock pour 8 000 dollars, le film en rapporta (du vivant du metteur en scène) 13 millions. Tourné avec une équipe rapide de télévision, il n'en est pas moins typique de son auteur (dialogue réduit, jeu sur les nerfs du spectateur…) et, selon lui, « appartient aux cinéastes plus que tous les films que j'ai tournés ». Il marque toutefois un écart dans la carrière de Hitchcock : il n'y a pas de personnage central, et la caméra ne peut proposer au spectateur l'identification partielle qui était sa règle. Aussi Psychose s'impose d'abord par sa virtuosité technique (le meurtre sous la douche, la découverte de la mère) et par le malaise que créent des passages plus lents (l'errance de Marion dans sa voiture, le plan autour de son cadavre).

   L'immense succès du film tient à un malentendu : sous la défroque de l'épouvante, on retrouve quelques-unes des obsessions majeures du cinéaste : le voyeurisme et le meurtre se substituant l'un à l'autre, le rapport à l'argent fatal mais obscène, l'Œdipe inguérissable. La simplicité du prétexte (un fait divers) accentue le caractère mythologique de ces thèmes. Aussi, l'action terminée, les scènes finales relèvent du constat scientifique. L'interprétation hallucinante d'Anthony Perkins le rendit célèbre, mais figea sa carrière.