Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
B

la Belle Ensorceleuse

The Flame of New Orleans

Comédie de René Clair, avec Marlene Dietrich, Bruce Cabot, Roland Young, Micha Auer.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1941
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 18

Résumé
La double personnalité d'une aventurière de La Nouvelle-Orléans qui, sur le point d'épouser un riche banquier, s'éprend du capitaine d'un bateau. Le premier film américain de René Clair, qui permet à Marlene de changer de registre.

 
Sidney Salkow signe un remake, intitulé Scarlet Angel, avec Yvonne De Carlo, Rock Hudson, Richard Denning.
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1952
Technique : couleurs
Durée : 1 h 21

la Belle Équipe

Drame de Julien Duvivier, avec Jean Gabin (Jean dit Jeannot), Charles Vanel (Charles dit Charlot), Aimos (Raymond dit Tintin), Viviane Romance (Gina), Micheline Cheirel (Huguette), Raphaël Medina (Mario), Charles Dorat (Jacques).

Scénario : Charles Spaak, Julien Duvivier
Photographie : Jules Krüger, Marc Fossard
Décor : Jacques Krauss
Musique : Maurice Yvain
Montage : Marthe Poncin
Production : Arys, Ciné Arts
Pays : France
Date de sortie : 1936
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 34

Résumé
Cinq copains au chômage Jean, Charles, Mario, Jacques et Tintin gagnent ensemble à la Loterie nationale. Jean suggère qu'ils restent unis pour retaper une guinguette au bord de l'eau ; ainsi, ils seront tous présidents de leur petite République, « Chez nous ». Le travail commence dans l'enthousiasme et se poursuit malgré les obstacles : Gina, l'ex-femme de Charles, réclame « sa part » ; Jacques, secrètement amoureux de la fiancée de Mario, s'exile au Canada. Mario lui-même est sous le coup d'un arrêté d'expulsion. Tintin glisse du toit et se tue. De la « Belle Équipe » seuls subsistent Jean et Charles, que Gina, coquette et vénale, dresse l'un contre l'autre ; l'amitié l'emporte pourtant, les deux hommes renoncent d'un commun accord à Gina, et la guinguette est inaugurée, le jour de Pâques, dans l'allégresse générale. (Dans la fin originale, Gina, repoussée par Jean, se venge en suscitant la jalousie de Charles ; exaspéré par les accusations injustes de son ami, Jean tue Charles).

Commentaire

Le reflet des aspirations d'une équipe
La Belle Équipe est dans doute – avec le Crime de M. Lange, de Jean Renoir – l'ouvrage qui traduit de la façon la plus fidèle et la plus émouvante les aspirations du Front populaire. La réalisation des rêves individuels est subordonnée à celle du projet collectif. Réconciliant le travail et le plaisir, la guinguette « Chez nous » fonde la liberté, car elle permet d'échapper à un double enfermement : celui de Paris, celui de l'exploitation capitaliste. Ne s'agit-il que d'une « belle idée » illusoire ? La fin originale semble le suggérer, et l'aspect utopique du film est renforcé par la double exclusion de la femme, qu'il s'agisse de la virginale Huguette ou de la garce incarnée avec piquant par Viviane Romance. Pourtant, le style de la Belle Équipe est en parfait accord avec son thème, à la fois pastoral et unanimiste. Dès le générique, la mélodie populaire de l'accordéon se marie aux arbres du bord de l'eau, sensuellement filmés en contre-plongée. L'inauguration de la guinguette a lieu le jour de Pâques, avec toutes les implications symboliques de renaissance que cela suppose. À plusieurs reprises, la fête dilue les barrières sociales, le vin délie les langues et dégourdit les jambes. Une œuvre tout à fait réaliste, qui préfigure le cinéma de Claude Sautet, prend alors des accents mythologiques. D'insignifiants pochards se muent en Puck du Songe d'une nuit d'été ou en Bacchus appariant les danseurs. Au sentiment poignant de vérité concourt l'identification des interprètes à leurs personnages, qui portent les mêmes noms qu'eux (Gabin est « Jeannot » comme Vanel est « Charlot »).

la Belle Espionne

Sea Devils

Film d'aventures de Raoul Walsh, avec Yvonne De Carlo, Rock Hudson, Maxwell Reed, Gérard Oury.

Pays : États-Unis et Grande-Bretagne
Date de sortie : 1953
Technique : couleurs
Durée : 1 h 30

Résumé
À l'époque napoléonienne, dans l'île de Guernesey, les aventures d'une belle espionne aimée d'un contrebandier. Gérard Oury est un épisodique Napoléon.

la Belle et la Bête

Drame merveilleux de Jean Cocteau, avec Jean Marais (Avenant, la Bête, le Prince), Josette Day (Belle), Michel Auclair (Ludovic), Mila Parely (Félicie), Nane Germon (Adélaïde), Marcel André (le père), Raoul Marco (l'usurier).

Scénario : Jean Cocteau, d'après le conte de Mme Leprince de Beaumont
Conseiller technique : René Clément
Photographie : Henri Alekan
Décor : Christian Bérard, René Moulaert
Musique : Georges Auric
Montage : C. Héria
Production : André Paulvé
Pays : France
Date de sortie : 1946
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 36
Prix : Prix Louis-Delluc (1945)

Résumé

Un marchand à demi-ruiné vit avec ses trois filles, Félicie, Adélaïde, Belle, et son fils, Ludovic. Belle est entièrement soumise au bon vouloir de ses deux sœurs. Avenant, un ami de la famille, voudrait l'épouser, mais elle se refuse à quitter son père. Celui-ci se perd un jour dans le jardin d'un étrange château où il cueille une rose pour sa fille. Le propriétaire du lieu le surprend : c'est un monstre, mi-homme mi-bête. Il lui promet la mort, à moins que sa fille ne vienne prendre sa place en ces lieux. Le père retourne chez lui, et Belle se sacrifie : elle accepte de se rendre au château. D'abord effrayée par la bête, elle découvrira peu à peu son cœur d'homme.

Commentaire

De l'autre côté du miroir

Ce n'est pas seulement le sujet, adapté d'un conte du XVIIIe siècle, qui rend ce film merveilleux, c'est aussi la façon dont Cocteau écrit un récit avec le cinéma. Tout ici est magie : d'abord les décors où la vie s'immisce au cœur de la pierre (avec la formidable idée des candélabres tenus par des bras nus sortant des murs), ensuite les mouvements (qu'on se souvienne de cette image où Josette Day se déplace dans les corridors sans donner l'impression de marcher, comme « immobile à grands pas »), la lumière, enfin, qui, selon Alekan, « dynamise l'action » (ainsi, quand la porte du château semble s'ouvrir sous la poussée de l'ombre grandissante du père).

   La modernité de Cocteau est sans doute là : dans cette façon qu'il a d'utiliser le réalisme de l'image, continuelle source d'émerveillement du spectateur (sur l'écran, « ce qu'on voit, on le voit », dit le cinéaste), pour nous raconter ou, mieux, pour nous montrer des faits et gestes qui sont du ressort de l'invention poétique. Ainsi, la poésie devient comme le double de notre monde.