Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
L

Loin de Manhattan

Essai de Jean-Claude Biette, avec Jean-Claude Bouvet, Sonia Saviange, Howard Vernon.

Pays : France
Date de sortie : 1981
Technique : couleurs
Durée : 1 h 20

Résumé
Un jeune critique d'art essaie, avec l'aide de son amie, de percer le mystère des années improductives d'un peintre qu'il admire.

Loin du paradis

Far from Heaven

Mélodrame de Todd Haynes, avec Julianne Moore, Dennis Quaid, Dennis Haysbert, Patricia Clarkson, Viola Davis.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 2002
Technique : couleurs
Durée : 1 h 47

Résumé
Nous sommes dans les années 50. Cathy Whitaker est une épouse modèle, maîtresse de maison parfaite, qui fait l'admiration de toute la petite ville de banlieue américaine où elle réside. Le paradis du titre s'effondre lorsqu'elle découvre que son mari, lui aussi apparemment modèle, a une liaison homosexuelle. Séparée, elle tombe alors amoureuse de son jardinier, superbe, mais noir, ce qui, dans le contexte de l'époque, interdit toute relation directe. Elle ne pourra même pas lui avouer son amour. Le film reprend l'intrigue du mélodrame tourné par Douglas Sirk en 1956, Tout ce que le ciel permet, en y abordant des thèmes, l'homosexualité, les relations interraciales, alors impossibles à aborder dans le cinéma hollywoodien. Julianne Moore a obtenu, pour son interprétation de Cathy, l'Oscar 2003 de la meilleure actrice.

Loin du Viêt Nam

Film politique d'Alain Resnais, William Klein, Joris Ivens, Agnès Varda, Claude Lelouch et Jean-Luc Godard, avec 150 comédiens.

Pays : France
Date de sortie : 1967
Technique : Couleurs et NB
Durée : 2 h

Résumé
Un film-manifeste contre la guerre du Viêt Nam, composé de onze courts métrages encadrés par un prologue et un épilogue. Un ensemble disparate mais passionnant.

les Lois de l'hospitalité

Our Hospitality

Film burlesque de John G. Blystone et Buster Keaton, avec Buster Keaton (William McKay), Natalie Talmadge (Virginia Canfield), Buster Keaton Jr. (le bébé), Joe Keaton (Lem Doolittle), Kitty Bradbury (Tante Marie), Joe Roberts (Joseph Canfield).

Scénario : Jean Havez, Joseph A. Mitchell, Clyde Bruckman
Photographie : Gordon Jennings, Elgin Lessley
Décor : Fred Gabourie
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1923
Technique : noir et blanc
Durée : 2 480 m (environ 1 h 32)

Résumé
Vers 1830, en Virginie, deux familles en pleine vendetta. Mais, comme Roméo et Juliette, deux jeunes gens se rencontrent et s'aiment. Tout se gâte quand William se retrouve dans la maison de Virginia. Certes, l'hospitalité est sacrée, mais les frères de la jeune fille n'ont de cesse de faire sortir William pour pouvoir le tuer. Gags de Keaton pour rester à l'intérieur, poursuites échevelées dès qu'il est dehors, jusqu'à ce qu'enfin l'amour l'emporte.

Commentaire
C'est l'un des grands chefs-d'œuvre de Keaton. Tout y porte sa marque, depuis la rigueur logique des péripéties jusqu'à la précision des cadrages. Alors, on rit, parce que les événements qui s'enchaînent sont toujours inattendus ; on rit aussi parce que les objets participent de ce jeu très subtil d'association d'idées et de gestes. Et puis on est heureux parce que l'image est belle, et ce décor naturel dans lequel le héros circule en zigzags rapides vrai et palpable pour nous comme pour lui.

Lola

Mélodrame poétique de Jacques Demy, avec Anouk Aimée (Lola), Jacques Harden (Michel), Marc Michel (Roland), Annie Dupeyroux (Cécile), Élina Labourdette (Mme Desnoyers), Alan Scott (Frankie), Margo Lion (Jeanne), Catherine Lutz (Claire), Corinne Marchand (Daisy).

Scénario : Jacques Demy
Photographie : Raoul Coutard
Décor : Bernard Evein
Musique : Michel Legrand
Montage : Anne-Marie Cotret
Pays : France
Date de sortie : 1961
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 30

Résumé
Lola, danseuse de cabaret à Nantes, attend depuis sept ans le retour de Michel, le père de son enfant, parti chercher fortune. Ce matin-là, Jeanne, la patronne d'un café, croit avoir aperçu Michel en ville, au volant d'une somptueuse voiture. Lola retrouve par hasard Roland, un ami d'enfance, passionnément amoureux d'elle. Roland, incapable de conserver un emploi, rêve d'aventures et de pays lointains et a accepté une affaire louche pour pouvoir partir en Afrique du Sud. Il restera à Nantes si Lola accepte de vivre avec lui. Mais Lola aime toujours Michel. Même si, un soir, elle se donne à Frankie, un matelot américain, parce qu'il ressemble à Michel. Lola fait croire à Roland qu'elle part le lendemain pour l'Amérique avec Frankie, puis elle lui avoue la vérité : elle lui avait menti pour qu'il ne se sacrifie pas pour elle. Roland se remet alors à espérer. Mais, retournant au café de Jeanne, il apprend que Michel est bel et bien revenu. Michel et Lola se retrouvent et s'en vont dans la belle automobile avec leur enfant. Ils croisent Roland, seul avec sa valise.

Commentaire

Un conte de fées doux-amer
Lola est le premier long métrage de Jacques Demy, alors âgé de vingt-neuf ans. C'est un hommage avoué à Max Ophuls, notamment à la Ronde, à travers ce recours systématique aux coïncidences, aux ressemblances, aux fausses reconnaissances. En pleine explosion de la Nouvelle Vague, Demy réhabilite un certain réalisme poétique, une merveilleuse version mélo, aux antipodes du cinéma tranche de vie alors en vogue. À sa sortie, certains critiques ironisèrent d'ailleurs sur ce côté destin, fatalité, sentimentalisme facile, très « avant-guerre ». Aujourd'hui, au contraire, Lola apparaît à beaucoup comme le meilleur film de Jacques Demy. Précisément à cause de ce climat de liberté poétique, de douce ironie, de danse de personnages ballottés par le hasard. La photographie de Raoul Coutard, fluide, aérienne, y est pour beaucoup, ainsi que cette vision d'un Nantes magique, où les rues, les cafés, sont les lieux d'un conte de fées doux-amer.

   La cohérence de Lola est celle de l'imaginaire, du rêve, de l'enchantement. Bref, du romanesque pur. Pris par la main, emporté par la ronde des coïncidences, le spectateur pleure, s'émerveille, s'étonne, applaudit, loin de tout souci de vraisemblance, de réalisme. Il faut parler de grâce, de charme, d'un monde en proie au souvenir, d'un carrousel réglé par les entrées et les sorties, les apparitions des protagonistes – au premier rang desquels Anouk Aimée, toute d'élégance et de fausse désinvolture, Anouk Aimée et son visage lumineux où se reflète un film qui veut à tout prix croire au bonheur.